7 raisons de valider la gratuité dans les médiathèques
A la fin… quelqu’un paye, voilà l’incontournable argument que nous entendons au fil des années sur quasi tous les sujets concernant la gratuité. Argumentaire massue sur la thématique de la mobilité du transport public dans le Valenciennois, mais également sur de nombreux sujets comme l’accès gratuit aux médiathèques. Analysons les « bonnes » raisons pour la gratuité dans toutes les médiathèques de France (communiqué Porte du Hainaut en fin d’article).
(La Médiathèque communautaire de Denain gratuite dès le mois de septembre 2022)
« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance », Robert Orben, écrivain américain
En premier, la loi, rien que la loi où celle du 21 décembre 2021 donne un cadre législatif précis aux bibliothèques, afin d’inscrire la liberté et la gratuité d’accès aux bibliothèques territoriales dans la loi. En clair, une intercommunalité ne pourra plus fustiger une agglo voisine sur le thème de la gratuité, sur son territoire, des médiathèques sous le couvert d’un argent public commun dilapidé.
Les recettes liées à l’accès payant aux ouvrages et autres supports d’informations d’une médiathèque ont un poids très relatif dans leur budget de fonctionnement, alors que la culture ou information payante constitue un frein majeur à la fréquentation de ces établissements. De facto, l’existence d’un service public culturel est d’abord son utilisation, pas sa rentabilité envers et contre tout.
L’autre commentaire sur la dévalorisation du service public complètement gratuit est un leurre. En effet, l’impact réside d’abord dans le service rendu à la population. Le simple fait de payer, même une somme modique, ne va pas canaliser un comportement. Le respect des objets n’est pas lié à l’accès gratuit, mais plus simplement à une éducation globale. Vouloir lier les deux est un détournement pur et simple du résultat.
Nous constatons tous un éloignement marqué de la jeunesse du livre, voire de la lecture en général. Sans même parler de l’orthographe sur les textos, il ne faut donc absolument pas négliger les moyens de faire revenir les jeunes à la lecture. Si nous avons eu, durant 10 ans les livres de J.K Rowling sur un célèbre magicien ; aujourd’hui, la folie des mangas est étonnante, impressionnante. Clairement, les responsables de médiathèques voient revenir des jeunes dévorer la terre promise asiatique. Oui, la gratuité au sein d’une médiathèque ouvre encore plus le champ, en l’espèce, à la lecture pour tous les jeunes.
Le point précédent met en exergue l’indispensable mise à jour des contenus, voire des modes d’accès à la culture. La gratuité d’une médiathèque n’est pas l’alpha et l’oméga d’un succès d’audience. Non, cet outil culturel doit se revisiter, actualiser ses contenus, être même innovante sur l’offre aux différents publics, jeunes, adultes, personnes en situation de handicap intellectuel, etc.
Ensuite, il faut se battre contre l’argumentaire du seul choix politique. Certes, in fine, ce sont des élus communautaires, à travers une délibération, qui votent cet accès libre au contenu culturel. Pour autant, la gratuité d’une médiathèque est un geste de bon sens public. Ce n’est ni de droite, ni de gauche, car apporter de la culture sur des sujets pléthoriques permet aux citoyens de prendre du recul, de développer un sens critique, d’analyser certains événements de l’actualité où parfois l’info désespérément impatiente vous prend un temps de cerveau sans même pouvoir comprendre exactement la portée de cette dernière. La gratuité d’une médiathèque est citoyenne comme Liberté, Egalité, Fraternité.
Enfin, la gratuité doit être impérativement pour tous, sans se poser le sujet de la condition de ressources. Bien sûr, le problème du pouvoir d’achat à l’aube de cette rentrée scolaire impose une réflexion dans toutes les agglos françaises sur ce sujet, mais surtout, arrêtons sur tous les sujets de cliver les françaises et les français, le service public de la lecture dans une médiathèque où d’un contenu rapporté gratuitement à son domicile n’est pas lié au portefeuille. L’intérêt est également un réflexe conditionné par tous les usagers, on peut aller à la médiathèque trouver aussi un contenu et pas seulement sur la toile où la source n’est pas toujours infaillible.
Sur le Valenciennois, la Porte du Hainaut rend toutes ses médiathèques gratuites dès le mois de septembre 2022 (CP_Gratuité_med).
Daniel Carlier