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L’attente fébrile, mais déterminée des salariés de Valdunes !

Ce début de nouvelle année 2024 engage bien des sujets sociaux avec notamment sur le Valenciennois et Dunkerquois la poursuite espérée de l’activité de l’entreprise Valdunes sur Trith-st-Léger et Leffrinckoucke. En amont d’une quinzaine décisive en janvier, les syndicats et salariés de Valdunes portent un message unitaire, l’espoir à fleur de peau sans occulter la responsabilité immense de l’Etat sur ce dossier industriel.

Maxime Savaux : « L’Etat serait fautif en l’absence de reprise de Valdunes »

L’année 2023 fut particulièrement éprouvante socialement avec en point culminant sur le département du Nord le retrait annoncé, en mai 2023, de l’actionnaire principal chinois de l’entreprise Valdunes. Grève au mois de mai, mouvement sur les deux sites, la lame de fond sociale a été particulièrement remarquée au niveau national devenant de fait un sujet politique de premier plan. 

Les pièces du puzzle sont pourtant sur la table ronde depuis bien longtemps. L’entreprise Valdunes est la dernière usine de fabrication de roues et d’essieux. Sa fermeture impliquerait la fin d’un pan industriel de la filière ferroviaire française. En face, l’Etat promeut à tout crin la relocalisation des entreprises industrielles, la nécessaire d’une souveraineté industrielle, notamment depuis la Covid, la transition écologique comme étendard avec à titre d’exemple l’installation de nouveaux débouchés comme les batteries électriques avec un soutien à coup de milliards d’euros. « Tous les acteurs et experts s’accordent à dire que la filière ferroviaire est et sera en plein développement à moyen et long terme », souligne Mae Geymond, de la confédération nationale CGT. 

Alors comment Valdunes pourrait cesser son activité sans renier une stratégie politique affichée ? Pourtant, la réponse n’est pas aussi simple… ! « Nous avons perdu 2 millions d’emplois industriels entre 1982 et 2022. Depuis 2017, un solde positif de plus 60 000 emplois est annoncée. Néanmoins, la question reste entière, car même si globalement nous parlons de souveraineté industrielle, est-ce que Valdunes est un enjeu pour l’Etat ? », ajoute Baptiste Talbot, coordinateur de la CGT Fonction publique et en charge du dossier Valdunes.

Les leaders politiques sont arrivés sur site très rapidement au printemps dernier apportant un éclairage national indispensable. « La venue de Sophie Binet (secrétaire générale de la CGT) a été un véritable succès. Nous avons résisté aux tentations d’un fonds de pension ici ou là pour le choix d’une reprise en bloc sur Trith-st-Leger et Leffrinckoucke », précise Cédric Brun, syndicaliste et conseiller régional. 

Pour sa part, Ludovic Bouvier, responsable régional CGT de la filière métallurgie, est lucide sur les promesses au petit matin torpillée en fin de soirée, un sentiment de déjà vu flotte dans l’air : « La confiance est limitée avec les politiques. Nous avons connu des situations similaires et des promesses non tenues. C’est pourquoi, les luttes sont très importantes et je félicite les militants locaux pour leur pugnacité ».

Enfin, Maxime Savaux, le visage de la lutte sociale sur l’entreprise Valdunes est sans concessions : « A notre niveau, nous ne pouvions pas faire plus avant ces deux rendez-vous de janvier. Il n’en demeure par moins que l’Etat serait fautif en l’absence de reprise de Valdunes ».

A ce stade, le versement du CIR (Crédit Impôt Recherche) pour un million d’euros et le prolongement du dispositif de chômage, initiée durant la COVID, jusque la fin de l’année 2023 sont les seules mesures financières concrètes. 

Un mois de janvier décisif… !

Après un mouvement social fort au printemps dernier sur les deux sites nordistes, l’Etat, la région Hauts de France, et les syndicats ont approuvé une position commune à travers la volonté d’une reprise en bloc des deux sites industriels, la forge sur Leffrinckoucke et l’usine sur Trith-st-Léger. 

Dans cette optique, la fin de la remise des candidatures pour la reprise de l’entreprise Valdunes auprès de l’administrateur judiciaire, le mercredi 10 janvier à 12h, sera une première étape. « Nous espérons connaître dans le détail tous les éléments des éventuels repreneurs en fin de journée. A ce stade, l’administrateur judiciaire ne laisse rien filtrer ! », commente Maxime Savaux.

« Nous n’aurons que quelques jours pour réagir », ajoute Ludovic Bouvier. En effet, le mercredi 17 janvier, le Tribunal de Commerce de Lille rendra son verdict suite à la mise en redressement judiciaire et par ce biais une parenthèse économique. Toutefois, quelle que soit la réponse de la Chambre consulaire « tout ne sera pas fini. Les choses ne sont pas figées. La réponse finale appartient au Gouvernement », précise Ludovic Bouvier.

En effet, en propos liminaire, Baptiste Talbot rappelle un épisode du 1er mandat d’Emmanuel Macron où ce dernier avait surpris positivement avec la nationalisation partielle des « Chantiers de l’Atlantique » dans l’attente d’un meilleur avenir avec une réussite à la clé remarquée : « Pourquoi une nationalisation partielle ne serait-elle pas possible sur Valdunes ? ». Malgré cette preuve du possible, Roland Lescure (Ministre de l’Industrie) a renoncé avec un certain empressement suspect, au micro de l’hémicycle à l’Assemblée nationale, toute initiative d’une nationalisation même temporaire… ! 

Esprit de bloc emprunt d’une profonde lassitude

Deux salariés avec plus de 20 ans de Valdunes dans les bras et les coeurs étaient présents à cette conférence de presse. « C’est la 2ème fois que nous sommes en RJ (Redressement Judiciaire). Pour autant, cela fait longtemps que nous n’avions pas connu une telle mobilisation sociale. Nous avons un esprit de bloc pour le sauvetage des deux sites afin de garder le ferroviaire français », explique un salarié de Valdunes. 

Après 3 LBO (Leveraged buy-out) où au bout de 5 ans, les investisseurs veulent retrouver plus de billes que dans le paquet initial, l’investisseur chinois, MG Steel, a fait cahin-caha la même chose avec un investissement minimaliste, en mode Koh-Lanta, alors que « les deux sites ont besoin d’une profonde modernisation, la forge comme l’usine », déclare Maxime Savaux. 

Le candidat idéal !

Le secret espoir est l’émergence d’un repreneur industriel, et pas uniquement financier, avec une présence dans le tour de table de l’Etat et la région Hauts-de-France comme « un gage de pérennité tant sur la rénovation des sites industriels que pour la poursuite de l’activité industrielle », déclare Ludovic Bouvier.

Pour sa part, Maxime Savaux sait que la lutte ne s’arrêtera pas le mercredi 17 janvier, le point de départ d’une nouvelle page de ce fleuron industriel français, trois mots qui devraient justifier par essence économique ce sauvetage ou par cohérence politique plus simplement. « Nous ne laisserons pas retomber la pression sur ce dossier », conclut-il.

Seule chose gravée dans le marbre, la mobilisation sera bouillonnante le mercredi 17 janvier aux portes du Tribunal de Commerce de Lille, dès 8H30 !!!

Daniel Carlier

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