(Résultats officiels) Emmanuel Macron contre Marine Le Pen… encore !
Le duel annoncé depuis le mois de septembre 2021 s’est concrétisé même si cette ligne d’arrivée fut tout un long fleuve tranquille. L’élection du prochain président de la 5ème République se joue, comme en 2002, comme en 2017, face à l’extrême droite avec sa leader Marine Le Pen, mais cette fois avec un co-leader programmatique Eric Zemmour. Toutefois, trois candidatures (LREM/RN et LFI) écrasent tout le paysage politique avec une recomposition attendue quel que soit le prochain Président de la République.
Abstention
Certes, le corps électoral est le plus important de l’histoire de la 5ème république avec 48,7 millions d’inscrits grâce à la réforme d’une inscription automatique des plus de 18 ans sur les listes électorales, mais le résultat désastreux pour une démocratie en 2002 avec 28,4% d’abstention au 1er tour n’a pas été amplifié malgré une vague d’élection avec une participation minimale (Municipale/Départementale/Régionale). L’abstention est validée à 26,31 % au niveau national (22,23% en 2017).
Deux candidats pour la Présidence de la 5ème République
L’écart en 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen était de 2,71% d’électrices et d’électeurs en plus pour Emmanuel Macron. Cette fois, l’écart est plus important entre les deux finalistes en faveur du Président sortant avec 4,69 % , mais rien n’est joué loin de là.
Résultats du Ministère de l’intérieur :
Emmanuel Macron : 27,84 % (contre 24,01% en 2017)
Emmanuel Macron, le président en exercice à travers une campagne éclair fracturée par une crise sanitaire et une guerre en Europe s’est lancé trop tardivement dans cette campagne présidentielle, timing dont il n’est pas responsable ou partiellement. De toute évidence, son programme n’a pas assez infusé dans cette campagne du 1er tour, ses choix nationaux, européens, et internationaux doivent s’éclaircir durant ce temps électoral entre les deux tours.
Comme en 2017, son programme est très ancré sur l’engagement européen de la France, les défis économiques, climatiques, et sociaux à relever, et toute cela en plein désordre mondial. Jamais un choix pour la Présidence de la République n’a eu autant d’importance, en l’occurrence en temps de guerre, personne ne pourra dire après « je ne savais pas ». La représentativité de La France dans le monde et le choix d’un repli, ou pas, est au bout de ce scrutin du dimanche 24 avril. Cette élection a beaucoup plus d’enjeux qu’au sein de nos propres frontières, il suffit de lire la presse étrangère dans les autres pays démocratiques avec la perspective de l’arrivée de l’extrême droite en France, c’est un peu l’incompréhension dans un pays qui a connu deux guerres mondiales sur son sol, une crainte et une peur s’installent partout !
Marine Le Pen : 23,15 % (contre 21,30% en 2017)
Candidature intelligente de Marine Le Pen sur le pouvoir d’achat laissant son factotum Eric Zemmour porté son programme sur l’identité, la sécurité, le sectarisme…, les lignes directrices d’hier, d’aujourd’hui et de demain du Rassemblement National. Intéressant, le pouvoir d’achat associé à l’Europe, car Marine Le Pen ne veut plus sortir de l’Europe, ni de l’euro, voyant que cela fait peur, mais elle souhaite casser tous les traités européens. Comme l’a très justement souligné Jean-Luc Mélenchon, le programme de Marine Le Pen vaut un « 0/20 en Droit » en terme de faisabilité.
Oui, le pouvoir d’achat sera impacté comme celui des agriculteurs avec la fin de la PAC (Politique Agricole Commune), souhaité par Marine Le Pen. Elle vantait en exemple le Brexit, mais on l’entend beaucoup moins compte tenu des résultats économiques plus que préoccupant pour le Royaume-Uni.
Puisque nous sommes sur l’international, elle se sentait très pro Trump, dans le café de la Trump Tower, et nettement moins après l’incroyable discours poussant ses militants à envahir le Capitole dont Donald Trump disait ce jeudi 06 avril 2022 dans les médias américains «Le Secret Service m’a dit que je ne pouvais pas y aller. Sinon, j’y serais allé sans hésiter». Pour une candidate de l’ordre, c’est le désordre incarné cette candidature !
