La vie de Château pour le R-LAB à Raismes
La démocratie participative est un exercice sur le long cours, un défi majeur au regard des dernières participations des électrices et des électeurs aux scrutins intermédiaires. Pour capter l’attention publique de ses administrés, la ville de Raismes a lancé en 2021 « l’année de la démocratie participative » avec des initiatives pléthoriques et des réalisation concrètes comme le futur aménagement du Château Mabille en R-LAB, un lieu où le partage sera le concept.
Touche pas à mon Château Mabille !
Le patrimoine minier sur le Valenciennois regorge de pépites naturelles et bâtimentaires, une reconnaissance mondiale UNESCO a d’ailleurs gravé aux yeux du monde cette singularité en juin 2012.
Bien sûr, vous avez les plus emblématiques, les chevalements, les terrils, mais également des anciennes Maisons de Maîtres comme le Château Mabille à proximité du centre-ville de Raismes, ancienne propriété de la compagnie minière d’Anzin. Bâti en 1869, cet édifice du XIXème siècle est revenu dans le giron communal à la sortie de la guerre en 1947. Pourtant, on l’a vu sur Valenciennes avec le passage dans le privé du Mont de Piété, le 2ème édifice culturel par son importance après le Musée des Beaux-Arts sur la commune, voire sur Denain avec la destruction du Château Lebret même si à contrario, la Fosse Mathilde, élément du Patrimoine de l’Unesco, fait partie (conseil municipal du 10 décembre) des projets communaux, le maire réaffirme qu’aucun début, d’idée, de commencement, d’une hypothèse d’un abandon au privé voire destruction n’a jamais été envisagée par la municipalité depuis 1947. Certes, le Château Mabille est en veille d’un autre destin depuis le début des années 2000, devenu juste un lieu de stockage pour les associations, mais « les habitants ont signifié leur attachement à ce patrimoine local. C’est un lieu très identifié par les habitant.e.s ».
Au fil du temps, cette maison imposante est « devenue un lieu de vaccination, mais également un lieu central de la médecine scolaire autour d’un parc au cadre bucolique très prisé des autochtones », poursuit le maire. Oui, la vaccination existait avant la Covid (on pourrait presque en douter avec certains sons)
Raismes 2032
Revenons en amont de cette année 2021 où l’ancienne majorité avait lancé un projet ambitieux baptisé « Raismes 2032 ». A cette époque, au moment où la fin du mois est une réalité, la projection d’une ambition communale sur 12 ans avait surpris plus d’un observateur. Force est de constater que ce fil conducteur, partagé et choisi par la population, prend corps, et traverse les projets urbains comme sur le Château de la Princesse, la Base de Loisirs, et le Château Mabille autour d’une cité partagée entre ville et forêt.
Sur cette ambition « Raismes 2032 », des premières réalisations concrètes, outre les projets en cours sur le centre-ville, sont à noter comme la placette Mozart, voire le square de Vicoigne.
En déclinaison de cette année de la démocratie participative, la commune avait organisé le 16 octobre dernier un « Marathon des Idées » au sein du Château Mabille. « Trois sujets ont émergé durant cette journée, le renouvellement du mobilier urbain, la création d’un équipement sportif en centre-ville, et la mise en oeuvre d’événements solidaires », commente Aymeric Robin.
Un R-LAB
Ce Château Mabille sera donc transformé en R-LAB en 2022, un haut lieu de démocratie participative. Certes, il avait bénéficié d’un entretien de base, le clos et le couvert, mais aujourd’hui, un intérieur revisité est sur la table. « Nous aménageons le rez-de-chaussée avec un espace principal, une salle de coworking, mais également un atelier cuisine complet avec un îlot central. Les travaux seront achevés d’ici fin janvier. Nous avons déjà changé les fenêtres pour du double vitrage », commente Bernard Waselynck, Directeur technique pour la ville de Raismes.
Le montant des travaux s’élève à 110 000 euros « avec une participation de la Région des Hauts-de-France et de l’Etat, les deux au titre de la Politique de la Ville », précise le maire. En effet, il est logique que les lignes budgétaires de la Politique de la Ville s’inscrivent dans ce projet. En effet, le principe du CoWorking, mis à mal durant cette crise sanitaire, est un espace de partage, social ou professionnel, ludique et convivial. Outre l’utilisation au fil du temps par les particuliers, les associations, et autres acteurs de la cité, les manifestations au sein de cet espace pourront également créer l’événement social, voire d’une économie solidaire. Ensuite, l’espace cuisine s’inscrit dans la volonté d’une sensibilisation à l’alimentation saine, mieux consommer, moins de gâchis alimentaire, un véritable sujet du quotidien.
Dans ce type de projet, la partie (presque) la plus facile est la transformation bâtimentaire, la plus difficile est l’appropriation de ce lieu par la population, le faire vivre comme un espace commun où ils se passent des choses courantes, des événements, de la vie tout court, et non uniquement un agenda municipal, un défi de taille à relever pour les années à venir.
Daniel Carlier