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Haveluy, sérénité locale malgré la tempête globale

Commune de 3233 habitants, Haveluy symbolise parfaitement la petite collectivité locale écartelée entre une gestion budgétaire prudentielle, un programme électoral ambitieux à réaliser, et une kyrielle de signaux faibles, voire très puissants, concernant la mise sous tutelle financière des localités françaises, un scandale d’Etat à bas bruit ; rencontre avec Jean-Paul Ryckelynck, maire depuis 2014 de cette commune du Denaisis, afin d’évoquer ce 2ème mandat municipal à la moitié du gué.

(Soirée bilan mi-mandat du vendredi 27 octobre) 

Le destin contraint de la périurbanité française 

Ancien cadre de la CPAM du Hainaut, futur retraité durant le 1er trimestre 2024, Jean-Paul Ryckelynck entame en propos liminaire la situation de son parti politique de coeur, le Parti socialiste. Adhérent à ce mouvement politique de gouvernement depuis juin 1981, il constate un état des lieux problématique. « J’ai connu beaucoup de crises au P.S, des congrès houleux, des motions…, mais je me retrouve difficilement dans la stratégie d’Olivier Faure et une NUPES mise à mal par Jean-Luc Mélenchon. Pour autant, ma ligne demeure plutôt une révolution interne contrairement à l’initiative de Bernard Cazeneuve hors du P.S ». 

« Un faux départ pour ce début de mandat », Jean-Paul Ryckelynck

Le 15 mars 2020, la liste du maire sortant a été élue sans coup férir, 87,92% des votes avec 66,11% de participation, mais la « fête a été gâchée avec cette pandémie où l’ancienne équipe était encore aux commandes et la prochaine installée seulement le 28 mai. Avec 60% de nouveaux élus (un ratio énorme), ce fut compliqué. C’était un faux départ pour ce début de mandat où nous avons dû freiner pendant deux ans la nouvelle équipe municipale », commente Jean-Paul Ryckelynck. La liste sortante a obtenu 22 sièges sur 23 avec malheureusement 2 décès dans la majorité municipale depuis l’élection.

« Nous gardons le cap », Jean-Paul Ryckelynck

Evidemment, la succession des crises, sanitaire, énergétique, sans oublier l’inflation sur les produits alimentaires et autres… a impacté toutes les collectivités locales, notamment dépourvues de bouclier tarifaire énergétique. « Plus que la pandémie, c’est la crise financière la plus problématique pour les communes », commente Jean-Paul Ryckelynck.

Travaux en cours sur l’Hôtel de Ville

Pour autant, le respect du programme d’investissement, malgré les crises, prédomine sur Haveluy. « Entre 2020 et 2022, nous avons investi 2,8 millions d’euros, dont 60% de subventions. Le projet phare de ce mandat est en cours, en l’occurrence la réhabilitation de l’hôtel de ville existant et son extension (salle des fêtes). Toutefois, sur ce dossier, nous réalisons des travaux utiles, pas de superflu. L’objectif est un regroupement des agents de la commune sur un même site. Ensuite, l’hôtel de ville n’est pas accessible à ce stade pour les PMR, nous devons donc apporter un meilleur confort d’accueil pour notre population », explique le maire.

Pour ce qui concerne le parking devant la mairie, il fera « l’objet d’une requalification complète dans le cadre d’un projet et une ouverture des établissements scolaires vers le centre-ville », ajoute-t-il.

Sur le volet équipement, l’équipe municipale a transformé « le club de tennis en salle polyvalente omnisports. De même, nous avons construit deux terrains de tennis extérieurs », précise-t-il.

Sur ce mandat, d’autres opportunités sont sur la table comme la préemption de l’ancien dispensaire des mines. « Nous ne voulions pas que ce site file dans le privé. Nous avons travaillé à cet effet avec l’EPF (Etablissement Public Foncier) pour son rachat à hauteur de 85 000 euros. Nous y installerons une Maison des Associations avec des salles d’expositions », déclare l’édile de la commune.

Enfin, comme pour toutes les autres communes, la rénovation des voiries et trottoirs demeurent un point de critiques indétronable, comme la propreté, pour les habitants. A ce titre, la commune a investi 90 000 euros depuis 2020. 

En résumé, les crises successives, voire additionnelles, n’ont pas altéré la capacité d’investissement de la commune d’Haveluy. « Nous gardons le cap », conclut Jean-Paul Ryckelynck. En terme de chiffres, le baromètre d’une comptabilité publique locale est sa capacité de désendettement de cette dernière, elle est de 3,06 années sur Haveluy. Un bon chiffre au regard des autres collectivités locales du Valenciennois, elle constitue une donnée rassurante pour les administrés et les financeurs extérieurs.

