Première rentrée solennelle de la Faculté de droit et d’administration publique à l’UPHF
Malgré une création au XXème siècle, la Faculté de droit et d’administration publique, aujourd’hui au sein de l’Institut des Humanités de l’UPHF, n’avait jamais organisé une rentrée solennelle. Nicolas Leblond, le doyen de la Faculté, a donc voulu marquer les esprits pour cette première avec un parrain de prestige, Vincent Vigneau, le Président de la Chambre commerciale de la Cour de Cassation.
Vincent Vigneau : « Le magistrat est un acteur de la régulation sociale ! »
Evidemment, le Président de l’Université Polytechnique Hauts-de-France, Abdelhakim Artiba autour de plusieurs VP, était ravi de cette initiative au sein de la maison du savoir. Aujourd’hui cette université irrigue le Grand Hainaut (Cambrésis, Avesnois et Valenciennois), elle est aussi « ouverte sur toutes les connaissances avec une vision européenne et internationale. Je vois ici toutes les professions du Droit représentées, mais également une assistance massive des étudiants à cette manifestation », souligne le Président.
Pour le Doyen, cette « 1ère cérémonie symbolise une Faculté dynamique et attractive. La présence de toutes les professions du Droit, magistrat, avocat, greffier, huissier, enseignant, La Directrice de la Banque de France, le commissaire divisionnaire de la Police nationale, l’adjudante de la Gendarmerie, voire des élus du Grand Hainaut, en témoigne. 1 400 étudiants sont inscrits à cette Faculté de droit et d’administration publique », commente Nicolas Leblond.
Après des préfabriqués, à coté du site de la Gendarmerie, sur le boulevard Harpignies, les apprenants sont aujourd’hui basés dans un bâtimentaire sur les Tertiales. « Nos étudiants bénéficient d’un cade de vie de qualité, ils ne sont pas perdus non plus au niveau de la masse. Ils peuvent échanger avec leur enseignant dans leurs couloirs. Ici, une filière complète du Droit de haut niveau jusqu’au Doctorat est possible », poursuit Nicolas Leblond. Concrètement, les débouchés dans la fonction publique territoriale, hospitalière, et autres, comme une formation vers toutes les professions du Droit sont actives sur le Grand Hainaut.
La loi et le juge
En Visio, le 1er parrain de la licence de Droit s’est exprimé sur un sujet central concernant notre regard collectif sur la chose jugée. En expliquant le parcours, à travers les siècles, du code, de la norme, et de la montée en puissance de la jurisprudence, Vincent Vigneau pose les bases de l’Etat du Droit et le rapport entre le juge et la loi.
Sa plume d’écrivain le pousse peut-être a démarré son propos par une référence à William Shakespeare. En effet, son célèbre ouvrage « Le Marchand de Venise », et sa livre de chair, pose déjà les bases complexes de l’intangibilité du contrat. « Ainsi, au XVIème siècle, l’application raisonnée de la règle, de la loi, et de son équilibre apparaît évidente. De plus, l’autorité de la jurisprudence contribue à l’élaboration du Droit », explique le Président de la Chambre commerciale de la Cour de Cassation.
L’intervention magistrale de Vincent Vigneau s’est efforcée aussi de planter une graine de vie au sein d’une matière, le Droit, jugée parfois par le commun des mortels décalée, inhumaine, injuste, et pourtant elle est la colonne vertébrale d’une démocratie avec ses atouts et ses faiblesses.
C’est pourquoi, le rôle du juge est devenu central dans cette appropriation et acceptation de notre Etat de Droit. « Certes, le juge doit statuer. D’ailleurs, il ne peut refuser de le faire même en cas d’ambiguïté de la règle de Droit. A cet effet, il élabore lui-même une norme de fait. Le juge est un créateur du Droit, c’est un acteur de la régulation sociale ! ».
L’autre point majeur dans l’évolution de la justice est l’approche plus moderne, au fil des décades, des textes. « Le Code n’est plus un objet de culte, mais un outil de travail. C’est quelque part la résurrection du juge où la jurisprudence devient une norme, une source de droit », ajoute-t-il.
L’addition des paramètres de cette équation implique nécessairement une formation de haut niveau, la pensée propre en phase avec le Droit en vigueur constitue la base de la justice française. Le citoyen doit accepter qu’une décision de justice peut être différente d’un ressort à l’autre, même basée sur des textes identiques, car l’humain fait partie de l’équation, imparfait comme chacun, d’où une base de formation irréprochable à emmener dans son bagage pédagogique.
Pour conclure cette intervention de cet invité d’honneur, Nicolas Leblond, met en exergue « le rôle du juge en évolution et la décision non arbitraire autour d’un processus réflexif ». Afin de poursuivre cette soirée, les filleuls de Valenciennes auront l’occasion de visiter la Chambre commerciale de la Cour de Cassation, un lieu prestigieux.
A toutes les pensées réticentes à la justice rendue en France, on pourrait répondre la célèbre phrase d’Abraham Lincoln, ancien Président des Etats-Unis, s’appliquant à toutes les fonctions régaliennes de l’Etat dans une démocratie : « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez donc l’ignorance ! ».
Daniel Carlier