Chat Chat. Dans les coulisses d’un spectacle pour enfants.
Au Phénix, à partir de lundi 16 et durant une semaine, ce sont les 6 mois / 3 ans qui vont au théâtre pour un voyage sensible à travers un spectacle, Chat Chat, concocté aux petits oignons spécialement pour eux par les amoureux de la marionnette que sont Stanka Pavlova et Denis Bonnetier de la Compagnie Zapoï. Mais derrière tout cela, il y a un monde fantastique. Chat Chat n’est que la façade de la maison, nous, on va vous raconter, un peu, les coulisses. Et derrière le rideau, il y a…
Quand les 6 mois/ 3 ans vont au théâtre c’est pour un joli voyage.
Chat Chat est un spectacle sur-mesure pour les 6 mois/ 3 ans qui aiguisera leurs sens. Nos chères têtes blondes vont donc faire, pour certains, leurs premiers pas dans cette grande maison rouge, qui de loin, ressemble presque un navire.
La petite histoire de cette initiation au théâtre : mais où est donc passé ce chat ? Tout blanc, il se fond dans la neige, mais sa présence est trahie par des traces de pattes. Rayé, il a disparu dans les buissons ! Le voilà maintenant tout noir, bien caché dans la nuit. Toutefois, ses grands yeux lumineux nous guident dans l’obscurité… Jonglant avec les formes et les couleurs, par superposition ou jeux de contraste, ce spectacle ludique emmène nos bambins dans un voyage sensible, stimulant le regard comme l’ouïe. »
Cette production de la Cie Zapoï, avec l’aide de la Région Hauts de France et de la ville de Valenciennes, a été accueillie en résidence de création au phénix scène nationale Valenciennes pôle européen de création. Ses images au graphisme épuré et coloré se métamorphosent au gré de leur mise en mouvement et d’une ambiance sonore signée Usmar. Son dispositif scénique se déploie ensuite comme un tapis d’éveil, invitant les jeunes spectateurs à explorer ce petit monde décidément très vivant. Une rencontre professionnelle (sur réservation) « Premiers pas, Premières Images, comment les livres inspirent les artistes, la création au service de l’éveil des tout petits » est organisée, par la Médiathèque Départementale, la Cie Zapoï et le Phénix, le jeudi 19 janvier de 8h30 à 16h30 au Phénix.
Cachés derrière le rideau, les marionnettistes de Zapoï et l’illustratrice Magali Dulain.
Forcément à l’origine, on y retrouve des passionnés, Stanka Pavlova et Denis Bonnetier sont des petites mains magiques de ce spectacle. Ce sont eux qui tirent les ficelles du Festival Itinérant de Marionnettes qui a lieu chaque année en octobre (https://www.va-infos.fr/2016/10/18/fim-marionnettes-cet-art-pleine-affirmation/). Mais près d’eux il y a une autre passionnée, qui tisse la toile de l’imagination des bambins, c’est Magali Dulain, l’illustratrice. On se souvient de Magali Dulain car c’est elle qui a réalisé la très jolie affiche du Festival Itinérant de Marionnettes 2016. « J’ai rencontré la compagnie Zapoï en juin 2016 car nous allions faire une résidence-mission (CLEA) dans l’agglomération de Saint-Omer et j’ai fait tout d’abord l’affiche de leur FIM, puis ils m’ont proposé de travailler pour leur spectacle Chat Chat. » Bel exemple de liens professionnels féconds.
Zoom sur le métier d’illustratrice de Magali Dulain. Interview.
La jeune femme nous parle de Chat Chat « je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait car je ne connais pas du tout le monde du spectacle et de la marionnette mais j’ai dit oui, pour le plaisir d’une expérience nouvelle. Et ce fut une belle expérience, j’ai assisté à toutes les étapes de conception, du début à la fin. J’ai croqué les idées, dessiné les changements, proposé des couleurs, des formes. Tout s’est construit petit à petit, les personnages, les marionnettes, les éléments de décors. Je n’ai pas suivi la dernière étape du travail sur la mise en scène avec les comédiens et cela a été une belle surprise de voir tout le travail se mettre en forme naturellement lors de la première! »
Illustratrice indépendante depuis 2010, Magali Dulain travaille pour l’édition jeunesse ainsi que pour la presse, mais également « pour des associations, des entreprises. J’interviens aussi régulièrement comme intervenante autour des arts plastiques et du livre. » Elle sème également des petites graines sur les routes, en effet Magali réalise des interventions à Lille et dans les villes voisines, pour les petits, les moyens et les grands… Plusieurs années scolaires passées avec des maternelles sur le temps de la pause méridienne « c’était un moment de détente pour eux où l’on a pu réaliser de nombreuses choses comme des livres géants avec pop-up, ou encore un film d’animation. » Avec les collégiens, lycéens et dans des structures associatives, « à chaque fois ce sont des projets sur plusieurs séances avec une restitution à la fin. En ce moment par exemple je travaille avec le service d’art et d’histoire de la ville de Lille où je vais réaliser un carnet de voyage avec des élèves de 5e sur 6 séances. »
Une envie irrésistible de faire de sa passion son métier et sur le chemin, déjà 4 albums jeunesse et cela ne fait que commencer.
