Le SNU (Service National Universel) sème la discorde !
Comme si une contestation nationale ne suffisait pas, une nouvelle polémique est sur la table avec une potentielle obligation d’effectuer le SNU (Service National Universel) pour les jeunes de 15 à 17 ans, garçons et filles, même si tout reste assez flou sur cette éventualité ! Concrètement, le SNU est en tournée promotionnelle dans toute la France. A ce titre, une étape s’est installée ce mercredi 03 mai à Valenciennes, Place du Marché aux Herbes, où un comité d’accueil organisé l’attendait… !
Afin de mieux cerner l’objet de la discorde, il faut préciser exactement de quoi nous parlons. En l’espèce, le 03 mai 2023, le SNU est composé en deux étapes : La phase 1 est un séjour de cohésion, durant 12 jours, où les encadrants donnent les outils aux jeunes à travers des rencontres métiers de la fonction publique, armée, éducation, soignant, mais également dans le tissu associatif. La phase 2, dans la même année que la première étape, implique un engagement de 84 heures dans une mission d’intérêt général, en somme du bénévolat, dans le domaine de leur choix, le calendrier, et même en groupe ou à titre individuel. « Ces deux étapes sont indispensables pour valider votre SNU. Ensuite, vous pouvez réaliser une phase 3, jusqu’à 25 ans, en France ou à l’étranger pour une durée de 3 à 12 mois. Cela peut s’inscrire dans le cadre d’un service civique, mais pas obligatoirement », commente le chef de projet SNU dans le département du Nord.
Evidemment, la question brûlante est le caractère obligatoire ou pas de ce SNU. « Ce dispositif a été créé en 2019 à titre expérimental dans 13 départements, 2020 la Covid, et retour en 2021, mais cette fois sur les 101 départements. Il y a eu environ 50 000 volontaires depuis 2019 et il reste sur le principe du volontariat. A ce stade et à court terme, le SNU n’est donc pas obligatoire, mais je ne peux pas m’engager au delà », ajoute-t-il.
Concrètement, différentes structures sur le Valenciennois accueillent des jeunes en SNU comme l’ENTE à Valenciennes « où nous avons reçu 2 séjours de cohésion (phase 1) et 12 séjours en mission d’intérêt général (phase2) », explique le responsable des partenariats à l’ENTE.
« Cet argent serait plus utile dans l’Education nationale », Lilou
Une cinquantaine de manifestants étaient présents devant le stand du SNU avec une forte présence policière, partis politiques comme jeunesse communiste, NPA, et des syndicats comme la CGT, le FSU, quelques casseroles et le chant bien connu des Gilets Jaunes. Ce mouvement de contestation est né suite à des déclarations au plus haut niveau sur l’éventualité du passage d’un volontariat à une obligation du SNU, et là l’ensemble du dispositif passe au scanner des critiques, une IRM sur le fond et sur la forme, une moulinette à retardement.
« Les bons petits citoyens ne sortent plus de l’école, faute de moyens, alors on choisit de les embrigader avec le SNU. Les jeunes ne sont pas là pour chanter la Marseillaise le matin », tance Camille de la Jeunesse communiste. Il ajoute que le coût financier à la clé n’apporte rien d’autre qu’un repli des libertés individuelles : « C’est une contrainte, un engagement obligatoire en quelque sorte même si ces mots sont contradictoires ».
Pour sa part, Lilou met en exergue l’argent public. « Le coût est estimé en milliards. Cet argent serait plus utile dans l’Education nationale là où nous voyons que les moyens manquent. De plus, c’est encore du temps pris (potentiellement) sur le temps scolaire. L’école a changé même avant la crise sanitaire ! ».
Ensuite, il y a des bruits en coulisses avec des annonces « d’un code pour le permis de conduire, un BAFA…, mais on attend la réalité de ces annonces au sein de ce SNU. Rien n’est acté ! », poursuit Camille. L’idée serait intéressante, mais « pourquoi dans ce cadre du SNU, on peut envisager un autre dispositif ! », souligne Lilou.
Incontestablement, les jeunes ne souhaitent pas une version obligatoire du SNU, une contrainte… tout simplement, car ils ne supportent plus du tout ce carcan social, cet habillage institutionnel réduisant leur liberté individuelle. Il faut se le dire, les réponses du XXème siècle ne correspondent plus du tout à la jeunesse française en 2023.
Daniel Carlier