(CAPH) L’employabilité au coeur de l’insertion
Au moment où l’assistanat est au centre du débat public entre la main tendue et une dépense des deniers publics plus efficace, un regard posé sur l’insertion devient indispensable. Dans cette optique, sous la houlette d’Isabelle Arnoud, Directrice du service insertion professionnelle de la Porte du Hainaut, un « Insertion Tour » a été organisé afin de mieux comprendre les conditions et l’opérationnalité d’une politique de l’insertion au service d’un accès ou d’un retour vers l’emploi.
(Présentation de l’équipe du PLIE de la CAPH, Mohamed BOUBAAYA, Mathilde JAZDONCZYK, Isabelle ARNOUD, Thierry LEFEBVRE, Fatima ARAB, Silvia DELHAYE, Doris SOLDATI, Frédéric LECONTE, Chrystèle BELLYNCK).
L’économie VS l’insertion, le match n’est pas « Plié » !
Au cours d’une matinée enneigée, les acteurs de l’action sociale sur le territoire sont allés à la rencontre du premier organisme de formation public pour adultes, notamment sa déclinaison sur le sud du département, le GRETA Grand Hainaut.
Ainsi, cette première étape abordait, au sein du Lycée Kastler à Denain, la levée des freins périphériques, sociaux, familiaux, transports, santé, logement, confiance en soi… par le GRETA Grand Hainaut. Les freins sont pléthoriques, mais celui de la mobilité est incontestablement le plus prégnant tout comme celui de la confiance en soi. Ce denier est moins perceptible, mais ravageur, et surtout cette perte de certitude est le fruit d’une culture tous azimuts de l’immédiateté. Tout le monde va savoir que vous ne seriez pas performant, voire utile, ou ne répondant pas aux attentes d’une entreprise et réciproquement. La peur est plus forte que l’envie d’essayer, de progresser, d’évoluer, car le regard condescendant des réseaux sociaux ou des autres plus simplement devient insupportable, à méditer ! L’individu s’épuise mentalement avant même de se lancer dans l’aventure de l’emploi.
Néanmoins, on l’observe de manière criante, le besoin en recrutement est majeur dans quasi toutes les filières professionnelles et de la même manière les candidatures ne sont pas nombreuses ou pas assez formées. « Nous sommes de plus en plus sur un marché de la formation sur mesure. Nous voulons répondre aux besoins des entreprises (ou filières). Pour cela, des stages en immersion dans l’entreprise, des essais dans une branche professionnelle, sont essentiels pour notre mission d’accompagnement collective et individuelle », souligne Sandrine Kozubek, la Directrice opérationnelle GRETA Grand Hainaut.
Dans cette « antichambre de l’emploi », commente le Président de La Porte du Hainaut, le recrutement des stagiaires se porte sur des candidates, candidats, BAC, Infra BAC avec des personnes de plus en plus jeunes (moins de 26 ans), même si 46% des stagiaires demeurent des adultes (plus de 26 ans). 2025 est une année particulière, cette institution fête ses 50 ans sur un périmètre d’intervention vaste, Douai, Cambrai, Maubeuge, et Valenciennes, 860 collaborateurs, 5530 stagiaires formés en 2023 où le crédo est le travail « sur un parcours professionnel réaliste et réalisable. Ensuite, tous nos entretiens sont confidentiels », ajoute Yvelise Dilly, la responsable pédagogique. Dans les secteurs moteurs, l’industrie est porteuse avec une féminisation accélérée dans la filière, les métiers sous tension embauchent et les métiers de l’industrie du XIXème et XXème siècle ne sont plus ceux du XXIème siècle. Aujourd’hui, l’industrie au féminin est une réalité !
La sécurité également est en recherche de talents. D’ailleurs, une stagiaire formée par le GRETA du Hainaut, embauchée en CDI récemment, témoigne : « J’ai obtenu mon diplôme d’agent de sécurité privée (sans un gabarit de pilier de rugby). Aujourd’hui, je dirige une équipe et je n’ai pas le permis de conduire. Rien n’est impossible ! »
Enfin, la discrimnation féminine à l’emploi est encore vivace, il est important de rappeler cette constante sociale. « Moins vous avez d’emplois féminins, plus le territoire est pauvre ! Dans le bassin minier, c’est presque culturel la discrimination », souligne la DGS de la ville de Raismes.