Enfin, le plus inquiétant est son allégeance Pro Poutine. Elle s’exprime dans le sens du vent, mais ses propos déplacés sur Volodymyr Zelynsky ne laissent aucun doute, évidemment rétro pédalage, sur ses intentions après le 24 avril. Elle va rejoindre son ami Victor Orban pour se rapprocher de Vladimir Poutine. D’ailleurs, elle a indiqué qu’il serait encore un allié, et rétro pédalage « mais je parlais de la Russie ». La vérité est dans une séduction de Vladimir Poutine vis à vis de Marine Le Pen et d’un anti-américanisme prononcé.
Eric Zemmour, ou son programme, pourra s’appliquer à 90%, voire avec quelques nuances sémantiques pour ce futur quinquennat. De fait, Eric Zemmour a permis à Marine Le Pen de jouer au jeu « good Guy, bad Guy », mais le jeu sera fini après le 24 avril, et le RN et ses fondamentaux vont revenir en force. La différence entre le programme de Marine Le Pen et celui d’Eric Zemmour est le sourire et les selfies en plus… de la candidate de l’extrême droite ! Jean-Marie Le Pen attend impatiemment sa venue sur le tapis rouge pour une cérémonie officielle, on est à ce stade !
Les battus du 1er tour
Jean-Luc Mélenchon : 21,95 % (contre 19,58% en 2017)
Extrait : « Ne vous abandonnez pas à faire une erreur définitivement irréparable. Nous avons lancé un pôle populaire, ne commettons pas l’erreur de nous fourvoyer. Nous savons pour qui nous ne voterons jamais, pas une voix pour Marine Le Pen (répété 4 fois) ».
Comme en 2017, Jean-Luc Mélenchon a réalisé une campagne d’un brio incroyable pour une 3ème place avec un goût très amer. Le principal écueil pour Jean-Luc Mélenchon fut de ne jamais capter l’électoral populaire, celui des ouvriers dans les entreprises privées petites et grandes, laissant le champ libre à Fabien Roussel, très légitime sur le sujet, et surtout Marine Le Pen avec un hold-up pour faire oublier son programme sectaire et particulièrement clivant.
Quoi qu’il en soit, un débat Macron/Mélenchon entre le meilleur tribun de cette campagne et le Président sortant va manquer à l’histoire de la 5ème République, en 2022 comme en 2017 entre les deux candidats. Après, le destin de ce scrutin est entre les mains des électeurs et électrices du 1er tour de LFI. Si Marine Le Pen remporte ce second tour, la dynamique RN/Reconquête sera dévastatrice dans toutes les circonscriptions, 17 députés aujourd’hui, moins de 5 demain pour LFI. Si au contraire, le Président sortant est réélu ne résolvant en rien les maux sociaux, la force de LFI et affinités pourrait déboucher dans l’hémicycle vers la première force politique d’opposition, ni plus, ni moins, une autre musique dans l’hémicycle pouvant faire bouger les lignes sociales indubitablement.
Pour conclure, comment une seule voix de la gauche écologique et sociale pourrait-elle se porter pour l’extrême droite, une responsabilité historique pour la gauche.`
Eric Zemmour : 7,07 %
Extrait : « Je ne me suis jamais trahi au gré des sondages. Politiquement, tout a changé, car nous sommes arrivés. Nous sommes déçus. Avec Reconquête, nous nous projetons vers l’avenir. J’appelle mes électeurs à voter pour Marine Le Pen. Je sais que certains de mes électeurs ne voteront pas pour Marine Le Pen et je ne négocie pas ces quelques mots ».
Que dire, un candidat éruptif, clivant, resté très cohérent de bout en bout dans son repli, son rejet des autres jusqu’au bout des ongles. Pour autant, en voyant plus loin que son message politique diplomatique, « Reconquête » pour faire sauter les digues du parti Les Républicains aux législatives n’a aucun intérêt à faire gagner Marine Le Pen, car son nom de famille reste un boulet pour l’éternité. Eric Zemmour et son nouveau parti politique ne peuvent tracer un avenir politique sans la défaite de Marine Le Pen le 24 avril.
Valérie Pécresse : 4,78 %
Extrait : « L’élection de Marine Le Pen conduirait à l’effacement de la France à l’international. Je voterai en conscience pour Emmanuel Macron le dimanche 24 avril, j’ai toujours combattu l’extrémisme comme chiracienne. J’invite tous les électrices et électeurs pour Les Républicains à peser leur choix ».
Belle campagne durant le Congrès Les Républicains, un bon mois de décembre où Valérie Pécresse a su gérer des écarts de convictions abyssaux entre un Philippe Juvin et un Eric Ciotti. Ensuite, le premier couac fut le désordre du vote pour ou contre le Pass Vaccinal, on suit la cheffe sans états d’âmes, mais visiblement pas chez Les Républicains. Bien sûr, le fameux meeting du Zénith raté sur lequel tout a été dit.
