Sandrine Gombert, trois années en mouvement à Petite-Forêt
Comme plusieurs nouveaux édiles du Valenciennois, Sandrine Gombert a été élue au second tour de la municipales 2020 dans un entre-deux politique improbable compte tenu de la pandémie. Maire de Petite-Forêt, commune atypique dont les ressources financières demeurent significatives même si l’érosion est palpable comme partout ailleurs dans les collectivités locales françaises ; rencontre avec la première magistrate pour son ressenti sur cette première moitié de mandat.
Sandrine Gombert le reconnaît, en 2020, le mode opératoire de cette élection en deux temps distancié assortie d’un confinement strict fut « violent ». Bien sûr, comme candidate de l’ancien maire Marc Bury, ce dernier l’a informé des dispositions mises en oeuvre durant cette crise sanitaire. A sa prise de fonction, pas de « révolution, la politique de la majorité demeure dans la ligne de l’ancien maire, mais je mets mon empreinte », souligne-t-elle.
Le temps qui passe fait évoluer les consciences, le sujet caractéristique est celui de la vidéo surveillance au sein des collectivités locales où une génération de maire, notamment du 20ème siècle, défendait le volet liberticide l’emportant sur toute autre question de sécurité. Loin est de ce temps, car « notre proposition d’installation de caméras de vidéo a fait l’unanimité, elle a satisfaite tout le monde ».
Ecologie et urbanité
Oui, l’écologie urbaine fait également des sujets au long cours où la ligne de pensée se modifie. La demande change même s’il n’est pas toujours évident de réaliser ce verdissement. « J’essaye d’apporter une coloration verte dans Petite-Forêt, sur les places de stationnement, et bien sûr les pistes cyclables. Nous devons adapter la pratique du vélo pour le déplacement domicile travail. Personnellement, je fais chaque jour le trajet en vélo de Petite-Forêt au lycée Wallon (enseignante) et je me dis pourquoi je ne l’ai pas fait avant ? ».
A ce titre, le plan cyclable de Valenciennes Métropole a pris en compte la demande de l’édile de Petite-Forêt afin de « relier la RD 70 à la RD13. De même, il y a des réflexions et un travail sur un projet de réhabilitation à la sortie de l’autoroute vers le site Auchan, mais également des nouvelles dessertes de bus », ajoute-t-elle.
Toujours sur le volet écologique, la réduction de la consommation électrique est un défi quotidien et plus encore durant un hiver avec une hausse du coût de l’énergie exponentielle. « Actuellement, nous avons 1/3 des lampes en LED, mais nous avons budgétisé le passage en LED des 2/3 restant en 2023/2024 pour un coût de 500 000 € à 600 000 € », poursuit Sandrine Gombert. Evidemment, toutes les pistes d’économie énergétiques sont traquées par cette municipalité comme toutes les autres.
Enfin, le travail bâtimentaire est le plus ingrat tant les dossiers sont chronophages. Néanmoins, Petite-Forêt va transformer l’isolation de l’école Saint-Exupéry, une classe maternelle et une classe élémentaire pour 150 000 euros.
Une situation financière atypique, mais…
Ce n’est pas un scoop, Petite-Forêt bénéficie d’une belle ressource financière à travers l’implantation foncière d’un pôle commercial. Toutefois, l’érosion des finances publiques est visible là également. « En 2016, nous avions encore 800 000 euros de DGF. L’année prochaine, nous ne toucherons plus rien. C’est pourquoi, durant ce mandat nous ne ferons pas d’emprunt afin de réduire notre dette », explique Sandrine Gombert.
En 2023, le passage au dessus de la barre des 5 000 habitants va impacter également les finances de la commune. « Nous ne toucherons plus les subventions du département pour les communes de moins de 5 000 », précise-t-elle.
En résumé, avec la suppression de la ressource fiscale directe, la fameuse taxe d’habitation, ne laissant que la taxe foncière et la taxe d’habitation pour les résidences secondaires, les collectivités locales sont sous perfusion. A ce titre, une ville potentiellement quasi financièrement autonome, en terme de ressources, se voit coincer dans un étau, un peu comme Saint-Saulve… ! C’est sans doute le grand échec des deux gouvernements successifs de la majorité présidentielle, sa vision de l’institution de proximité est complètement déconnectée de la réalité d’un quotidien citoyen. C’est une réforme pertinente uniquement sur tableau excell !
Le handicap, un sujet central
Sur ce point où la thématique du handicap gagne du terrain dans le milieu ordinaire des communes françaises, Petite-Forêt n’est pas en reste. En effet, depuis cette année, l’Ecole Saint Exupéry accueille 8 enfants autistes au sein d’une classe adaptée.
Dans cette optique, la ville muscle son management en la matière, car « nous embauchons un référent handicap et responsable du LALP », précise-t-elle.
La police pluracommunale en question
La sortie de la police pluracommunale par le maire de Beuvrages avait agité la communauté politique autour du Valenciennois. D’ailleurs, l’opposition du Rassemblement National sur Petite-Forêt reprend les arguments d’Ali Ben Yahia : « Nous voulons que nos 3 policiers municipaux soient présents en permanence à Petite Foret au service des Franc-Forésiens ».
La réponse de l’édile fuse : « Je ne sortirai pas de cette police pluracommunale. Je n’ai pas les moyens de financer seule cette police municipale. Il faudrait que j’embauche 2 agents ! Ensuite, nos policiers sont prioritairement sur notre commune et nous bénéficions d’une équipe mixte en action en été de 8h à 21h et de 8h à 20h en hiver ».
Sur le rapport avec l’opposition en général, Sandrine Gombert « pense que nous écoutons l’opposition dans toutes les commissions, mais lorsqu’elle est présente ».
La relation intercommunale
La première magistrate de Petite-Forêt est également conseillère régionale, elle explique à ce titre le position du Conseil régional au sein de Valenciennes Métropole. « Je suis dans une commission et tous les maires sont invités au Bureau même si les simples élus communautaires n’ont pas le droit de vote ».
Evidemment, le sujet du centre pénitentiaire l’a frappé a plus d’un titre. « Sur le fond, je suis favorable à l’installation d’un centre pénitentiaire sur le Valenciennois. Par contre, sur la forme, je suis d’accord avec Jean-Noël Verfaillie, nous n’avons pas échangé entre élus communautaires sur les conséquences d’un tel projet ! », commente Sandrine Gombert.
Et elle va plus loin, si le lien direct n’est pas établi entre la loi ZAN et les conséquences de cette prison sur le Valenciennois, elle anticipe ce coup de canif dans le contrat de l’EPCI « comme un 1er pétard de la loi ZAN au sein de Valenciennes Métropole (et des autres agglo), il y aura d’autre conflits entre les communes »… avec sans le dire une telle absence de concertation !
Petite-Forêt, plus village que ville in fine !
La réalité d’une ville comme Petite-Forêt est celle d’une collectivité de petite taille : « C’est un grand village avec des problèmes de ville ». Malgré cette géométrie urbaine éclatée, la maire a un « objectif assumé de rapprocher les quartiers comme à travers une piste cyclable entre le quartier du Bosquet et le collège Pierre-Gilles de Genne », commente Sandrine Gombert.
D’ailleurs, en terme de communication, si le passage sur les réseaux sociaux « est indispensable et nécessaire », Petite-Forêt est encore un grand village où le bilan mi-mandat est distribué en porte à porte par la majorité municipale (Bilan mi-mandat Petite-Forêt).
Daniel Carlier