ASSIFEP, formation aux métiers de la logistique
Sur la commune de Prouvy, l’organisme de formation professionnelle « ASSIFEP » est spécialisé dans les métiers de la logistique. Dans ce cadre, un bâtiment dédié à la logistique a été organisé sur ce site à Prouvy, tout est là comme dans la réalité avec même un simulateur de conduite d’un camion. Vous avez donc des espaces de rangements, des outils de manipulation, des chariots élévateurs avec « les derniers modèles, car la filière se dirige de plus en plus vers la verticalité. L’opérateur doit pouvoir manipuler les machines de rangements à 10, 11, voire 12 mètres de hauteur », précise un formateur. In fine, le diplôme de préparateur de commandes, cariste, et autres métiers dans la logistique sont au bout de ce parcours professionnel. En 2024, sur les 35 sites ASSIFEP, 19 000 stagiaires dont 67% de retour à l’emploi sont passés par cet organisme.
« Nous travaillons avec le PLIE de la CAPH. Notre volonté est de travailler sur l’employabilité des stagiaires avec nos partenaires. La CAPH nous commande 280 heures de stages dont 56 en entreprises », indique Laetitia Hautval, responsable recrutement pôle Logistique chez ASSIFEP.
Association Bien-Etre & Santé
Autre acteur de l’emploi inclusif au bout de la chaîne de la formation, vous avez le monde associatif avec une étape chez l’association Bien-Etre & Santé. Basée sur Escaudain, forte de 120 salariés, elle opère sur 51 communes autour du Denaisis où elle distille des compétences humaines dans les secteurs du soin, ménages et autres services à domicile, toilettes des individus, jardinage, portage de repas, etc. « La compétence numéro un est le savoir être. Vous allez chez des gens, vous devez adapter votre comportement », précise le Directeur de l’association.
Là également, des témoignages concrets ont permis de constater que l’insertion est possible, voire même pour des mamans solo. « Certains stagiaires n’ont pas le permis de conduire. C’est pourquoi, nous avons investi aussi dans des voiture sans permis », ajoute-t-il. Le plus souvent, les interventions sont chez les personnes âgées (+ 55 ans).
Le PLIE, d’intérêt communautaire
En 2024, le PLIE de La Porte du Hainaut a fêté ses 20 ans, car la rivalité malsaine entre le développement économique et l’emploi, donc l’insertion, s’est éteinte au service des habitants. Aujourd’hui, il y a un intérêt commun, car la cohésion sociale est créatrice d’emplois. L’outil de cette entente plus cordiale, la clause d’insertion où les entreprises privées bénéficiaires d’un marché public (comme l’ANRU, NPNRU, ERBM) doivent embaucher des personnes éloignées de l’emploi. « Nous collaborons notamment avec Eiffage depuis 2021. Cette entreprise joue le jeu et ne se contente pas seulement de valoriser les heures (de la clause d’insertion obligatoire) », commente un responsable du PLIE.
Les Trouvailles de Marlène
Enfin, dernière étape de l’insertion Tour avec la nouvelle boutique solidaire gérée par l’association « La Sauvegarde » depuis fin novembre 2024. En effet, l’association reconnue « La Sauvergarde du Nord » est présente dans de multiples domaines comme le handicap, l’addictologie, la protection de l’enfance, la santé, et en l’espèce dans l’inclusion sociale.
Sur Raismes, elle a ouvert sa 4ème boutique solidaire en 2024, après Roost-Warendin (2018), Douchy-les-Mines (2019) et Aniche (2019). Bien sûr, l’intérêt de la démarche repose sur l’insertion dans l’emploi avec, depuis 2018, 85 salariés passés par ses boutiques solidaires avec 42% de sortie positive. Ensuite, le 2ème pilier est l’offre de vêtements neufs de qualité, fournis par la marque KIABI, issue de la collection de l’année précédente. Les clients.e.s sont répertoriés par les CCAS, ou autres structures en charge de l’aide sociale, et bénéficient de 50% de réduction sur l’achat. « Je remercie les élus du Conseil municipal de Raismes pour leur engagement sur ce dossier », explique Aymeric Robin, l’édile de la commune d’accueil.
Portée par la ville de Raismes, grâce à un propriétaire du local bienveillant, la commune a participé à cette initiative sociale en rénovant les locaux et en attribuant une subvention pour le loyer. De même, les services de l’Etat ont adoubé la démarche de l’IAE (Insertion par l’Activité Economique) sur Raismes et accompagné ce projet. « Enfin, je remercie les élus du Conseil municipal de Raismes pour leur engagement sur ce dossier », explique Aymeric Robin, l’édile de la commune d’accueil.
Cette journée était de facto dédiée à l’employabilité des personnes très éloignées de l’emploi, jeunes et moins jeunes, car la formation qualifiante demeure le meilleur vecteur d’un retour à l’activité. Cette phrase ampoulée se résume plus simplement, c’est le retour de l’individu à une nouvelle estime de soi.
Daniel Carlier