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200 ans et la vie devant soi pour le Collège Saint Jean-Baptiste de la Salle

A Valenciennes, le collège Saint Jean-Baptiste de la Salle a vécu un événement qui restera marqué dans les mémoires des professeurs, des élèves d’aujourd’hui et d’hier, et de toute l’équipe éducative de l’institution. Un moment arrêté dans le temps où toutes les générations se sont re-rencontrées pour se souvenir, se rappeler, faire revivre des instantanés. Des élèves ont bouleversés certains professeurs par des anecdotes, des instants vécus, importants pour eux, oubliés parfois, racontés avec émotions et reçus avec une grande joie. Ce vendredi 4 et samedi 5 octobre, l’institution a fêté ses 200 ans.

L’institution Saint Jean-Baptiste de la Salle fête ses 200 ans

Après la Révolution et l’occupation autrichienne, Valenciennes, durement touchée a du mal à réorganiser son enseignement. Le maire, François-Joseph Benoist s’inquiète dans un rapport qu’il envoie au Préfet, que « de nombreux enfants sont encore sans instruction ». Il décide dans la foulée, aidé de Dubois-Fournier (dont le buste trône toujours dans la cour de l’école) de se tourner vers les « Frères de la doctrine chrétienne ». Ainsi, le 25 octobre 1821, la municipalité vote les fonds nécessaires à leur établissement.

C’est le 19 octobre 1824 que les frères arrivent à Valenciennes. Huit jours plus tard, les frères Théodore et Elphide ouvrent deux classes rue des Chartreux (actuel siège de la police municipale). En 1834, la municipalité revient sur ses engagements et les frères doivent quitter la rue des Chartreux.

Une fois de plus, c’est Monsieur Dubois-Fournier qui leur vient en aide et les installe en 1836, dans une vaste propriété constituée d’un corps de bâtiment du 17 ème siècle en fer à cheval enserrant une cour d’honneur. Aujourd’hui, ce sont toujours les locaux de notre école, impasse des Cardinaux.

Outre les enfants, de nombreux adultes fréquentent les cours du soir du 18 à 21h. Normal, ils sont bateliers, ouvriers ou travaillent aux champs la journée ; Et l’ambiance y est studieuse comme l’écrivent les frères « L’envie d’apprendre est extrême. On obtient de tous un profond silence et une constante application. Une foule de plus en plus compacte remplit l’ancienne Halle avant l’heure désignée ». En 1829, l’école des frères compte 460 élèves dirigés par 5 frères.

« L’Église chez elle, l’État chez lui ! », Victor Hugo

Le 7 juillet 1904, la Loi Combes est votée. Elle interdit l’enseignement aux congrégations religieuses. Une délégation valenciennoise se rend à Paris pour tenter une ultime démarche auprès des sénateurs Girard et Wallon. La démarche est vaine. Le 1 er septembre 1905, les frères quittent Valenciennes.

Durant la guerre 14-18, les anciens élèves des frères sont sur le front et paient un lourd tribut comme en témoigne la plaque commémorative toujours en place dans la cour de notre école.

C’est en 1923 que les frères réintègrent les locaux de l’impasse des Cardinaux. En 1924, l’école compte 180 élèves et les effectifs grossissent au point qu’en 1928, on est obligé de construire un nouveau réfectoire et quatre classes. Des classes qui peuvent compter jusqu’à… 58 élèves !

En 1933, naît une tradition qui perdure encore de nos jours : les anciens élèves apportent « quelques gâteries » aux élèves à l’occasion de la St Nicolas. L’école est une école de garçons, le port du calot est obligatoire

Entre 1939 et 1945, Valenciennes est bombardée et le campanile de l’école est touché. Il n’indique plus l’heure aux habitants du quartier. La chapelle de l’école sert d’église paroissiale car l’église St Géry est partiellement détruite en 1944.

Le 2 septembre 1945, les cours reprennent et à l’école, on organise la« Kermesse de la délivrance ». Dans les années qui vont suivrent, la kermesse, organisée par les anciens élèves prendra le nom de « Reine des kermesses ».

Après la guerre, la vie reprend rythmée par les remises de diplômes pour les CEP, BEPC et CAP d’aide comptable. Les trois élèves les plus méritants de chaque classe sont récompensés par un voyage, à Stella plage. Le bulletin trimestriel fait son apparition et c’est la période des deux messes par semaine.

En 1949, une note du frère Directeur signale « un net progrès pour l’arrivée quotidienne des cahier d’absence mais que chaque jour il a fallu en réclamer l’un ou l’autre » et souligne que « les motifs d’absence donné de vive voix par un camarade de classe ne doivent pas être pris en considération ». Il rappelle également l’obligation de l’éducation physique pour tous, précisant que les demandes de dispense doivent lui être remise, sachant que par principe il dira NON, sauf cas exceptionnel bien sûr . Le baby boom se traduit par une augmentation régulière des effectifs et rend nécessaires de nouveau aménagement. Le 21 décembre 1958 est posée la première pierre du bâtiment Bénilde inauguré le 2 septembre par monseigneur Jenny. L’école s’ouvre alors sur le boulevard Saly. La loi Debré instaure un nouveau partenariat avec l’Etat.

