Sarah Kerrich, en cohérence avec le vote majoritaire des militants P.S du Nord
Après le Congrès de Marseille où le Parti Socialiste, deux fois à la tête de l’Etat dans l’histoire de la 5ème République, a évité de couler à pic en construisant un accord cadre sur la gouvernance politique, l’heure est au vote des nombreuses Fédérations locales du Parti Socialiste, le véritable coeur battant de ce Parti politique. Concernant la puissante Fédération du Nord, Sarah Kerrich porte à la fois une voix de rassemblement, mais aussi la ligne politique d’Olivier Faure, auteur d’un 55% remarqué au cours de l’élection nationale récente du 1er Secrétaire du Parti Socialiste.
Sarah Kerrich : « Il faut décloisonner le Parti Socialiste »
On ne peut pas passer sous silence la moyenne d’âge des deux candidats finaux pour la fonction clé de 1er Secrétaire de la Fédération du Nord, Baptiste Ménard, 29 ans, Sarah Kerrich, 30 ans. Un duo rafraîchissant dans un monde politique où, a contrario du commun des mortels, le statut du senior est favorable dans les urnes aux 4 coins de la France, expérience, sagesse, bla bla, et mauvaises pratiques… ! Pour autant, Sandra Kerrich a été biberonnée au P.S avec déjà presque 13 ans de présence comme militante, une tranche de vie… et d’expérience des rouages internes. Néanmoins, la pensée libérée n’a pas de prix « je suis avocate (spécialisée en Droit public). Je tiens à ma liberté de parole et mon indépendance ».
L’autre particularité du P.S est son maillage, encore vivace, des sections locales. « Il existe 80 sections dans le Nord, un maillage unique même si certaines ont peu de militants. Au niveau du vote national, sur 2 400 militants à jour de cotisations dans le Nord, nous avons eu 1 200 votants », souligne Sarah Kerrich.
« Jean-Luc Mélenchon, le plafond de verre », Sarah Kerrich
Au cours de cette conférence de presse sur Valenciennes, des militants de la section de Valenciennes étaient présents comme Christine Laurent, José Pressoir, mais également de Maubeuge, Sophie Vilette, de Saint-Amand-les-Eaux, Régis Van Gulck, mais d’autres militants du sud du département. Cette présence symbolise aussi la prise de conscience, des deux candidats, du rôle de rassemblement : « Si je suis élue, j’ai déjà prévenu que je travaillerai au sein du Bureau avec toutes les sensibilités ».
La participation à la NUPES est complètement assumée. De facto, elle a permis la présence d’un groupe parlementaire P.S à l’Assemblée nationale, car lorsque l’on scrute les scores de la quarantaine de dissidents lancée dans cette campagne législative la fleur au fusil…, mais sans cartouche visiblement, ce fut une raclée pour chacun d’entre eux.
Et le plus important est incontestablement les réflexions des militants sur le terrain. José Pressoir comme Régis Van Gulck rappellent amèrement : « On ne pouvait même plus dans une manifestation arborer le logo du P.S. Nous étions sifflés… ! Là, nous retrouvons notre légitimité dans les manifestations populaires ». Oui, tout simplement, la fierté d’appartenir à un parti, pétri de convictions partagées, est essentielle au regard du militant au coin de la rue. Tout parti politique confondu, cette notion de désir politique commun s’envole dans les hautes sphères, remplacée sans coup férir par le désir personnel. Le pire est que l’expérience ne compte pas, on remet le couvert, déconvenue après déconvenue !
Par contre, le Parti Socialiste demeure très ancrée dans tous les hémicycles français, élu.e.s locaux, départementaux, régionaux, députés, sénateurs, et reste « un parti de centralité. Le problème est d’être en capacité d’atteindre le second tour. Après, nous pouvons gagner. Clairement, Jean-Luc Mélenchon est notre plafond de verre », commente-t-elle. On note qu’après Fabien Roussel, ce terme à l’endroit du leader, contesté, de la France Insoumise promet quelques années politiques agitées.
« discours de rupture avec François Hollande », Sarah Kerrich
Pour autant, la candidate assume le virage d’une « regauchisation » du P.S. « Nous sommes bien à gauche. Le propos d’Olivier Faure à Marseille est un discours de rupture avec François Hollande. Sur la Fédération du Nord, la motion d’Olivier Faure a fini avec 55%, contre 49% au national, le vote des militants est clair sur ce point. Le second vote visait à désigner notre 1er Secrétaire (et le psychodrame associé) ».
