Toute l’âme d’Alexandra David-Néel
Il y a près de dix ans, l’exploratrice Alexandra David-Néel a bénéficié d’une exposition hommage, et découverte pour beaucoup, au sein du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes. En 2017, c’est à Paris au musée Guimet que vous pouvez découvrir l’incroyable parcours d’une femme exceptionnelle.
Pendant cette bataille électorale inédite, il n’est pas inutile de mettre en exergue des hommes et des femmes hors normes, remarquables, exceptionnels. Retour sur l’exposition au Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, car ce fut sans doute la plus surprenante de cette première décennie du XXIème siècle, l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Valenciennes intitulée « Art sacré du Tibet. Voyage avec Alexandra David-Néel », fut sans précédent.
L’histoire de cette aventurière du bout du monde fut présentée à travers une scénographie comme un dialogue entre les collections d’art tibétain des 18ème et 19ème siècles, issues des musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles, et les récits de voyage de la célèbre exploratrice française !
Fondation Alexandra David-Néel Alexandra David-Néel : son seul nom sonne comme un défi, et pour cause. En 1924, l’exploratrice fut la première Occidentale en entrer dans la Cité interdite de Lhassa, au Tibet, déguisée en mendiante et au terme d’un périple éprouvant. D’ailleurs le terme d’exploratrice est-il bien en deçà de la vérité. Car Alexandra David-Néel, née en 1868 et décédée en 1969, peu de temps après avoir fait renouveler son passeport à destination du Tibet (elle était alors plus que centenaire !), fut également écrivain, reporter-photographe, géographe, linguiste, une orientaliste de terrain saluée comme la spécialiste du genre (et pas seulement dans les salons parisiens), parlant tibétain, lisant le sanskrit et initiée aux plus hauts niveaux des rites sacrés par les yogis eux-mêmes…
Une vie, un mythe, c’est ce parcours légendaire, jalonné de non moins étonnantes rencontres (Alexandra David-Néel voyagea longtemps avec le lama Yongden qui, outre son guide attitré, devint son fils adoptif en 1929), que retrace la partie de cette exposition située dans la crypte du musée. Agendas rédigés de sa main, passeports (l’on notera au passage la taille de la grande dame, qui affronta seule ou presque les étendues glacées du Tibet : 1,56 m !) sans oublier de longs extraits des lettres envoyées à son mari Philippe Néel (Alexandra David-Néel ne tint jamais de carnets de voyage, et cette correspondance est ce qui sen rapproche le plus) : tous ces documents nous plongent au cours de la quête spirituelle menée par l’exploratrice pendant plus de quarante ans. Au rez-de-chaussée, dans la salle d’exposition temporaire, les bronzes et autres sculptures représentant des divinités redoutables d’aspect (et pourtant tout à fait bénéfiques ; il s’agissait bien davantage de protéger la religion bouddhiste en y associant des figures terribles) côtoient les thang-ka, des peintures sur étoffe évoquant des scènes religieuses, et autres mandales, ces figures géométriques inscrites dans des cercles et dont la réalisation s’associe à une forme de méditation que seuls peuvent pratiquer les moines initiés…
Autant de pièces issues des collections des musées royaux de Bruxelles, dont le conservateur Miriam Lambrecht a logiquement intégré le commissariat de l’exposition, aux côtés de Philippe Beaussart, directeur du service archéologique de Valenciennes, Joëlle Désiré-Marchant, cartographie à l’université de Picardie à Amiens et Franck Tréguier, directeur de la fondation Alexandra David-Néel de Digne-les-Bains. Préfacée par le Dalaï-lama lui-même – et par ailleurs émaillée de citations de l’exploratrice dont la devise était « Marche à l’étoile, même si elle est trop haute », cette exposition se conclut sur la déclaration de Tenzin Gyatso (son véritable patronyme) au Parlement européen, le 24 octobre 2001. Le Dalaï-lama y faisait état de l’actuelle situation culturelle, humaine et politique du Tibet, victime de la colonisation chinoise. « Il ne s’agit pas de lancer le débat », avertit Philippe Beaussart. « Nous sommes tenus au devoir de réserve. En revanche, il faut conclure en rappelant que le Tibet mythique, celui dépeint par Alexandra David-Néel, n’est plus. » Tout comme une certaine idée de la spiritualité, d’ailleurs…
Plus d’infos sur www.alexandra-david-neel.com