Fabien Roussel : « La campagne ne fait que commencer ! »
Pour son seul meeting à la maison, Fabien Roussel, candidat désigné du PCF dans cette élection présidentielle, a enflammé une assistance fournie déjà conquise. Il profite de ce meeting sur son territoire de coeur pour faire quelques annonces choc dans la droite ligne d’un programme résolument de gauche.
Fabien Roussel : « Le dégel du point d’indice par Macron, il faudrait une campagne présidentielle tous les six mois »
Au sein du Grand amphithéâtre de la Cité des Congrès à Anzin, Fabien Roussel entame le sprint de cette campagne présidentielle inédite avec ce parfum de guerre en Europe. Une série de soutiens est venue au pupitre où la chauffeuse de salle lance en préambule « fier de notre candidat qui n’habite pas Paris, mais sa belle ville de Saint-Amand-les-Eaux, et sans un patrimoine de 10 millions d’euros (Valérie Pécresse) ».
En amont du candidat, le plus intéressant fut l’intervention d’Alain Bocquet avec un rappel de la ligne politique à l’endroit de Jean-Luc Mélenchon. « Fabien Roussel incarne une gauche véritable et authentique. Qui peut encore contester cette candidature ? Non, il n’est pas là pour tenir la serviette éponge au bord du ring », tance Alain Bocquet.
En effet, cette candidature intervient après un long silence du PCF dans une campagne présidentielle. Pourtant, l’alliance du PCF et de la France Insoumise promettait depuis l’excellent score de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection en 2017. Force est de constater que le leader de la LFI a considéré que son score, c’était lui et qu’il ne devait rien au PCF. Concrètement, durant 4,5 ans la France Insoumise s’est opposée sur chaque territoire au PCF sauf exception, une guerre ouverte dans toutes les élections intermédiaires (sauf la régionale dans les Hauts-de-France). Il suffit de lire les réseaux sociaux pour constater la construction idéologique de Jean-Luc Melenchon, la technique de la terre brûlée à gauche. Après, il s’étonne d’une candidature indépendante au PCF, presque risible et prévisible sauf par l’égo du leader de la France Insoumise. D’ailleurs, la défiance entre les deux candidats est totale, une petite pique durant ce discours illustre cet état de fait. En effet, au détour d’une proposition contre l’addition des émoluments à travers différents mandats « voire d’un candidat à la Présidentielle avec un patrimoine de plus d’un million d’euros… qui n’a jamais eu un emploi », souligne Fabien Roussel. En creux, parler de la fiche de paye, c’est bien, mais c’est plus compliqué quand on a vécu à 100% de l’argent public à travers des mandats politiques…, ça c’est pour Jean-Luc Mélenchon, deux gauches irréconciliables.
« il serait irresponsable de couper le gaz russe », Fabien Roussel
Evidemment, il entame son propos par la guerre en Ukraine, il rappelle l’état des lieux. « Il est trop tard pour savoir qui a commencé (allusion à l’avancée de l’OTAN). Rien ne peut justifier cette guerre. Il faut faire le choix de la paix. Ne cédons pas au racisme anti-russe, car le seul fautif est Vladimir Poutine ».
Concernant le pouvoir d’achat, il est sans concessions « il serait irresponsable de couper le gaz russe. Certains Pays du Nord dépendent quasi totalement de cette énergie. Revenons comme avant où l’Etat achetait lui même l’énergie à travers des contrats longs, car cette situation résulte de la libéralisation du marché de l’énergie en Europe », commente Fabien Roussel.
Il évoque également les conséquences alimentaires avec « des spéculateurs. Comme à chaque meeting, je vais dénoncer un fonds spéculatif, car ils ont des noms. Il s’agit du fonds BGF World Agriculture, initié par Black Rock, profitant de cette crise sur le blé pour spéculer sur toutes les matières premières alimentaires. Bien sûr, il est basé au Luxembourg », commente le candidat.
Enfin, il ironise sur le candidat/président avec une proposition du dégel du point d’indice pour les fonctionnaires « il faudrait une présidentielle tous les six mois ! ».
« 30 000 policiers de proximité », Fabien Roussel
Les temps forts de son discours sur son programme furent, notamment sur la sécurité où « je fus critiqué pour ma participation à une manifestation de soutien à la police, je l’assume. Nous devons embaucher 30 000 policiers de proximité et des douaniers. C’est nécessaire pour lutter contre les violences contre les femmes, le combat contre les réseaux de drogue, notamment la cocaïne. Savez-vous que les Dockers sur les villes du Havre et de Dunkerque sont menacés pour ouvrir la nuit des containers aux trafiquants de drogue, on fait pression sur leur famille. Sur le port d’Anvers en Belgique, les policiers ont même découvert une salle dédiée à la torture des dockers ».
Dans la suite logique des forces de l’ordre, l’outil indispensable pour ramener de l’ordre « avec le doublement du budget de la justice. Certes, il a augmenté, mais il faut faire beaucoup plus », ajoute-t-il.
Ensuite, il s’attaque à la délinquance en col blanc « avec le doublement du budget du PNF (Parquet National Financier)».
Sur la retraite proposée à 65 ans par plusieurs candidats, il est révolté : « Il ose proposer cela dans un programme, je voudrais les voir réaliser le travail d’une infirmière, d’un ouvrier dans une usine, de tous les métiers avec une pénibilité ».
« Filière dans les métiers de l’industrie », Fabien Roussel
Ensuite, ces crises mondiales, tant sanitaire que guerrière, mettent en exergue des pans entiers d’une industrie délocalisée :« Il faut relocaliser en France de plusieurs savoir-faire perdus. A cet effet, je veux (re)lancer une filière des métiers de l’industrie ».
Assurément, les métiers en tension sont presque introuvables, soudeur, chaudronnier, travail du métal…, nous assistons presque au mercato des salariés encore dans cette branche. Et pourtant, la crise en 2008 avait déjà mis en lumière cet état de carence absolue. Toutefois, cette pénurie s’est élargie vers les métiers de l’alimentaire, boulanger, pâtissier, boucher, poissonnier… !
Sur ce combat pied à pied, il s’ébaubie « rendez-vous compte qu’en 2022, nous devions encore réclamer l’égalité Homme/Femme pour les salaires. Avec nous, ce sera fait et tout de suite ».
« J’ai un déficit de notoriété », Fabien Roussel
Enfin, le candidat arrange la foule pour la gagne. « Je suis là pour gagner. Certes, je suis un nouveau candidat à la Présidentielle. J’ai un déficit de notoriété, mais aller vers les électrices et les électeurs. Présentez notre programme ! La campagne ne fait que commencer ! », conclut Fabien Roussel.
Et le message est repris par la chauffeuse de salle « le bon bulletin, c’est Fabien ! ».
Daniel Carlier