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Revue du patrimoine à Valenciennes en attente de… !

A l’occasion de l’Assemblée Générale de l’association du « Comité de Sauvegarde du Patrimoine à Valenciennes », ladite association a fait part de son actualité, ses satisfecit, ses vives inquiétudes sur certains bâtis chargés d’histoire, et comme en écho, Daniel Capelle adjoint en charge du patrimoine pour la ville de Valenciennes a répondu aux nombreux questionnements en la matière (Visuel des dessins en grand format de Francis Trottin, un temps exposé le long du Parc Jacques Chirac).

(Peut-être son plus beau dessin, le quartier des Wantiers à l’encre de Chine, quel travail de reproduction à cette échelle ! )

Au 94 rue de Paris, le Comité de Sauvegarde du Patrimoine à Valenciennes libéré !

 

Le titre est cruel, mais pour la 1ère fois depuis 1991 l’association n’a plus le viager à payer pour sa propriété au 94 rue de Paris à Valenciennes (1 500 euros par an). « Sans elles (deux ex propriétaires), nous n’aurions jamais pu acheter cette maison scaldienne du XVIème siècle. La dernière propriétaire est décédée en 2023 », souligne Alain Cybertowicz. Evidemment cela limite les dépenses de l’association dont « 127 membres cotisants », se réjouit le Président et ce n’est pas un petit chiffre pour une association de proximité.

Le 94 rue de Paris par Francis Trottin

Evidemment, cette année ne pouvait pas être comme les autres au 94 rue de Paris. « Dix jours avant les Journées du Patrimoine, on nous a demandé d’évacuer tout le mobilier et matériel à l’intérieur, car le bâtiment voisin (le 92) menaçait de s’effondrer. Pour La manifestation des « Journées du Patrimoine », nous avons donc fait ce que nous pouvions pour accueillir le public dans les meilleures conditions du moment », résume Alain Cybertowicz. 

Dans l’expression « puissance publique », vous avez le 1er mot qui définit le réel face à « l’impuissance associative » parfois, faute de temps, de moyens, voire de bénévoles… plus concrètement !

Au fil du comité… 

La rénovation de la façade de l’Hôtel de Ville a tapé dans l’oeil de tous les Athéniens. « Elle est magnifique, un travail remarquable. Ensuite, nous apprécions les rénovations des voiries dans le vieux Valenciennes, mais également le chantier des Chartriers très fidèle à l’existant », commente le Président. L’adjoint au maire ajoute que la commune va poursuivre son effort sur l’Hôtel de Ville avec la rénovation pour de ses deux ailes.

Deux dossiers animent cette présentation. Bien sûr, le sujet de l’ancienne Briqueterie Chimot, même si sa localisation est sur Marly, avec un avenir sombre et voué à être détruite pour le remplacer par un pôle sportif, l’espoir est mince (https://www.va-infos.fr/2024/10/16/cavm-des-reponses-sur-chimot-et-h2v-et-des-questions-sur-les-choix-financiers-contraints/) ! A cet effet, Pierre-Marie Miroux a réalisé une conférence sur la famille Chimot, les origines de la briqueterie et Jean-Jacques Fleury a présenté ses visites au sein de cette exploitation encore vivante en décembre 2023, mais surtout ses spécificités faisant de ce lieu un site quasi unique en France. On connaît tout du Four Hoffmann !

Comme un destin croisé, l’église Saint-Michel bâti grâce aux briques produites par la fameuse Briqueterie est en péril. Beaucoup de questions sur le sujet…

« Le diocèse va essayer de sauver le clocher de Saint-Michel », Daniel Capelle

Clairement, la situation de l’édifice religieux (construite après 1905) est très dégradée. En effet, comme propriétaire de l’église Saint-Michel, le diocèse de Cambrai a réalisé « une étude, car la nef est atteinte par la mérule. C’est 5 millions de travaux », commente l’élu en charge du patrimoine. « Clairement, le Diocèse n’a pas les moyens de réaliser ces travaux, car ce n’est pas sa seule église à réparer. C’est pourquoi, nous avons suggéré au propriétaire de déconstruire la nef avant qu’elle ne tombe afin d’essayer de sauver le beffroi et son clocher », poursuit-il.

Feu Monseigneur Garnier nous rapportait le propos suivant : « Le Diocèse de Cambrai a les finances d’une ville de 20 000 habitants » et compte tenu de l’étendue de son territoire (Carte diocèse), c’est le minimum minimorum pour administrer une organisation religieuse et bien peu pour effectuer des travaux lourds !

Rue de Famars piétonne, entrée Place du Commerce

Pour sa part, la ville de Valenciennes va travailler le parvis « particulièrement accidentogène, on ne sait pas où traverser. On risque sa vie ! », c’est du vécu… commente Daniel Capelle. Ainsi, pour faire bonne figure face à cette nouvelle configuration assez proche, « un square et un repositionnement de la statue du roi Albert est envisagée par la ville ».

Et l’église de Saint-Géry va fêter ses 800 ans en 2025

Par contre, la ville de Valenciennes, propriétaire de l’église Saint-Géry, va marquer l’année 2025 compte tenu d’un anniversaire emblématique de cette ancienne chapelle des Franciscains. « Nous allons fêter les 800 ans de l’église Saint-Géry, fondée en 1225 et aussi les 50 ans après l’incendie en 1965 », annonce Daniel Capelle.

