Territoire

A la Sainte-Barbe, fêtons les 25 ans de Germinal…

Samedi 3 décembre 2016, invités et près de 60 personnes participantes au tournage du film mythique « Germinal » se sont retrouvés sur le site de Wallers Arenberg… 25 ans plus tard.

Germinal, rencontre d’un livre, d’un film et d’un territoire !

C’est peu de le dire, ce tournage de Claude Berri a marqué à jamais le Valenciennois au début des années 90. Le défi improbable de transcrire en film un livre d’Emile Zola, même partiellement, demeurera une prouesse cinématographique majeure dans le monde du 7ème art.

L’autre exploit fut, 25 ans après, de réunir des membres de l’équipe technique, des figurants etc. pour célébrer cet anniversaire. Jean-Roger Milo, le charismatique Chaval, était présent pour cette cérémonie pas comme les autres. Pour cette interprétation magistrale, il fut nominé au César du meilleur second rôle en 1994.

Jean-Robert Milo 25 ans plus tard
Jean-Roger Milo 25 ans plus tard

Venue de loin

« Cette idée a germé au moment de l’inauguration d’Arenberg Créative Mine en septembre 2015« , entame Alain Bocquet, le président de la CAPH.

Pourquoi cette initiative a été prise ? La réponse est avant tout basée sur l’humain « il s’est passé quelque chose, il y a 25 ans, entre une équipe, un réalisateur, un producteur, des figurants et un territoire« , précise le président.

Exposition et making-of

Décor de Germinal
Décor de Germinal en fond
expoint
Exposition au sein de la salle des compresseurs

Pour démarrer cette journée festive, une exposition photographique était accrochée au sein de la salle Claude Berri mais également dans la salle des compresseurs réhabilitée. Des visuels du photographe officiel, Benoît Barbier mais également de Didier Crasnaut, de la Voix du Nord, ont capturé des visages, une atmosphère singulière, des gueules de cinéma, une exposition magnifique. Une fois de plus, l’art de la photo est un métier qui n’est pas à la portée du 1er smartphone… qui passe !

Ensuite, un extrait d’une quinzaine de minutes du making of, sur une durée totale de 50 minutes, a été projeté aux invités et aux nombreux participants à cette aventure du 7ème art. Cet ancien site minier a été choisi en 1991 par Claude Berri. « Ce film représente 10 mois de travaux et 6 mois de tournage, c’est la reconstruction d’un monde. Je suis fier pour nous, c’est la fibre paternelle qui m’a poussé à réaliser ce tournage« , explique Claude Berri dans ce documentaire témoignage sur Germinal.

Ce film aurait pu se tourner en Pologne, en Tchékie mais Claude Berri a fait des repérages sur le Valenciennois et a voulu s’ancrer sur la terre d’inspiration d’Emile Zola. Un long métrage projeté avec succès, en 1993, sur les écrans français.

Ce choix fut précieux pour le site de Wallers Arenberg, il a permis d’être classé, en 1992, par les Bâtiments de France. Ensuite, le 01 juillet 2012, le label UNESCO a conforté la pérennité de cette emprise foncière chargée d’histoire.

Un film et une population

Cette oeuvre cinématographique s’est mariée avec une population. Tout d’abord, avec les travaux concernant le décor à travers la sollicitation de tous les corps de métiers du territoire, et Christophe Marti, présent samedi, fut un acteur clé de cette reconstruction de l’environnement du mineur. Ensuite, une armée de figurants a participé à ce film d’introspection sur le quotidien des mineurs. « Il y a eu près de 7 000 cachets de figurants pour ce tournage« , explique Alain Bocquet.

Un figurant, présent comme une soixantaine d’entre eux, était « ému à la projection du film Germinal. J’étais à la fois figurant avec les gendarmes et dans les mineurs belges« , souligne-t-il. Un autre participant souligne l’entente des acteurs, des figurants et de l’équipe technique « Renaud nous a permis de changer de prestataire pour les repas, le premier n’était pas de bonne qualité et Renaud fut notre porte parole pour changer de professionnel, près de 30 000 repas servis« , explique-t-il.

Partenariat avec l’UVHC

Le président de la Porte du Hainaut a mis en exergue la collaboration avec l’Université de Valenciennes. Un projet de longue date, inauguré en septembre 2015, a réhabilité ce site minier à travers un avenir tourné vers le travail sur l’image. « Arenberg Créative Mine a fait passé ce site de la Mine charbon à la Mine images. Avec La Serre Numérique et la Plaine Image, ils font partie d’un pôle image régional avec un réel potentiel économique et touristique« , précise Alain Bocquet.

2H50 de film

Le film Germinal a été projeté dans la salle Leaud, un chef d’oeuvre restauré en 4K « et je remercie vivement la société PATHE pour cette magnifique restauration« , explique Darius Langmann, fils de Claude Berri et cheville ouvrière de cette manifestation.

Une projection qui a permis a beaucoup, de figurants d’ailleurs, de revoir avec émotion ce film si particulier. Vous ne ressortez pas intact de ce visionnage d’un opus de Zola même si vous le connaissez par coeur. La tension actuelle, sociale et politique, est sans doute facteur de ces sentiments partagés. Quoi qu’il en soit, comme l’indique les dessins de Cabu venu dessiner sur le site même, voilà « enfin un film politique  » !

Avec des divergences palpables sur l’actualité « par rapport à ces combats sociaux, une chemise déchirée n’est pas grand chose« , explique Alain Bocquet. « Je suis un ancien enseignant en Droit du travail dont beaucoup de mesures sont issues de l’époque. Néanmoins, rien ne justifie la violence« , commente Xavier Bertrand, le président de la région des Hauts-de-France.

La très parisienne cérémonie des Césars a attribué le César du meilleur costume et celui de la meilleur photographie au film Germinal. Une fois de plus, ce jury de cinéphiles a boudé une oeuvre populaire et impactante dans l’histoire du cinéma français malgré des lots de consolation. Cette caste s’est rattrapée en décernant un César d’honneur à un gérant du cinéma français, Jean Carmet dont la complicité avec Gérard Depardieu, hors tournage, a marqué la population du Valenciennois dans leur vie de tous les jours.

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