Patrick Kanner : « On ne débranche pas Anne Hidalgo ! »
Avec l’annonce officielle du Président sortant, les candidates et candidats à l’élection présidentielle retrouvent le parfum d’un débat démocratique nécessaire et inspirant. Dans le Valenciennois, Patrick Kanner est venu à la rencontre du comité de soutien d’Anne Hidalgo sur la 21ème circonscription, un temps politique dédié à la candidate du Parti Socialiste, de réflexion sur cette campagne présidentielle dans un contexte inédit sans oublier le coup d’après cette période d’élection pour le Parti Socialiste.
Le Parti Socialiste, parti d’opposition ou parti d’alternance politique ?
En pleine guerre sur le sol européen, l’élection suprême de la 5ème République s’ouvre sous nos yeux écarquillés comme une intruse dans notre quotidien anxiogène. Pour autant, l’immense vertu d’une démocratie, contre vents et marées, est d’être en capacité de se choisir un destin à travers une femme ou un homme. Fort « de ma 9ème campagne présidentielle, je peux vous dire que je n’ai jamais connu une situation aussi exceptionnelle. Nous passons d’une crise sanitaire inédite à une crise militaire pas connue depuis la seconde guerre mondiale », indique Patrick Kanner.
Dans ce contexte singulier, Anne Hidalgo, particulièrement attaquée dès son premier discours d’annonce de candidature, essaye de résister quoi qu’il en coûte en espérant devenir plus audible sur un programme composé de 70 points « solide et très cohérent », commente Christian Chatelain, élu à Marly, et responsable sur la 21ème circonscription de la candidature d’Anne Hidalgo.
Avant que la candidate du P.S puisse évoquer son programme plus dans le détail dans les prochaines semaines, elle a dû batailler pied à pied pour maintenir sa position. Un pilier de cette candidature de la maire de Paris, Patrick Kanner, défend bec et ongles ce choix : « J’ai défendu une candidature du Parti Socialiste à l’élection présidentielle au moment où la question se posait. Pour moi, un parti qui n’a pas de drapeau à porter est mort politiquement ! ». Pour autant, il est conscient du déficit d’image inhérent à « son statut de maire de Paris. Ce n’est pourtant pas une insulte. On a confondu la maire du peuple avec la ville siège du pouvoir, c’est devenu une cible. Néanmoins, elle est toujours là ! C’est une candidate faisant preuve de résilience face, encore aujourd’hui, à un puissant machisme. Depuis 1958, nous n’avons eu qu’une première ministre durant 6 mois. Non, on ne débranche pas Anne Hidalgo », indique le Sénateur du Nord.
« Un nationalisme à l’international et à l’intérieur », Patrick Kanner
Le point commun entre la Guerre en Ukraine et cette campagne Présidentielle est qu’elle est emprunte d’un nationalisme exacerbé. « Nous avons un Nationalisme à l’international et un Nationalisme à l’intérieur avec Eric Zemmour, Marine Le Pen, et Valérie Pécresse », clame Patrick Kanner.
Même si la France électorale est peut-être plus à droite que jamais, Patrick Kanner veut croire à désaveu des pronostics. « Je sais que nous sommes bas dans les sondages. Toutefois, la campagne commence réellement. De plus, 30% des électrices et des électeurs n’ont pas encore choisi sa candidate ou son candidat, et plus encore 30% des votants (à ce stade) annoncent qu’ils pourraient modifier leur vote final », poursuit-il.
Toutefois, il constate avec amertume les candidatures pléthoriques à gauche (5 ou 6 candidats) où il ne mélange pas « Jean-Luc Mélenchon ne voulant pas fournir des armes au Ukrainiens. Oui, je lui ai répondu assez directement sur les réseaux sociaux. Ce propos reviendrait à refuser des armes aux maquisards durant la Seconde Guerre Mondiale. Je n’ai aucune sympathie pour ce candidat tout comme d’anciens socialistes soutenant Emmanuel Macron pour un plat de lentilles. Emmanuel Macron n’est ni de gauche, ni de gauche, comme le dit Martine Aubry. Par contre, je n’oublie pas qu’avec le PCF et EELV, nous gouvernons des régions ensemble sans oublier des participations à des gouvernements précédents. Pour le PCF, Fabien Roussel annonce les Jours Heureux, mais pas financés ! Ensuite, le parti EELV a ses propres difficultés avec l’exclusion de Sandrine Rousseau cette semaine », poursuit-il.
« A l’automne, des Etats généraux du Parti Socialiste », Patrick Kanner
En évoquant une « gauche de Gouvernement », le Sénateur du Nord pense également à l’élection législative où des compromis pourraient se construire pour exister à l’Assemblée nationale, la Réal politique reprend ses droits.
Il ajoute sans détours que suite à ces deux respirations démocratiques, le Parti Socialiste doit faire sa mue. « A l’automne, nous devons lancer des Etats généraux du Parti Socialiste. Je pense que le Parti socialiste d’Epinay en 1971 n’existe plus, il doit repenser sa colonne vertébrale, sur la justice sociale, la laïcité sur la république jusqu’au bout, un développement durable juste… On doit repenser notre parti politique de la cave au grenier », explique Patrick Kanner.
Un programme de gauche…
Autour de cette candidature, on l’oublie presque, il y a un programme dont le coeur s’imprime à gauche. Le Sénateur s’exprime sur un véritable sujet de tension à gauche « oui, je suis pour la fin du nucléaire, mais quand il sera possible de le faire. Le faire immédiatement n’est pas possible ! ».
Sur les fondamentaux de ce programme, Christian Chatelain veut mettre en exergue un creux vertigineux dans la politique publique, le logement : « La proposition d’Anne Hidalgo sur la construction de 150 000 logements par an, mais surtout la mise en place d’un bouclier limitant à 1/3 des revenus le loyer, voire avec une allocation supplémentaire. Ensuite, l’accès au logement est lui aussi essentiel (programme sur https://www.2022avechidalgo.fr/notre_programme) ».
En lien direct, l’énergie lié au logement devient de plus en plus prégnante « et sera aussi importante que de manger », mentionne Patrick Kanner.
Pour Christine Laurent, coordonatrice aux cotés de Christian Chatelain, Anne Hidalgo a « une stature internationale. Elle est maire de Paris (présente en Pologne ce jour à la rencontre des maires sur le sujet des réfugiés), d’origine modeste et espagnole. Elle est contre les ghettos scolaires en présentant un plan mixité où la carte scolaire est remise en question. Sur l’éducation, elle propose un plan pour la lutte contre harcèlement scolaire. Enfin, elle souhaite supprimer Parcours Sup qui ne fonctionne pas en le remplaçant par un autre dispositif ».
Pour l’hôte de cette mise en musique du comité de soutien de la candidate du Parti socialiste, Sandrine Gombert, maire de Petite-Forêt, devant les représentants des comités du Valenciennois, Marly, Valenciennes, Saint-Saulve… rappelle avec force « que ce temps électoral doit avoir lieu. Bien sûr, la démocratie est en danger avec cette guerre, mais nous devons faire vivre ce débat. Anne Hidalgo fait une belle campagne avec passion et envie ».
Oui, le P.S défend le drapeau d’un programme de gauche, car il caresse encore l’espoir que dans un temps éloigné pour le moins (2027) l’union à gauche sera possible « la gauche de Gouvernement fait environ 15% à ce 1er tour (en 2022 hors LFI) à ce jour », souligne Patrick Kanner. Pour cela, il faut que le P.S survive à cette division au sein de la gauche politique française… !
Daniel Carlier