Le CIV, entreprise pour le numérique utile !
Data Center, une expression qui fleure bon les préjugés, voire les fantasmes où une cohorte de geeks serait enfermée dans un lieu, armée jusqu’aux dents, pour protéger des outils informatiques… Que nenni, un Data Center est un espace partagé par des serveurs informatiques/clients redéployés au sein d’un seul lieu, sécurisé, d’une remarquable efficience énergétique parfois, et complètement adapté aux besoins de l’informatique en continu.
(Visuel Jérémy Cousin, co-directeur de l’entreprise CIV)
Le CIV, un Data Center, économe, écologique, éco-responsable dans le Valenciennois !
Depuis un an sur le site des Rives Créatives de l’Escaut, l’entreprise CIV s’est installée sur cette ancienne friche industrielle. Ce n’est pas un nouveau bébé dans le monde de l’entreprise. « Elle est née, il y a 43 ans. Mon père s’est lancé dans les métiers de l’électricité et de frigoriste. Aujourd’hui, nous faisons toujours la même chose, mais nous avons ubérisé notre propre emploi », souligne le co-dirigeant de l’entreprise CIV.
Quel est le rapport entre le métier de frigoriste et un Data Center, un centre de données informatiques en clair ?
L’outil informatique, et ses fameux serveurs, est à la fois énergivore, et consommateur d’espace physique. Dans chaque entreprise, le comportement habituel est la mise en place d’une salle dédiée aux serveurs informatiques. Espace dont l’obligation est d’être doté d’un système de froid pour maintenir les outils informatiques/serveurs dans les conditions requises de fonctionnement. C’est aussi répandue que la pause clop, un ancrage dans l’entreprise autant physique que logistique sauf que… Aujourd’hui, un Data Center vous propose de rapatrier les serveurs au sein d’un outil ultra performant, tant en sécurisation, que dans les conditions de froid, d’où l’activité première de frigoriste, pour maintenir les données informatiques. « En fait, une entreprise, une collectivité locale ou territoriale, loue un espace de 1,44 M2 pour installer ses serveurs. Elle a accès sur le site du CIV, 24h/24, 7J/7 voire à distance grâce à des lunettes connectées. Notre travail est de fournir les meilleures conditions aux clients pour son besoin informatique », précise Jérémy Cousin. Toutefois, l’analyse de ce chef d’entreprise de 42 ans, co-dirigeant avec son frère Sébastien, 43 ans, ne s’arrête pas au service partagé rendu au client. Celui fourni à la planète n’est pas moins important car le CIV mutualise le besoin informatique, virtuel et physique !
La première mission que s’est fixée cette entreprise est de convaincre ses propres clients. En effet, cette société quadragénaire dans les métiers de l’électricité/frigoriste travaille son portefeuille client de maintenance sur site. Pourquoi ne pas transférer l’outil informatique chez CIV ? « Aujourd’hui, 1% de nos clients ont fait ce choix. Nous espérons monter en puissance sur ce sujet, car cela représente moins de déplacement, moins de dépense énergétique pour une entreprise », précise-t-il. L’empreinte écologique est importante pour cette co-direction nordiste, et fière de l’être, et à plus d’un titre… !
Jérémy Cousin : « Le numérique, c’est la nouvelle bombe »
Il faut se rendre compte que le numérique consomme du CO2, un mail, une pièce jointe etc. « Lorsque vous êtes fier de dire que toutes vos lampes sont des LED à votre domicile, pendant que votre enfant passe 10 minutes sur Youtube, c’est pire en énergie consommée », explique-t-il. Oui, « le numérique, c’est la nouvelle bombe. Le principe de la Smart/City où un message va vous indiquer que votre maison ne consomme (quasiment) rien, alors que cette énergie est transférée vers le Data Center », lance-t-il. Cela laisse penseur face à notre mode de consommation surabondante du numérique, du smartphone en passant par la tablette… ! En chiffre, la consommation internet « mondiale nécessite 40 centrales nucléaires, il en existe 19 en France actuellement », assène-t-il…, c’est Brice de CIV ! Bref, le message n’est pas de freiner une tendance à la dématérialisation, mais son utilisation plus rationnelle.