En 1968, l’institution compte 628 élèves (462 écoliers et 216 collégiens) sous la responsabilité d’une équipe de 30 membres : 6 frère et 24 enseignant laïcs dont…deux femmes. En 1970, arrive la première enseignante au collège.

Commence ensuite l’épopée des déménagements. En 1973, l’institution est répartie sur trois sites : 19 classes primaire et 6 classes de sixième a l’impasse, les cinquièmes à l’annexe Saint Joseph rue des Godets, les 4 ème  /3 ème au Faubourg e Paris. Les déplacements à travers la ville où les troupe affamées convergent le midi vers le réfectoire de l’impasse, demeurent dans es mémoire des professeures, des élèves et…des commerçants.

En 1979, l’évolution de l’éducation nationale impose la séparation en deux ensembles distincts : l’école primaire (19 classes, 536 élèves) et le collège (21 classes, 512 élèves). Septembre 1980 : émotions dans les cours de récréation, 28 écolières et 9 collégiennes téméraires ouvrent la voie mixité. Un an plus tard s’ouvre la section d’éducation spécialisée future SEGPA. L’achat de la wallonne dans un vaste élan de solidarité et la construction de nouveaux préfabriqués permettent de rassembler tout les élèves du collège au Faubourg.

Dès 1990, des classes peuvent utiliser le bâtiment “Transloko“. Une rigoureuse et saine gestion permet enfin la construction du bâtiment De La Salle. Celui-ci abrite notamment le nouveau self-service, les laboratoires, les salles de technologie et d’information.

Aujourd’hui, d’autres travaux reprennent, des enseignants, arrivent, des projets s’élaborent, s’enchaînent. Que de chemins parcourus en 200 ans et c’est cette longue vie qui a été célébrée pendant ces deux jours.

Les festivités se sont déroulées sur deux jours 

Le vendredi 4 octobre, en début d’après-midi, les enseignants ont élaboré avec leurs élèves, une lettre à adresser à ceux et celles qui la liront dans 10 ans. Des mots sur leur quotidien au collège, leurs rêves, leurs peurs aussi… Ils ont aussi essayé de se projeter sur ce qu’ils seront dans 10 ans. « Ils s’imaginent en tant qu’adulte, avec leurs rêves, leurs attentes sur la vie. Certains se projettent dans un métier ou avec une famille…. », nous confie un professeur ému. Puis ils se sont réunis, écoliers et collégiens, pour s’installer dans la grande cour.Vue du ciel, des petits points de couleurs, celle de l’étoile de l’institution, sont apparus, venant de toutes les classes de l’établissement telle une chorégraphie bien orchestrée, autour de Mr Vyvey, directeur du collège, et Mme Devorsine, directrice de l’école.

Les enfants de l’école, de l’impasse des cardinaux étaient déjà sagement installés. Un flash mob préparé par Mme Haire, enseignante d’EPS a fait monter l’ambiance, pour accueillir le coffre qui contenait les lettres écrites il y a 10 ans. Pour les professeurs comme les élèves, la lecture des lettres fût amusante, émouvante, mais surtout synonyme d’espoir, d’envie d’avancer, de vivre l’instant tout en se projetant. Un moment que les élèves n’oublierons pas, peut-être se le rappelleront t’ils dans 10 ans ?

Pour beaucoup, ce fût un moment « incroyable » !

La chorale du collège a ensuite permis un moment de recueillement avant de découvrir une performance préparée par les élèves de l’enseignement adapté, un tissage réalisé devant les l’ensemble du collège aux couleurs de l’institution. Un moment suspendu, que les élèves en situation de handicap ne sont pas près d’oublier, tant par leur stress avant « d’entrer en scène » que par l’accueil qu’ils ont reçus des autres collégiens. Pendant ce temps, à l’école, une fresque était inaugurée. LEM, un artiste roubaisien, a réalisé, à partir des croquis des enfants, un mur coloré et joyeux, une œuvre collective, actuelle et éternelle.

Le lendemain, samedi 6 octobre, ce fût au tour des anciens, professeurs et élèves, de revenir sur le lieu de leurs souvenirs. Une exposition photo avait été initiée par Mme Dhaussy et Mme Douillard, qui a rencontré un bel engouement et a permis aux anciens de se plonger dans une belle nostalgie.

Environ 200 personnes sont venues assister à une messe, accompagnée par la chorale du collège et de l’école. Une professeure nous confie : « J’ai été touchée par des témoignages d’anciens élèves, pas forcément concernant notre matière mais pour les contacts humains. Un professeur peut être un appui, quelqu’un qui peut nous défendre, auprès de qui on se sent en sécurité. »

Un élève rappelle alors à une enseignante qu’un mot écrit à ses parents lui à permit de ne plus être embêté par deux élèves. Imaginez l’émotion ressenti par l’enseignant !

Une enseignante arrivée au collège cette année, avoue avoir été prise par l’engouement de cet événement. Elle s’est sentie, à sa place, dans le tourbillon des souvenirs et de ceux à venir. La cour du collège s’est peu à peu clairsemée, mais pourtant, certains anciens élèves n’arrivaient plus à quitter les lieux, pour garder encore un peu de ces souvenirs, pour prolonger le bonheur d’être ensemble. Cet événement, un trait d’union entre les 200 ans passés et ceux à venir. Rendez-vous dans 10 ans !

 Jane Huvelle

 

 

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