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(Saint-Amand) Patrimoine et accessibilité, un mariage compliqué !

La visite du Préfet de Région, Georges-François Leclerc, mais également du Sous-Préfet de Valenciennes, Guillaume Quenet, en compagnie du député Fabien Roussel, du Président de La Porte du Hainaut, Aymeric Robin, et du maire de Saint-Amand-les-Eaux, Alain Bocquet, a été l’occasion de mesurer la complexité d’un accès inconditionnel pour toutes et tous les citoyens aux bâtiments publics anciens, classés ou pas (Visuel de l’Echevinage sur la Grand Place).

(Prise de vue depuis la Tour abbatiale sur le chantier du Pont de la Reine Suzanne)

En février 2005, le gouvernement, sous la Présidence de la République de Jacques Chirac, ose franchir le Rubicon en votant une loi cadre sur le handicap, la première à reconnaître officiellement les 4 déficiences, moteur, visuel, auditive, et cognitive. Par là même, elle comble partiellement un retard endémique, en France et plus généralement dans les pays latins, sur cette thématique sociale. Trop longtemps confinées dans la cellule familiale à l’abri des regards, les personnes en situation de handicap ont des droits et notamment celui d’évoluer librement dans les espaces recevant du public, privés ou publics.

Au sein des multiples chapitres de cette loi chamboule-tout où on prend en compte l’accessibilité, comme depuis des décennies dans les pays anglo-saxons, la ligne d’arrivée de la mise en oeuvre était fixée au 31 décembre 2014. On connaît la suite, le chemin a été encore très long avant un respect de la loi par le monde de l’entreprise peu soucieux, en partie, de considérer ce public particulier comme les autres, voire des collectivités locales avec toujours un budget plus urgent que celui de l’accessibilité. Toutefois, les exemptions et les dérogations ont fleuri à juste titre, en particulier pour les bâtiments du patrimoine de nos villes et villages.

Et il est où l’ascenseur de l’égalité d’accès ?

C’est pourquoi, l‘Echevinage et la Tour abbatiale de la commune de Saint-Amand-les-Eaux sont un exemple frappant d’un volet administratif kafkaïen pour arriver à bonne fin. Comme l’aime à dire l’ancien Président de la communauté d’agglomération, la difficulté surgit « dès que l’on veut planter un clou sur un site classé ».

A la limite, peu importe que ledit bâti soit classé monument historique ou aux archives nationales, voire pas du tout, son ancienneté est source de problèmes. Ainsi, en 2023, la salle des mariages de l’Echevinage à Saint-Amand-les-Eaux ne bénéficie pas d’un ascenseur ou monte-charge. Les PMR, voire personnes âgées…, restent au rez-de-chaussée pour une cérémonie officielle, tristement éclairant. « Pour obtenir éventuellement une autorisation, nous devons présenter un projet global, alors que nous souhaitons uniquement, à ce stade, réaliser un ascenseur », tance le maire. Qui plus est, ce projet « serait financé à 100% sur nos fonds propres », ajoute Fabien Roussel, député et conseiller municipal de la commune. 

Le pouvoir immense d’un Préfet de Région pourra peut-être solutionner cette anomalie administrative au détriment de l’égalité entre tous les citoyens. En tout état de cause, ce dossier a avancé incontestablement entre gens de bonne volonté… 

Un pont signature

La découverte du Pont de la Reine Suzanne a beaucoup agité les claviers sur la cité thermale,  car cette pépite patrimoniale majuscule a posé bien des soucis au Conseil municipal ! Impossible de l’ignorer, très complexe sa mise en lumière comme un enfant devant un cadeau de Noël qu’il ne pourrait jamais ouvrir, hyper frustrant ! Chemin faisant, l’idée est venue d’un trait architectural sur les vestiges partiels de l’ancien pont devant la Tour abbatiale. 

Prise de vue du chantier devant la Tour abbatiale

Cette gageüre va nécessiter des fonds conséquents, 1 861 403 euros, mais « le mécénat gonfle régulièrement. Nous avons atteint 350 000 euros à ce jour », déclare Alain Bocquet. Cette réalisation présentée et votée par la majorité municipale, au grand dam de l’opposition, sera achevée durant l’automne 2024. Assurément, cette signature patrimoniale sera un objet d’attrait touristique pour des décennies. 

Comme rien n’interdit de rêver, le maire a présenté un vieux projet de 40 ans, que l’architecte du patrimoine local a repris au goût du jour. Ce dernier consisterait dans la construction d’un espace traversant, en mode pyramide du Louvre, reliant la Tour abbatiale et l’Echevinage, ambitieux ! Clairement, nous parlons d’un projet au très très long cours. 

En conclusion, on notera que la 1ère grande loi sur le handicap est intervenue sous la Présidence d’un couple avec une enfant (adoptée) en situation de handicap. Oui, le vécu est important en politique !

Daniel Carlier

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