Le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes réouvert fin 2026

Pour répondre à un procès en négligence patrimoniale de la ville de Valenciennes, l’adjoint lance à la cantonade : « La ville de Valenciennes engage 19 millions d’euros pour la rénovation du Musée des Beaux-Arts. Nous travaillons pour le restaurer dans son jus de 1909 avec le remplacement de la verrière, la coupole…, tout en améliorant les conditions thermiques afin de réduire la problématique de l’humidité (cause de ce sinistre), mais également la scénographie ».

Les 100 ans du Monuments aux Morts de Valenciennes

Le souvenir des soldats morts pour la patrie doit toujours rester vivace et le Monument aux Morts d’une collective locale est aussi sacré qu’une pierre de l’Hôtel de Ville. A Valenciennes, le sien atteint l’âge très respectable du centenaire. Les 861 morts gravés dans le marbre de ce monument seront sans doute magnifier à cette occasion. 

La Maison espagnole, nouvelle destination

Avec le transfert d’un service de l’office de Tourisme, hier au sein de la Maison espagnole, et aujourd’hui au rez-de-chaussée du Mont de Piété, vendu au privé, l’avenir de cette bâtisse historique, comme l’auberge du Bon fermier, était un véritable questionnement. « Il y a des difficultés pour un accueil du grand public, mais par contre nous pouvons transférer un service de la ville de Valenciennes », précise Daniel Capelle. C’est l’option retenue semble-t-il.

La Maison du Prévôt, rien à l’horizon… !

C’est le dossier qui n’avance pas, d’année en année. Outre les dégradations, les malveillances, l’usage potentiel est très restreint. « La seule possibilité est la création d’une résidence pour artistes », explique l’élu. Compte tenu de la kyrielle de dossiers sur cette thématique patrimoniale, sans un mécénat, il est probable que cet édifice reste dans son jus, mais pour combien de temps… ?

L’année 2025 consacré à Jean-Baptiste Carpeaux et Henri Wallon

Vous l’ignorez peut-être, mais chaque année un choix de commémoration nationale est opéré sur les territoires. Sur Valenciennes, vous avez les 150 ans du sculpteur Jean-Baptiste Carpeaux dont la statue (très mal placée sous les arbres) sera nettoyée prochainement. Le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes a célébré, à travers son espace Carpeaux, le génie de cet artiste valenciennois. Nul doute que la prochaine scénographie lui rendra également l’hommage qu’il mérite. 

Ensuite, les 150 ans de l’amendement « Henri Wallon », le 30 janvier 1875, où ce dernier introduit pour la 1ère fois le mot république dans la constitution française : «  le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible ». Les mots ont un sens…, certaines attitudes au sein de l’Assemblée nationale, voire par X interposé, oublient cette règle d’or ! « Nous allons pour ces deux personnalités organiser des parcours remarquables dans la ville », indique Daniel Capelle. 

Notre-Dame de la patience… !

Bien sûr, impossible de parler patrimoine sans évoquer le dossier lourd de la Basilique Notre-Dame du Saint-Cordon à Valenciennes. « Chaque année, nous réalisons l’entretien indispensable au sein de la basilique, mais pour la réouverture, il faut penser sur le temps très long ! ». En terme de financement, 25 à 30 millions d’euros seront investis pour achever cette restauration sur le temps long. C’est un véritable sujet du bon usage de la finance publique et l’adjoint pousse « à la collecte de dons pour le patrimoine de Valenciennes. Il faut agir ! ».

Les services de la ville de Valenciennes

Durant son intervention d’environ 30 minutes, Daniel Capelle a d’abord voulu entamer son propos par les services dédiés au patrimoine de la ville de Valenciennes. « Nous avons des atouts majeurs à Valenciennes. Tout d’abord, un service du patrimoine bâti avec une grosse organisation à la clé », présentait-il.

Ensuite, l’existence en son seing d’un service archéologique en capacité de réaliser des fouilles préventives, sans faire appel à l’INRA ou autre prestataire privée. « Nous avons 17 architectes du patrimoine au sein de ce service archéologique. En France, moins d’une soixantaine de communes ont un service intégré comme à Valenciennes. Dernièrement, nous avons pu réaliser deux fouilles préventives sur le site du futur cinema dans le centre de Valenciennes (passage de l’Arsenal) », précise-t-il. Sur le sud du département, vous avez Douai et Valenciennes. 

Comme le Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, ce service « archéologie », son exploitation et sa gestion quotidienne sont transférées à Valenciennes Métropole. Certes, cela fait faire des économies à la ville de Valenciennes, offre un service clé en main aux 34 autres communes, mais déshabille la cité de cette compétence rare. Toutefois, c’est une tendance générale, Valenciennes n’innove pas en la matière. 

Enfin, le service de numérisation des archives est en pointe. « Vous pouvez retrouver dans France Archives la ville de Valenciennes  grâce à la qualité de l’indexation de ces archives. Bien sûr, vous avez également la numérisation physique des objets », conclut Daniel Capelle. A ce titre, la ville de Valenciennes a été pionnière dans le domaine, dès 1995, avec la numérisation de la Cantilène de Sainte Eulalie, un carton mondial aux balbutiements d’internet. 

Daniel Carlier

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