A « COR » et à cri contre la Réforme des Retraites !
Ce vendredi 10 mars, un nouveau meeting de la NUPES se tenait sur le Valenciennois grâce à la mise à disposition gracieuse de la municipalité d’Onnaing. Bien sûr, le point central du propos se concentrait sur la lutte, sans aucun signe de lassitude, contre la Réforme des Retraites avec des locuteurs principaux de choix ; évidemment, le local de l’étape, Fabien Roussel (PCF), Stephanie Bocquet (EELV), Alexis Corbière (LFI), Roger Vicot (PS), et Arash Saeidi (Génération S).
Le premier enseignement de ce meeting est que la NUPES vit bien en province, loin des dorures de la République, les preuves d’amour sont ostensibles entre les participants tous conscients que l’union sera bien plus profitable dans la rue aujourd’hui et dans les urnes demain.
En propos liminaire, Xavier Jouanin, l’édile de la commune, pose le décor de ce choix de vie avec une suggestion simple « faisons travailler nos jeunes plus tôt et pas nos aînés plus tard ». Pour sa part, le conseiller régional, Julien Poix ex candidat dans la 19ème en 2017 où une union de la gauche, style NUPES, aurait permis d’éviter l’élection de Sébastien Chenu, met en exergue « une réforme inutile et violente ». Chaque intervenant à démonter avec application les arguments du Gouvernement, sans oublier de détailler le rapport du COR (Conseil d’orientation des retraites) sur le temps long.
Un meeting dont la temporalité intervient le jour d’un échange épistolaire entre l’Intersyndicale et le Président de la République, mais également concomitant avec la sortie d’une nouvelle arme constitutionnelle. Décidément, après une spécialisation dans les variétés de chars lourds à envoyer en Ukraine, les Françaises et les Français seront incollables sur la constitution avec en filigrane, sous la plume de Miche Debré, une mise en lumière d’un historique rédactionnel de la Constitution française, en 1958, très favorable à l’exécutif en place avec toujours une solution de secours… ! Vous avez dit autocratie !
« Unis et Solidaires », Stéphanie Bocquet
La conseillère départementale du Nord, du parti EELV, travaille la sémantique du Gouvernement « nous parlant d’une réforme juste. Puis, sentant que leur mensonge était trop visible, ils ont changé leurs mots. Aujourd’hui, ils nous évoquent une mesure d’effort… ! Face à cela, nous devons rester unis et solidaires afin de manifester dans la rue, et dans le Valenciennois ce samedi 11 mars, et cela va se poursuivre la semaine prochaine ».
« 2 projets de société », Arash Saeidi
Pour le représentant de la Génération S, Arash Saeidi, le choix d’une jeunesse concernée « est de travailler mieux, consommer mieux, et vivre mieux. Nous devons rester unis, sans hégémonie et ce n’est pas toujours simple, face à cette réforme sociale régressive. Il faut aller au bout coûte que coûte, car nous sommes en face de deux projets de société ».
« Ce ne sont pas les solutions qui manquent », Roger Vicot
Pour le député PS du Nord, Roger Vicot, la problématique financière avancée par le gouvernement n’est qu’un écran de fumée : « La simple égalité salariale Hommes/Femmes avec des cotisations supplémentaires s’évaluent entre 10 et 11 milliards. Si vous y ajoutez une taxe sur les superprofits, vous comblez le déficit temporaire, durant quelques années (avec les boomers), de la Caisse des Retraites. Ce ne sont pas les solutions qui manquent ».
Pour rappel, l’Etat verse pour financer ses retraites 13,8% de son PIB afin d’alimenter la Caisse des Retraites.
« Ni juste, ni justifiée », Alexis Corbière
Un locuteur inattendu, mais très complice avec Fabien Roussel, était de la partie. En effet, Alexis Corbière dont un discours est toujours teinté de références historiques bien claquées était au pupitre dans cette enceinte acquise au député PCF du Valenciennois. « Etre dans le Nord, ce n’est pas rien pour un homme de gauche », entame-t-il.
Effectivement, cette terre, cette région de gauche qui a perdu successivement le Conseil départemental, la région, et bon nombres de parlementaires est en quête d’un renouveau qui ne passera que par l’union. La dernière union nationale de la gauche écologique pour la campagne de l’élection régionale, avant même l’émergence de la NUPES, est assurément une amorce d’un avenir meilleur dans les urnes.
« Le sujet du financement de la Caisse des Retraites n’est pas un problème de recettes, mais celui d’une baisse des cotisations. Revenons sur les exonérations de cotisations… Clairement, il n’y a pas de problème structurel, mais conjoncturel. Cette réforme n’est ni juste, ni justifiée », explique Alexis Corbière. Il loue, comme les autres intervenants, l’unité de cette intersyndicale « gloire à elle ! ».
La suite de ce mouvement doit passer, selon lui, par la grève. « Déjà en 1789, Mirabeau disait – Pour être magnifique, le peuple n’a qu’a être immobile ». Cette citation puissante introduit également le rôle du Rassemblement National dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Un propos pas au hasard sur un territoire où le plus haut représentant institutionnel, au suffrage direct, de la République est Sébastien Chenu, vice-président de l’Assemblée nationale. « A quoi sert un député.e du RN. Ils ont déposé moins d’amendements que le parti présidentiel (Renaissance). Le RN, c’est le Canada Dry, ni le goût, ni l’odeur, ce n’est pas un ami du peuple ».
« Un parlement humilié », Fabien Roussel
Le député de la 20ème circonscription rappelle « les records de mobilisations durant les dernières manifestations. Cette situation est grave et sérieuse ». Ensuite, il distille cet épisode parlementaire qui restera dans l’histoire assurément. En terme de solutions de financement, le nerf de la guerre, il avance son projet : « Taxons le capital, car lui ne cotise pas à la Sécurité sociale, mais paye des impôts, avec un taux identique aux fiches de salaire, soit 11% ».
« Après le 49-3 (disponible à profusion pour un vote budgétaire) pour le vote des budgets, l’Etat a sorti le 47-1 afin d’écourter le temps du débat parlementaire sur un projet de loi contraint durant 50 jours tout compris. C’est le 47-1 ! Aujourd’hui (vendredi 10 mars), le Gouvernement nous sort le 44-3 avec le choix d’examiner les amendements uniquement choisis par l’exécutif, 70 sur 1 000, donc essentiellement LR, et de procéder à un vote bloqué à la fin du débat. C’est un coup de force du Sénat de la Chambre haute. Le Gouvernement fait preuve d’une grande fébrilité, car même dans les rangs de la majorité élargie (LR et centristes) , vous avez 25 abstentions et 14 contre dans les rangs de la droite et du centre », commente Fabien Roussel. Rappelons que cet article 44-3 fut utilisé 250 fois sous la 5ème République, mais c’est la 1ère fois qu’il sort du bois constitutionnel, abscons à souhait !
Ensuite, il détaille la suite de la mobilisation, le mercredi 15 mars, le jour de la CMP (Commission Mixte Paritaire) qui va déterminer « avec 7 sénateurs et 7 députés à huis clos, hors caméras, les amendements choisis pour un vote solennel devant l’Assemblée nationale le jeudi 16 mars ou le vendredi 17 mars. Faisons pression sur tous les député.e.s afin qu’ils prennent consciences de leur vote la semaine prochaine », ajoute-t-il.
Histoire à suivre et à vivre… !
Daniel Carlier