Le fonctionnement sous perfusion

Cette crise financière n’est pas sans conséquence sur les finances de la commune. « Heureusement, nous n’avons pas dépensé tous azimuts durant le 1er mandat et agi avec prudence », explique le maire.

L’effectif de la commune n’a pas diminué, malgré la hausse du point d’indice, la fin des contrats aidés…  A ce stade, la commune d’Haveluy bénéficie de 8 agents administratifs, 6 techniciens, plus une vingtaine d’agents pour les deux établissements scolaires (Un Groupe scolaire et une école maternelle pour 392 élèves au global). Ensuite, 13 personnes en PEC (Parcours Emploi Compétences) ont été engagées même si « avec les anciens contrats aidés, nous avions 80 à 90% de financement d’Etat ; aujourd’hui, nous avons entre 40 et 50% de financement », indique Jean-Paul Ryckelynck.

Le marteau budgétaire consécutif à une inflation galopante amène les communes à trouver ailleurs la bouée de sauvetage. « Sans les 260 000 euros annuel de Dotation de Solidarité versés par La Porte du Hainaut, nous ne pourrions pas boucler notre budget. Ensuite, pour le projet « Hôtel de Ville », nous avons bénéficié d’une enveloppe de 200 000 euros à travers le Fonds de soutien à la Ruralité, voté dans le 1er budget de la CAPH, et un fonds de concours de 443 000 euros sur le mandat », explique le maire.

Pour autant, cet état des lieux financier inquiète « compte tenu d’une baisse de la DGF, initiée sous François Hollande. Ensuite, la fin de la taxe d’habitation n’est compensée que sur les bases financières en 2017 et non indexées depuis cette date. Aujourd’hui, la commune d’Haveluy est financée grâce à 70%  à des dotations », explique l’édile. A ce niveau, nous pouvons parler de tutelle financière d’Etat avec une perte d’autonomie locale. Sur ce point, on a du mal à comprendre la volonté de l’Etat, depuis plusieurs gouvernements, de supprimer tous les relais de démocratie de proximité même si la Covid a freiné cet enthousiasme de l’exécutif… 

C’est pourquoi, un (ré)équilibrage de la mixité sociale au sein de la commune constitue le fer de lance de cette fin de mandat. « Nous avons 70% de locataires et 30% de propriétaires. Dans cette optique, plusieurs programmes de logements en cours ou à venir sont nécessaires pour Haveluy ». Voilà une piste de recettes supplémentaires pour de nombreuses communes françaises à l’heure de la ZAN (Zéro Artificialisation Nette) où les espaces fonciers consommés doivent se réduire de 50% d’ici 2050. Il faut mesurer la contradiction budgétaire assez stupéfiante. 

Malgré cette contrainte, le soutien aux familles et aux espaces du monde scolaire demeure sans faille. « Il y a un Kit de rentrée scolaire de 20€ par famille, plus 17 euros versés, par enfant, à la coopérative scolaire pour l’achat du matériel », précise le maire. Ces aides financières étant cumulables avec les allocations d’Etat.

« Je suis fier de toute mon équipe municipale », Jean-Paul Ryckelynck

Toutes les époques ont une particularité. Depuis les élections 2020, l’arrivée de 40% de nouveaux élue.s en France a modifié les rapports entre eux. « Avant, il était possible de ne pas parler à un groupe d’élus d’une autre couleur politique, notamment à l’agglo. Cette époque est finie. Je m’entends très bien avec Anne-Lise Dufour, la maire de Denain, comme avec Salvatore Castiglione, le maire de Wallers. Les élu.e. se retrouvent sur les grands sujets de société ou locaux. Néanmoins, je suis inquiet face à la perte de valeurs, les citoyens n’ont plus de repères politiques », commente le maire.

Au niveau communal, la couleur politique importe peu, car « je ne connais même pas, à part quelques élus cartés comme moi, leur sensibilité politique. Je suis fier de toute mon équipe municipale et je constate une grande solidarité entre nous », conclut-il.

Voilà brièvement le résumé d’une collectivité locale périurbaine où la sérénité de l’édile d’Haveluy « où il fait bon vivre, une ville calme et sereine » contraste avec une situation économique et sociale complexe au niveau national et plus largement sur l’avenir des conflits mondiaux que nous connaissons. Le monde est un village et chaque lever de soleil nous le rappelle !

Daniel Carlier

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