Toute l’information sur les Drones avec Matthieu Guislain
Depuis 6 à 7 ans, les drones ont débarqué dans notre paysage habituel en modifiant notre vision aérienne de notre espace commun, mais évidemment avec un lot pléthorique de questions à la clé. Rencontre avec un professionnel diplômé dans l’usage d’un drone, Matthieu Guislain, afin d’expliquer les droits et les limites de la pratique permettant des prises d’images inédites.
Matthieu Guislain : « Les professionnels du drone respectent complètement le Droit à l’image »
Matthieu Guislain, il a 34 ans, il réside sur La Sentinelle, et depuis 2017 autoentrepreneur diplômé pour l’utilisation d’un drone de qualité (entreprise Drone Answers). La conduite d’un drone trouve ses racines déjà depuis plus de 20 ans à travers « des hélicoptères télécommandés et dotés d’une caméra. En fait, aujourd’hui un drone (professionnel) transporte une caméra 4K », explique Matthieu Guislain.
Bien sûr, vous avez les petits drones de moins de 250 Gr pour des particuliers, mais une qualité d’image professionnelle nécessite un équipement d’un autre standing. C’est une machine volante d’environ 2,5 Kg dont le frein technique est encore, pour tous les fabricants, le poids de la batterie. « Ce sont des batteries au lithium et toutes les grandes marques sont à la recherche d’une nouvelle technologie », précise le professionnel.
A ce stade, les trois grands fabricants sont le Chinois « DJI », le précurseur sur le sujet, le français « Parot », et l’américain « Go Pro », bien connu pour ces caméras. « Le coût d’un drone, dit semi-professionnel, varie entre 5 000 à 10 000 euros. J’ai un DJI avec 3 batteries d’une autonomie de 30 minutes chacune. Ce fabricant est le plus reconnu pour les drones », poursuit Matthieu Guislain.
« La législation sur les drones bouge régulièrement », Matthieu Guislain
Depuis l’émergence de cet objet volant vers 2014/2015 en France, la loi a beaucoup normé l’utilisation d’un drone. Certes, les débuts furent folkloriques, un peu sauvage, mais assez rapidement le législateur a balisé l’utilisation de cet aéronef. Depuis le 01 janvier 2018, la formation est codifiée https://lesdroners.fr/univers-drone/formation-drone/brevet-telepilote-drone/ ; mais « la législation sur les drones bouge régulièrement », commente Matthieu Guislain. A ce titre, depuis le 1er janvier 2021, l’utilisation de drones civils est soumis à la réglementation européenne qui crée 3 catégories en fonction du risque (ouverte, spécifique, certifiée). La catégorie ouverte, c’est à dire à faible risque, dans laquelle s’inscrivent les pilotes de drones professionnels comprend 3 sous catégories en fonction du poids du drone.
Quelles sont les catégories de zones de vol ?
Là également, elles sont très balisées, vous avez quatre scénarios :
S1 – vol en zone rurale – non habitée – l’aéronef ne peut pas peser plus de 25kgs et peut voler à 150m de hauteur maximum – 200m d’éloignement maximum.
S2 – vol en zone rurale – non habitée – l’aéronef ne peut pas peser plus de 25kgs jusqu’à 50m de hauteur, mais ne doit pas dépasser les 2kgs de 50 à 150m de hauteur – jusqu’à 1km de distance du télépilote.
S3 – vol en zone urbaine – l’aéronef ne peut pas peser plus de 8kgs et peut voler à 150m de hauteur maximum – La distance du télépilote est de 100m maximum.
S4 – vol en zone non habitée – l’aéronef ne peut pas peser plus de 2kgs et peut voler à 150m de hauteur maximum – La distance entre le télépilote et le drone est illimitée.
« Personne n’est propriétaire de l’air au dessus de sa propriété », Matthieu Guislain
Les vols des drones en dessous de 250 gr ne sont pas sujets à une déclaration voire autorisation. Par contre, ils doivent impérativement respecter le Droit à l’image. Ensuite, tout est différent pour les pilotes de drones professionnels. En zone rurale non habitée, les limitations sont très réduites, mais par contre en zone semi-urbaine, cela fait l’objet d’une déclaration en Sous-Préfecture avec un délai de refus possible sous dix jours, et enfin en zone urbaine, une autorisation préalable est obligatoire pour faire voler un drone.
Néanmoins, les incompréhensions viennent souvent dans l’utilisation d’un drone. « Lorsque votre mission est de filmer un site, mais que techniquement vous devez passer au dessus d’une zone habitée, voire jardin où parfois des personnes évoluent dans cet espace, nous pouvons recevoir des doléances du voisinage, mais le pilote professionnel reste dans son droit. Personne n’est propriétaire de l’air au dessus de sa propriété. Par contre, nous sommes soumis au Droit à l’image, il est impossible de faire un plan de près d’une personne avec un drone. Ce sont mécaniquement des vues aériennes à une distance minimum », commente Matthieu Guislain.
Toutefois, des espaces particuliers sont à proscrire comme proche d’un aéroport ou aérodrome, voire « sur Valenciennes avec l’Héliport du Centre Hospitalier de Valenciennes », poursuit-il.
La concurrence
Sur le marché du professionnel où vous retrouvez essentiellement des micro-entreprises, vous avez assez souvent des photographes de métiers. Pour autant, il existe une concurrence assez disparate. « Bien sûr, l’amateur évoluant sans autorisation, sans diplôme, et travaillant au noir, fait beaucoup de mal à notre profession. Ensuite, vous avez les services communication des collectivités locales. Après une formation d’un coût de 10 000 €, un matériel professionnel entre 5 000 et 10 000 €, une collectivité locale utilise cette technologie pour sa communication, alors que pour des prestations classiques, le coût chez un professionnel comme moi est entre 500 et 1000 € la prestation. Bien sûr, sur un projet plus volumineux, le prix est différent. Enfin, je n’ai jamais eu un problème avec les professionnels diplômés dans l’exercice de mon activité », conclut-il.
Matthieu Guislain travaille toute France pour les particuliers, une prestation très prisée en cas de sinistre important, notamment une tempête, afin de constituer un dossier d’indemnisation pour les assurances. Ensuite, les bâtiments professionnels pour une évaluation des bâtis, notamment comptable, pour des travaux lourds, voire une cession d’entreprise. Enfin, pour les collectivités locales et intercommunales commençant à s’emparer du sujet en terme de communication, mais également pour leur dossier d’urbanisme. « J’ai réalisé la vidéo pour le centenaire de la bataille de Le Quesnoy pour les Néo-Zélandais, et collaboré avec des communes dans le Quercitain. Sur le Valenciennois, j’ai travaillé plus avec des entreprises voire particuliers. Là, je suis sur un projet en Camargue », conclut Matthieu Guislain.
Plus d’infos sur https://www.drone-answers.com
Daniel Carlier