L’échec n’est pas un virus, mais le rebond professionnel son vaccin !
Comme tous les 2ème lundi du mois, l’antenne du Valenciennois de l’association 60 000 rebonds organisait sa réunion, cette fois au sein de la CCI Grand Hainaut à Valenciennes. Cette dernière accompagne les chefs d’entreprises après la réalité juridique d’une liquidation judiciaire, un moment intense où l’entrepreneur vit douloureusement cette tranche de vie. Coach, parrain, expert, ce réseau associatif déploie des trésors de bienveillance pour passer à l’étape d’après, le rebond professionnel !

Attention, nous ne parlons pas des grands capitaines d’industrie où le Conseil d’administration remercie son dirigeant avec un parachute dorée. Non, en l’espèce, le chef d’entreprise à l’occasion d’une liquidation judiciaire, contrairement à ses salariés entourés par un dispositif social bien rodé, n’a que les yeux pour pleurer. Ce dernier peut éventuellement donner « une livre de chair » comme dans le Marchand de Venise de William Shakespeare, mais pour le reste, il n’a rien pour lui. « On a tué personne. Parfois, on a l’impression d’être contagieux », lance une personne accompagnée.
Effectivement, la notion très ancrée dans notre corpus sociétal du sans droit à l’échec est quasi culturel en France contrairement au tempérament anglo-saxon où l’absence totale d’échec professionnel est presque suspect. Savoir tomber pour se relever est pour eux une qualité, et nous voyons sous nos yeux l’exemple le plus frappant dans la conquête spatiale. D’un côté, Space X où perdre une fusée fait partie de l’apprentissage nécessaire et indispensable afin de progresser et les lanceurs européens où l’échec est interdit. Tout est dit, homme ou femme d’entreprise ne peuvent pas se permettre de chuter en France, car vous êtes marqués au fer rouge de l’infamie financière. Les organismes de financement vous servent le fameux- qui vole un oeuf, vole un boeuf- revisité en- qui échoue une fois, le fera une autre fois- du pur génie économique à n’en point douter ! Dans un pays de transmission économique, faire le lien avec une richesse d’héritier plutôt que fabriquer ex nihilo n’est pas incongrue, mais on s’écarte du sujet du jour. En effet, l’aide à un retour à meilleure fortune pour des centaines d’hommes et de femmes abattus, à l’issue d’une procédure de liquidation judiciaire, constitue un véritable défi, mais également un vecteur vers l’emploi, salarié ou entrepreneurial, comme un retour à la vie !
60 000 rebonds, décryptage !
La fin de vie d’une entreprise est souvent un long fleuve mouvementé, presque du soin palliatif où des associations peuvent intervenir comme APESA ou Second Souffle avant la liquidation judiciaire. « Par contre, 60 000 rebonds intervient dès la notification de la liquidation judiciaire par le Tribunal du Commerce », explique Yohan Marlière, le coordinateur de l’association sur le Valenciennois. En résumé, cette action solidaire post liquidation met en relation des bénévoles engagés au service d’anciens chef d’entreprises afin de penser le plus vite possible au coup d’après.
A chaque réunion, coachs, parrains, personnes accompagnées, et invités présentent ce sujet sensible de l’accompagnement d’une femme ou d’un homme suite à la perte de son entreprise, et le naufrage, plus ou moins violent, consécutif à ce dépôt de bilan. Ce lundi 10 octobre, Astrid de Valenciennes Métropole pour une présence institutionnelle remarquée, en poste depuis 4 mois et ancienne du réseau bancaire, explique sa venue. « Je travaille dans le service innovation à la CAVM, et notamment sur les deux parcs innovants, Rives Créatives (sur Anzin) et Transallley (sur Famars). Ma mission est de créer des synergies et parmi les bénéficiaires des services de 60 000 rebonds, il y a peut-être… » Pour sa part Jean-Luc, ancien cadre industriel et jeune retraité se met au service de cette association : « J’ai dû rebondir également dans ma carrière. » Enfin, un dernier invité, Pascal, lui a repris depuis un an une entreprise dans les services à la personne (Place du Hainaut à Valenciennes) : « L’important est de ne pas s’isoler. Il faut rester connectés, vous pouvez passer au sein de mon entreprise pour échanger. Je veux être utile ! ».
Ensuite, 3 missions bien distinctes se dégagent chez 60 000 rebonds, le coaching, le parrainage ou marrainage, et l’expertise. « Bien sûr, nous ne faisons pas le boulot d’un expert comptable, ni d’un conseil professionnel. D’ailleurs, ce sont des réunions sans crayons (ou écrans). Nous sommes là pour écouter, comprendre, et créer du lien pour rebondir », commente un parrain présent à cette réunion.
En effet, 60 000 rebonds peut proposer un coaching, un accompagnent pour 6 mois afin de travailler un projet personnel, nouvelle entreprise ou vers le salariat. L’angle est plutôt la main tendue vers le coup d’après, la prochaine étape pour rebondir, et bien évidemment cette phase lourde administrative de la liquidation judiciaire. C’est une action pragmatique et éclairée. A côté du coach, vous avez un parrain ou une marraine pour deux ans dont la mission s’oriente plus vers le retour de la confiance en soi, l’écoute, l’oreille attentive, et l’échange sur un temps plus long. Clairement, le regard de la société sur l’échec dévalue votre identité, un sentiment durable si votre entourage ou un réseau comme 60 000 rebonds ne vous tend pas la main. « On a rien fait de mal. On a juste essayé », lance Richard Claeyman, un bénéficiaire en voie de reprise d’une nouvelle entreprise dans le paramédical, mais « avec des besoins pour celle-ci de commandes privées (EPHAD, réseau pharmacie, vente directe). » Voilà un exemple typique d’un besoin de liens professionnels, car « lorsque vous êtes dans cette situation, vous perdez 2/3 de votre réseau. »
Enfin, chez 60 000 rebonds, vous avez la 3ème lame bienveillante, un collège d’experts où ces deniers vont analyser votre projet, si besoin. Là également, il y a une limite : « Nous ne faisons pas une expertise en lieu et place des professionnels où un ancien chef d’entreprise viendrait chercher une prestation à bon marché. »
Deux autres bénéficiaires de l’association ont expliqué leur vécu. Jérome Courapied, a relancé une structure « Bizbang Stratégie ». « Mon activité est de booster une entreprise sur les réseaux sociaux, votre lisibilité sur le web, augmenter votre audience », déclare-t-il. Effectivement, la visibilité digitale est devenue aussi importante que sa traduction physique sur le terrain. Enfin, l’ancienne cuisinière talentueuse du restaurant Mankufu (spécialités chinoises, avenue Clemenceau à Valenciennes) est venue présenter ses besoins et son rebond. « Le restaurant n’existe plus, mais Line est toujours là. Je donne des cours de cuisine, mais je peux également venir chez vous pour préparer des plats chinois. »
Besoin de partenaires
Bien sûr, le réseau de 60 000 rebonds tient à étendre son tissu solidaire, car « nous manquons surtout de parrains et de marraines en ce moment. Nous avons également besoin de plus d’entreprises au sein de notre Club pour créer du réseau. Parfois, cela permet de trouver un job alimentaire pour l’ex chef d’entreprise dans l’attente de rebondir autrement. Il faut qu’il sorte de chez lui », conclut un parrain de l’association.
Pour une information sur l’association 60 000 rebonds, vous pouvez contacter Yohan Marlière au : 06 12 79 70 11 ou sur https://60000rebonds.com
Daniel Carlier