Traversée(s) dans le patrimoine minier
Pour célébrer les 10 ans de l’inscription du bassin minier au patrimoine mondial de l’UNESCO, Le Boulon a initié et programmé, ce dimanche 18 septembre 2022, une traversée à vélo du Boulon à Vieux-Condé au site minier Arenberg Creative Mine situé sur Wallers-Arenberg. Cette journée a eu lieu à l’initiative du Boulon et en partenariat étroit avec la Mission Bassin Minier et la Porte du Hainaut (crédit visuel Kalimba).
(Visuel arrivée cyclo/Crédit photo Kalimba)
Le nez au vent, au détour d’interventions artistiques, de spectacles et d’expositions, 70 cyclistes « du dimanche », rejoints par une centaine d’autres spectateurs, ont parcouru le territoire et l’ont aussi découvert par des récits et des expositions. Comment ne pas mieux découvrir son territoire, qu’en le traversant à vélo ?
VA-infos fait le focus sur une exposition et deux spectacles
Dans l’exposition Gare debout au quARTier de Fresnes-sur Escaut, plus particulièrement dans la grande galerie, des plaques métalliques de tailles diverses, certaines rouillées, mais surtout à l’air cabossées. Elles sont à la fois simples de formes mais complexes dans les détails.
L’artiste Catherine Zgorecki est venue avec sa pratique de l’empreinte saisir ce territoire et son histoire liée à la mine. En résulte un ensemble tout en relief, composé d’aluminium, de montages photographiques, et de son. Mais surtout, elle a fait participer des habitants de Fresnes, qui ont dans un premier temps, lui ont fait découvrir, ce qui fait leur fierté, au détour d’histoires, d’anecdotes liées à l’enfance, à ce qui fait leur quotidien mais qui devient richesse aux yeux de l’artiste, l’empreinte des lieus étant sa matière première. Elle raconte qu’elle a commencé cette pratique car elle voulait garder la trace d’une maison d’enfance. Comment garder la trace d’une architecture, d’une faille, le relief d’un mur qu’on a longtemps touché, comment garder la sensation de la texture autrement qu’avec une photo ? En « l’empreintant » au lieu.
Cette démarche fait écho aux propos de la narratrice Charlotte Tessier de la compagnie La Bouillonnante, qui a passé deux semaines en résidence sur le territoire à la rencontre d’habitants et d’associations afin d’écrire une pièce in situ pour un théâtre récit à découvrir dans le cadre de Traversée(s) ce dimanche, sur le site minier d’Arenberg Creative Mine. Accompagnée de la dessinatrice Chimène Voronkoff, qui a réalisé des dessins au charbon, la « conteuse », a beaucoup ému le public par son récit fait de paroles collectées « au gré du vent sur la peau »… en parcourant le territoire à vélo.
Elle a donné vie à des personnages rencontrées ou racontées. Ces personnes qui font parfois un village, qui en sont l’âme et dont les souvenirs se transmettent de génération en génération. Elle a roulé « toute petite au milieu de ces grands paysages », sur cette terre noire, « les entrailles de la terre exposées aux 4 vents ».
C’était un véritable hommage aux « petites gens » qui sont érigées en géants sur notre territoire.
Suspendus à ses lèvres, les spectateurs étaient alors prêts à lever les yeux et à retenir leur souffle, à l’unisson, pour 40 minutes de voltige immobile. Peu de mouvements dans ce spectacle Respire, mais des cœur battants la chamade, pour une traversée funambule entre 2 chevalements, à 50 m de hauteur, sur 110 m de traversées, sur le site de créative mine. La compagnie Les filles du Renard Pâle étaient attendues par les spectateurs, et en sont restés captivés, dans un effroi mêlé de fascination. Un ciel d’orage semblait avoir été commandé pour l’occasion, un fond de scène idéal pour un spectacle magistral.
Ce dimanche 18 septembre, les artistes auront eu la chance d’avoir pour décor le patrimoine minier dans toute sa splendeur, sa terre noire, ses géants de fer. Le Boulon et ses partenaires ont encore une fois réussi à chambouler les cœurs, à mettre en mouvement les spectateurs, mais aussi à les faire s’arrêter pour mieux regarder leur environnement, les spectacles étant presque prétexte à le redécouvrir. Traversée(s), une déambulation à ciel ouvert, un musée de la nature, car c’est en arpentant son territoire qu’on le découvre le mieux.
Jane Huvelle