Le C.L.E.A 2024/2025 ou l’art du geste et des mots !
La nouvelle mouture de la C.L.E.A (Contrat Local d’Education Artistique) a pris ses marques durant ce dernier trimestre 2024 à travers la présentation de 5 artistes dans leurs diversités. Leur travail artistique va s’étaler, du 15 janvier au 07 juin 2025, dans les domaines de la petite-enfance et du tout-long de la vie (ci-dessus des participants au voyage singulier des mots avec Julien Emirian).
(Visuel avec Sidonie Brunellière sur son tapis silencieux)
Bien sûr, un oeil dans le rétroviseur sur l’édition 2023/2024 permet de mesurer l’impact sur la jeunesse des 47 communes de la CAPH où « 32 établissements scolaires, dont 7 du second degré, ont participé aux 40 projets artistiques », commente la responsable du service culture de l’agglo.
A l’occasion d’une présentation des artistes 2024/2025 en question, outre la signature officielle entre l’Education nationale, la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles – Hauts-de-France) et La Porte du Hainaut, les partenaires ont découvert en avant première leur signature artistique unique.
Partons à la rencontre de deux artistes sur les 5 du CLEA 2024/2025 :
Julien Emirian, auteur, interprète et metteur en jeu, Cie Détournoyement
Pour l’artiste, la gymnastique des mots est une manière de revisiter tous les lieux, les situations, son espace, ses certitudes remises en cause, et pour cela il suffit de regarder autour de soi. Il multiplie les exemples en pointant du doigt des objets en détournant leur finalité comme suit… « aujourd’hui, on parle de problème de budget (national), regardez ici vous avez des poubelles avec des roues en or (poubelle site minier sur roulettes avec des roues couleurs dorées) », explique l’artiste.
Pour voyager avec cet artiste, il propose à ses suiveurs du jour de réaliser des « graphitis » sur un mur, un moment d’expression libre sur un support improbable, un mur d’un chemin étroit le long d’une grille où les participantes et participants ont savouré chaque moment de craie en toute liberté. « C’est un geste artistique. On doit s’inspirer du réel partout. L’art est public », souligne-t-il.
Plus globalement, il perturbe notre regard embrigadé dans une certitude conventionnelle en le détournant à chaque instant. Voilà le nom de son porte-voix artistique, tout est dit à travers : « L’agence mobile des voyages immobiles ». Ici c’est ailleurs, mais certainement plus là où vous pensez être, d’une logique incontestable et votre esprit en rit encore !
Sidonie Brunellière, artiste plasticienne et metteuse en scène, Cie Nomorpa.
Cette fois, Sidonie Brunellière nous attire dans une salle du site minier de Wallers Arenberg où le premier concept repose sur deux piliers, le mouvement et le silence total. Elle évolue sur un support blanc déroulé pour son évolution à pied nus, un fond musical très doux, et ses gestes lents s’enchaînent dans un silence presque étrange ; la douceur de son geste artistique est prenante, envahissante, le temps s’arrête un peu autour de vous… avec une grande intensité, tout simplement bluffant !
Son évolution au bout de quelques minutes pousse quelques participants à s’engager dans la démarche, et ce n’est pas acquis d’avance commente-t-elle après sa performance. « Cela fait 15 ans que je travaille sur ces ateliers. A chaque fois, les jeunes publics participent massivement, mais les adultes sont nettement moins spontanés. Ma petite première représentation était avec un public adulte où aucun n’a bougé durant mon spectacle. C’était horrible, car la participation fait partie intégrante de mon process créatif », explique Sidonie Brunellière.
Daniel Carlier