Dans les objectifs fixés, Sarah Kerrich a une volonté farouche de faire sortir son parti politique de ses 4 murs. « Il faut décloisonner le Parti Socialiste, faire venir des sympathisants dans nos sections, élargir notre réflexion. Pour autant, nous avons des véritables divergences avec d’autres partis de la NUPES, comme sur l’Europe. Nous devons cesser de travailler seul, ne pas tomber dans la gestion politique pure et simple », ajoute-t-elle. « Il faut travailler avec le monde associatif, le Secours Populaire, la Fondation Abbé Pierre… pour cerner les besoins de la population en situation de précarité », indique avec pertinence un militant.
Des soutiens et des objectifs importants
De toute évidence, Sarah Kerrich ne manque pas de fans « comme notre député Roger Vicot, mais également de nombreux maires ». Elle attend la prise de position officielle de Martine Aubry dont elle est un soutien indéfectible. « C’est aussi notre différence avec Baptiste Ménard, il a soutenu dès le Congrès de Reims, Ségolène Royal, moi c’était Martine Aubry. Je suis soutenue également par Didier Magniez (ancien Président du Conseil général du Nord) », poursuit Sarah Kerrich.
Evidement, pour toutes les Fédérations locales, les municipales 2026 sont dans le viseur avec des cibles politiques de reconquête comme « Maubeuge, Roubaix, des listes à défendre dans les autres communes. Il faut réfléchir commune par commune. Nous avons 3 ans pour travailler avec toutes les sections locales », ajoute-t-elle.
Effectivement, l’opposition de gauche à Valenciennes fut innovante avec une liste d’union (P.S,EELV, LFI, Génération S) présentée dès novembre 2019, il ne manquait que le PCF plus pour des raisons de personnes que programmatique. Si vous enchainez par la stupéfiante candidature commune pour les élections régionales avec, cette fois, tous les partis de gauche, vous comprenez que dans le Nord, l’union des idées n’est pas une phrase en l’air.
Les réactions
Pour Christine Laurent, militante P.S à Valenciennes : « Sarah est une militante. Elle était responsable chez les jeunes socialistes. Elle est très investie, avocate, elle s’est exprimée en public. Voter pour Sarah Kerrich, c’est le choix de la motion majoritaire d’Olivier Faure. C’est une nouvelle génération qui arrive dans notre parti politique ». En digression sans rapport avec les candidats en présence, il est certain que l’expression en public est devenue fondamentale dans l’exercice politique. Le naufrage de Valérie Pecresse durant la Présidentielle, bien aidée par le regard obséquieux de cette cohorte bien pensante masculine, est une leçon reçue 5 sur 5 par toutes les formations politiques.
Pour José Pressoir, élu P.S au sein du Conseil municipal de Valenciennes : « L’important est l’évolution du P.S à gauche. Clairement, nous étions rejetés depuis le mandat de François Hollande. Nous avons élargi incontestablement, comme à Valenciennes, notre électorat à travers l’union avec EELV et LFI ». Sur ce point Sarah Kerrich n’hésite pas sur les mots « la gauche s’est sentie trahie avec la proposition de déchéance de nationalité, la loi El Khomri, Touraine sur les retraites… ».
Pour Sophie Vilette, section Maubeuge : « Sarah est une militante de proximité. Les militants de base étaient ravis de voir régulièrement Sarah. Ensuite, votez Sarah est en cohérence avec le choix de la NUPES. Nous sommes pour l’union de la gauche ».
Pour Régis Van Gulck, élu au Conseil municipal de Saint-Amand-les-Eaux : « Nous sommes redevenus crédibles à gauche, pour le monde ouvrier. C’est une rupture avec la ligne politique de François Hollande, je suis pour Olivier Faure ».
Enfin, les jeunes socialistes incarnés par Rémy Boussemaert : « Nous sommes une génération qui n’a pas connu la victoire dans une élection. Depuis 2018, Olivier Faure a réalisé une clarification de la ligne idéologique du parti politique. Je soutiens Olivier Faure et Sarah Kerrich afin d’écrire une nouvelle page du Parti Socialiste ».
L’élection dans la Fédération du Nord se déroulera le jeudi 09 février prochain, dans chaque section de 17h à 22H, dans une urne avec des bulletins de vote en papier. Un peu désuet me diriez-vous, pas complètement au regard des vicissitudes récentes de la vie politique… électorale !
Daniel Carlier