Une éclaircie tout de même dans cette campagne venue de Damien Abad répondant aux propos d’Eric Zemmour indignes sur l’inclusion des personnes handicapées dans le milieu scolaire, une réaction à chaud d’une grande clairvoyance !
Enfin, aucun Chiraquien ou Sarkoysiste ne peut effleurer la pensée d’un vote pour Marine Le Pen.
Yannick Jadot : 4,63 %
Extrait : « L’écologie ne peut être absente de ce quinquennat, il faut faire entendre notre voix. Sans hésitation, l’écologie, c’est la République. J’appelle tous les écologistes à faire barrage à l’extrême droite. Que personne ne minimise la portée du vote pour l’extrême droite ».
Sans doute le candidat le plus européen avec le Président sortant, il est évident que l’écologie ne s’arrête pas aux frontières, l’Europe à minima est la bonne échelle. L’EELV ne peut que soutenir un Président sortant avec un véritable espoir d’un mandat écologique sur de nombreux sujets. Le nucléaire est évidemment le bémol de ce soutien, mais l’écologie comprend tant d’autres sujets du quotidien. D’ailleurs, ce quinquennat doit marquer l’avènement de l’écologie de proximité, c’est cela le véritable défi de ce prochain mandat !
Jean Lassalle : 3,13 % (contre 1,21% en 2017)
Aucune consigne de vote de Jean Lassalle
L’homme du Béarn a encore surpris, un candidat décalé, un charisme, une gouaille sans pareil. Etait-il un refuge pour les abstentionnistes d’hier ? Dans tous les cas, c’est l’honneur de notre démocratie de laisser un.e candidat s’aligner… sans même un programme ou presque !
Fabien Roussel : 2,28 %
Extrait : « J’appelle à battre l’extrême droite, à la mettre en échec. Jamais nous ne banaliserons les idées de l’extrême droite ! ».
Fabien Roussel, le local de l’étape, la surprise du chef, il a redonné une voix au PCF depuis 15 ans atone. Sa campagne de Jours Heureux a étonné, détonné, son sens de la formule, il a (re)positionné le PCF dans le paysage politique français. Jeune en politique, il fera évidemment parti d’une nouvelle recomposition à gauche. Seul bémol de taille, le mot communiste est un boulet, car c’est le seul parti européen défendant les mêmes valeurs qui traine ce nom.
L’histoire du PCF, très liée à la CGT, ne peut pas s’associer à une extrême droite, une insulte aux morts pour la liberté.
Nicolas Dupont-Aignan : 2,06 % (contre 4,7% en 2017)
Extrait : « J’appelle à faire barrage à Emmanuel Macron »
Sa voix a porté celle des anti-vaccins, mais elle est également usée avec le temps. Il baisse son score par rapport à 2017, et n’a surtout pas imprimé dans le débat. Son électorat a été aspiré par Marine Le Pen sans aucune doute.
Anne Hidalgo : 1,75 %
Extrait : « Pour que la France ne bascule pas de la haine de tous contre tous, il faut se servir du bulletin de vote Emmanuel Macron le dimanche 24 avril prochain ».
Plus de 28% en 2012 pour le parti Socialiste, 1,74 % en 2022, un cataclysme pour cet ancien parti de Gouvernement même s’il faut souligner le courage d’Anne Hidalgo d’avoir maintenu sa candidature jusqu’au bout afin de sauver les candidat.e.s P.S pour les législatives. Ce parti doit se reconstruire et en premier jeter toutes ses forces pour éviter l’extrême droite au pouvoir, une perspective potentiellement mortifère pour ses ambitions électorales en juin 2022. Anne Hidalgo a, dès 20H04, envoie une consigne de vote contre Marine Le Pen.
Philippe Poutou : 0,77 % (contre 1,09% en 2017)
Extrait : « Pas une voix ne doit aller à l’extrême droite »
Son franc-parler fait toujours du bien, à la différence d’un candidat décalé, il a bien mené la signature du NPA. Seule faille, une absence de réponse totale face à la situation ukrainienne.
Nathalie Arthaud : 0,56 % (contre 0,64% en 2017)
Extrait : « J’ai décidé de voter blanc »
Elle est l’archétype d’une candidature qui se prépare sur le temps long à la différence de Christine Taubira, ces parrainages n’ont posé aucun problème. Elle suit l’idéologie du parti Lutte Ouvrière à la lettre.
Daniel Carlier