Un métier passion pour celle qui a réalisé l’univers graphique du spectacle, « le dessin c’est mon métier, c’est d’abord une passion, aussi loin que je me souvienne j’ai toujours dessiné. J’ai toujours été manuelle. Avoir une passion pour le dessin est une chose mais décider d’en faire son métier en est une autre. La question s’est posée quand j’ai décidé de mes études supérieures, et comme je n’avais pas envie de faire autre chose, je me suis lancée là dedans! Avec des parents qui m’ont toujours soutenue et poussée à faire ce que j’aime avant tout. Mais ce n’est pas une évidence de faire concorder la passion et le métier, on ne fait pas ce que l’on veut quand on veut, il faut bien payer le loyer et parfois accepter des commandes moins réjouissantes que d’autres. »
Des références plein la tête pour Magali, qui porte dans ses bagages parmi ses diplômes, un Bachelor/ licence d’arts plastiques option illustration et graphisme ou encore une 1ère Bachelor Gravure. Elle cite Kitty Crowther, Klara Persson, Marta Ignerska, Carson Ellis, Kveta Pacovka, Even Brecht… et plein d’autres! Et surtout ne jamais baisser les bras et croire en soi! « Au début de mon activité, j’ai envoyé beaucoup de portfolios par mails à différents directeurs artistiques et ce tous les 2/3 mois, pour montrer mon travail le plus possible. Pendant 1 an ou 2, je n’ai pratiquement jamais eu de réponses. Sans être découragée pour autant, j’ai continué de temps en temps. Et c’est comme ça que l’on m’a rappelée, à force d’envoyer des bouteilles à la mer. »
Il suffit de quelques bouteilles ramassées …et c’est parti, sur la route déjà 4 albums jeunesse, le premier Le Renard perché, aux éditions Casterman en 2013, Je m’appelle Nako aux éditions du Baron perché en 2014, La roulotte de Zoé aux éditions des éléphants en 2015 et Le voyage de Lulina en 2014. Et hop, aussitôt faits aussitôt auréolés de prix, 2011 Prix Bologna Children’s book Fair, concours international, 2012 Prix jeunesse, lauréate au concours d’illustration du festival du livre jeunesse de Rouen, 2015 Prix jeunesse de la ville du Touquet et Prix Saint-Exupéry section album jeunesse pour Le renard Perché.
Mais alors comment ça marche?
«Quand un éditeur me contacte, c’est pour me proposer un texte que je prends le temps de lire et ensuite je signe un contrat avec eux. Nous décidons de la taille et du nombre de pages et je réalise les croquis du livre. C’est là que commence un aller-retour avec l’éditeur, qui me dit ce qui va et ce qui ne va pas dans mes images, il a un droit de regard évident sur mes dessins! Une fois que les croquis sont validés, je peux me lancer dans la réalisation de la couleur. Là c’est moi qui décide de tout, l’éditeur se doit de me faire confiance sur la mise en couleur. Quand j’ai terminé, j’envoie mes originaux à l’éditeur qui s’occupe de scanner les images en très haute définition et de fabriquer le livre. Il s’écoule en général entre 6 mois et 1 an pour la conception d’un livre. »
Aujourd’hui Magali crayonne uniquement des illustrations, «on peut trouver mes œuvres et les voir sur mon site internet (magalidulain.com) et quand je participe à des salons du livre ou autre. Je ne vends pas beaucoup d’originaux, j’ai du mal en m’en séparer, par contre je fais souvent des reproductions quand on me le demande. » Dans un petit coin de son esprit, elle aimerait fortement écrire. Elle a dans la tête des idées qui n’attendent que ça! C’est ça, aussi, d’avoir fait de sa passion son métier!