Sandrine Gombert : « Bruno Le Maire ferait mieux de taxer les superprofits plutôt que de s’attaquer aux communes ! »
De nombreuses communes du Valenciennois sont dans la dernière ligne droite pour le vote du budget 2024. Ainsi, Petite-Forêt était à la manoeuvre ce mercredi 27 mars avec un exercice budgétaire contrôlé, presque surprenant en 2023, et un rebond plus maîtrisé en 2024.
En marge de ce Conseil municipal de proximité, Sandrine Gombert s’est exprimée sur la petite musique ambiante, face au dérapage du budget de l’Etat à 5,5% du PIB, où les collectivités locales devraient participer à l’économie globale de l’argent public. La belle affaire, comme « si nous ne le faisions pas déjà ! Nous avons subi la hausse des énergies (sans bouclier tarifaire), des coûts de services à la population (cantine…), les points d’indice pour les fonctionnaires territoriaux à notre charge, et bien sûr des mesures impopulaires de sobriété énergétique sur l’éclairage public et le chauffage dans les salles publiques », ajoute-t-elle.
Ensuite, sur l’idée d’une réduction drastique des subventions, dotations, ou autres fonds dédiés aux communes, l’édile s’agace : « C’est injuste, réduire le financement de l’Etat aux collectivités locales, c’est diminuer le service aux habitants. Bruno Le Maire ferait mieux de taxer les superprofits plutôt que de s’attaquer aux communes ! », conclut-elle.
Le questionnement du budget 2023
Il faut jeter un oeil dans le rétroviseur en se téléportant au dernier trimestre 2022 où toutes les communes étaient en panique face à la hausse des fluides. « Nous avons choisi de ne faire aucun investissement en 2023 compte tenu d’une perspective par 5 d’une hausse des fluides durant l’année. On ne savait même pas si nous serions en capacité d’équilibrer le budget ! », tance la maire. Effectivement, durant quelques semaines, de droite ou de gauche, l’adjoint aux finances de toutes les collectivités locales était en phase de stress intense. Voter un budget insincère n’était plus un tabou verbal, un bon mot en commission des finances, mais une réalité financière.
Fort heureusement, le retour à un prix plus supportable de l’énergie en 2023 à ramener un peu de sérénité aux 4 coins de l’hexagone, et les communes de Valenciennes Métropole devraient bénéficier à plein des contrats sur l’électricité et le gaz, bien négociés, par l’intercommunalité en 2024.
Un budget 2024 plus serein !
Pour solder le budget 2023, le Compte Financier Unique 2023 (regroupant le compte de gestion et le compte administratif) permet de dégager un report dans la section de fonctionnement de 2 018 093 euros et 3 016 euros en section d’investissement, car « nous avons fait le choix de ne pas investir en 2023 », rappelle la maire.
L’adjoint aux finances, Rachid Lamri, présente donc, pour 2024, un budget d’investissement de 3 642 000 €, mais « le chiffre des travaux, chantier… lié réellement à l’investissement est de 1 280 758 euros (tableau ci-dessous) ». De même, on s’aperçoit que cette ligne est couverte par un autofinancement de la commune. « C’est un choix, nous avons décidé de ne pas faire d’emprunt durant ce mandat, mais cela peut évoluer », précise Sandrine Gombert. La dette de la commune est de 7 064 000 euros avec une capacité de désendettement de 5,18 années en 2024. Après des années compliquées, cette donnée financière revient dans un fleuve budgétaire plus navigable.
Plus globalement, le budget primitif de la commune de Petite-Forêt s’inscrit à 13 946 399 euros, 2 399 458 euros en investissement et 11 546 941 euros en fonctionnement. Avec 130 agents, dont 100 titulaires, la commune de Petite-Forêt dépense 5 520 000 millions pour sa masse salariale (environ 45% du budget de fonctionnement) un chiffre en hausse compte tenu des augmentations répétées, et justifiées, du point d’indice. Toutefois, beaucoup de collectivités dans le Hainaut se contenteraient de ce ratio !
Le vote de BP 2024 a été votée avec 7 abstentions (5 union de la gauche et 2 RN).
Les subventions aux associations
L’ambiance s’est tendue avec la délibération relative des subventions aux associations. « Nous distribuons, hors association interne, une enveloppe de 56 000 euros, soit une hausse de 12% en moyenne. Bien sûr, c’est du cas pas cas selon les besoins et les projets des associations », commente Sandrine Gombert.
Pour l’opposition, Brigitte Zielinski s’étonne de la hausse importante « d’une subvention de 3 000 €, avec une demande de 1 500 euros pour un stage en plus, aujourd’hui, la subvention est à 8 000 € pour le club de Karaté ! Tous les clubs et les pratiquants sont importants, compétitions ou pas ». « A chaque fois, ce club demandait une subvention exceptionnelle pour leurs déplacements. Nous les avons contacté pour leur signifier que nous souhaitions un budget transparent avec leurs déplacements régionaux, nationaux, et internationaux, donc sans subvention exceptionnelle ! Par contre, la compétition change la donne, comme pour le Futsal à ce stade », répond l’édile. Ensuite, au fil des échanges, il apparaît que plusieurs associations du cru ont des extérieurs originaires du village d’Aubry-du-Hainaut « et jamais une réponse pour une demande de subvention », acquiesce Grégory Spychala pour le Secours populaire. Cette délibération a été votée avec deux voix contre (RN).
Pour conclure, la commune de Petite-Forêt arrive à équilibrer son budget avec une DGF (Dotation Générale de Fonctionnement) indigente, 30 000 euros, pour une commune de plus de 5 000 habitants. Certes, sa fiscalité locale est singulière, car sans hausse depuis des années, elle se situe à hauteur de 3 642 000 euros dont 2/3 en provenance des entreprises et 1/3 des ménages… !
Daniel Carlier