CIV, pourquoi dans le Valenciennois ?
L’explication est très pragmatique. « Nous avons depuis 2008/2009 un site sur Sainghain-en-Mélantois. Ensuite, nous voulions nous installer sur le Valenciennois. Nous sommes venus sur un site complètement fibré par la CAVM. De plus, Valenciennes Métropole a installé un système de géothermie sur l’ensemble de cette ancienne friche industrielle, un dispositif que nous n’avons pas trouvé sur Lille, car nous rentrons dans cette boucle énergétique », précise Jérémy Cousin. C’est d’ailleurs un élément structurant et vertueux de la réflexion énergétique de la CIV.
En effet, l’énergie au sein d’une entreprise voire d’une collectivité « est mal utilisée. Je souhaite proposer des économies sur ce thème pour les entreprises ou les collectivités », précise le chef d’entreprise. Premièrement, sur l’espace consommé dans une entreprise, il n’y a plus besoin d’aménager une salle spécifique avec un système de refroidissement très calorique, trop énergivore. Le Data Center dernière génération, comme le site du CIV sur Anzin, constitue l’outil adéquat afin de récupérer de l’espace à d’autres fins, et surtout d’externaliser la mise en sécurité de ses serveurs sur un site garantissant la sécurité des systèmes d’informations.
Autre axe fort de cette entreprise écologique, le choix « du recyclage de l’énergie. Notre système de refroidissement utilise l’air capté à l’extérieur, en mode freecooling, pour refroidir nos salles dédiées aux systèmes d’informations. C’est l’avantage de se situer dans les Hauts-de-France, et pas à Marseille avec plusieurs degrés en plus. De fait, nous n’avons que quelques mois par an besoin de refroidir notre outil de refroidissement », poursuit-il. Justement, durant cette période, l’entreprise CIV a déposé un dossier auprès du Feder/Europe, sur la thématique environnement, afin de bénéficier d’un soutien financier pour réaliser un outil de fabrication de glace. » En somme, avec du soleil, cet appareil fabrique de la glace. Nous avons déjà cet équipement sur le Lillois« , indique-t-il… et avec le soutien de fonds européen…. A défaut de distribuer des croissants et des selfies, l’Europe distille des fonds pour le développement de l’entreprise dans les Hauts-de-France !
Ensuite, la qualité de l’outil est aussi à mettre en exergue. « Nous avons installé un aéroport international en terme de sécurisation et d’accueil des systèmes d’informations/clients. A cette heure, sur le Valenciennois, nous n’avons qu’une vingtaine de passagers dans notre Airbus 380. Nous sollicitons les entreprises et les collectivités afin de déménager leur outil informatique sur ce site. Et notamment, l’entreprise Vallourec dont la venue serait emblématique sur son ancien siège dans le Valenciennois », commente-t-il.
A cette heure, le site sur Sainghin-en-Mélantois est copieusement garni, ce qui n’est pas encore le cas pour celui d’Anzin. « Néanmoins, nous sommes très satisfaits pour une première année, nous ne sommes pas encore à 10% de remplissage. Le potentiel est extrêmement important. Nous avons déjà des clients importants comme la ville de Valenciennes, la commune d’Anzin, le Centre Hospitalier de Valenciennes, Orange, et d’autres entreprises privées », indique Jérémy Cousin.
S’il fallait résumer en une phrase la philosophie de cette entreprise CIV. Nous pourrions parler de l’ère du numérique utile, un espace coworking énergétique en quelque sorte, face à une utilisation individuelle du temps et de l’espace, au final futile !
Plus d’infos sur www.civ.fr
Daniel Carlier