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Dépôt de bilan à l’Assemblée nationale

Il faut avouer que la nouvelle majorité relative, issue des législatives en juin 2022, s’annonçait prometteuse tant les lois soumises au débat entre les députés, initiées par l’exécutif, voire en provenance de l’opposition via les niches parlementaires, nécessitent le plus large consensus et compromis face à un corpus sociétal sous tension urbi et orbi. Quinze jours de débâcle parlementaire où sur 20 articles, 2 ont été votés in fine, une NUPES démantelée avec La France Insoumise obnubilée par l’obstruction parlementaire, un Rassemblement national transparent, un parti LR écartelé, une majorité dépassée…, bref sauve-qui-peut !

15 jours dédiés à la promotion de l’abstention… dans les urnes !

Ce vendredi 17 février minuit, il n’y avait que La France Insoumise pour chanter après le renvoi du texte initial de la Réforme des Retraites vers le Sénat. Le constat est terrible, les représentants de l’Assemblée nationale n’ont pas débattu des articles clés, le 07, 08 et 10, notamment sur le coeur de la réforme. Qui peut dire si les députés auraient donné une majorité à cette réforme portée par Elisabeth Borne, la première ministre ?

En effet, compte tenu que le parti Les Républicains, malgré une motion votée en faveur de cette loi au sein du parti, laissait son député Aurélien Pradié partir à l’abordage afin de poser des questions sur un amendement dont il est co-signataire, tout en feignant de ne pas comprendre les réponses…, tout semblait basculer avec une impression indicible que la représentation nationale était fébrile à ce moment. D’ailleurs, la conséquence le jour d’après est que ledit parlementaire Aurélien Pradié a été démis de ses fonctions de numéro 2 au sein du parti les LR. Néanmoins, fort de cette attitude 100% politique, un vote ce 17 février contre cet article 7 était possible tant l’épiderme de cet hémicycle semblait incontrôlable ce vendredi soir, il y avait clairement une fenêtre de tir démocratique. Sauf nouveauté, pour gagner un combat électoral dans une enceinte républicaine, il faut au moins se présenter devant l’urne, et en cas de défaite, un vote légitime d’une Assemblée plénière élue n’est pas une insulte tout en ne signifiant en rien que son application soit gravée dans le marbre, nous avons eu un précédent célèbre sous Jacques Chirac.

Dans ce contexte épidermique, la France Insoumise a choisi sa propre voie politique et solitaire, insultes insupportables, menaces directes, invectives lunaires, manoeuvres tous azimuts dont la découverte, pour les non initiés, du fameux Rappel au Règlement utilisé pour tout et n’importe quoi. Jean-Luc Mélenchon, dans les coulisses, avait la main mise sur les paroles et les gestes des députés de la France Insoumise et son compte tweeter, nouveau censeur de la démocratie française.

La Nupes, acte 2, sera très difficile à reconduire pour les prochaines élections nationales ou européennes, une alliance éphémère, mais au regard des suites de la présidentielle en 2017 où Jean-Luc Mélenchon a malmené pendant 4 ans et demi les 3 autres partis d’une gauche écologique, ce n’est pas une surprise. Ce coup de poker politique, très réussi en juin 2022, n’était qu’un écran de fumée, car l’égo du leader de LFI est incommensurable supérieur à l’unité d’une gauche écologique et populaire. On retiendra que l’acte de décès de la NUPES a été validé ce 17 février 2023 et sera publié à l’occasion des prochaines élections européennes, voire avant tant l’imagination de LFI est impressionnante en matière de sabordage politique.

Pour sa part, le Gouvernement et ses parlementaires associés n’ont pas même pas réussi à voter (plus de 40 absents dans la majorité parlementaire) l’article 2, amateurisme confondant, et repousse une niche parlementaire du P.S sur le ticket de restaurant universitaire à 1 euros, consternant !

Même les syndicats ont fait ce constat, notamment Laurent Berger leader de la CFDT, soulignant peu avant minuit « un spectacle désolant à l’Assemblée nationale, au mépris des travailleurs, honteux ! ». Par contre, la mobilisation massive des françaises et des français dans la rue est un succès indéniable, un pari réussi par une intersyndicale unie et mobilisée avec un retour (enfin) des déambulations sans problèmes de sécurité avec un nouveau rendez-vous programmé le mardi 07 mars prochain. Tout cela contribue à peser sur le Gouvernement français, rien n’est fait !

Sur le volet parlementaire, la suite de cette Réforme des Retraites va passer par la case Sénat, puis une Commission Mixte Paritaire, pour revenir (peut-être) vers une deuxième lecture au sein de l’Assemblée nationale.

Daniel Carlier

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