Laurent Degallaix dans un « Havre » de paix… politique avec Edouard Philippe
La campagne présidentielle s’agite tous azimuts, chaque camp s’organise. Le dernier mouvement en lice est l’arrivée sur l’échiquier d’un nouveau Parti politique lancé sur les fonts baptismaux ce week-end par l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe. Il s’appelle « Horizons » , retenez son nom, car il va faire bouger les lignes de la Droite dite « Républicaine ».
(Visuel Béatrice Descamps, titulaire, et Laurent Degallaix suppléant en juin 2017, la vérité d’une minute n’est pas celle de la minute d’après… )
Laurent Degallaix cherche son «Horizons»
En propos liminaire, on peut observer un nouveau fil rouge dans les discours politiques. En effet, le retour de la culture de proximité coïncide avec le « Festival du Référendum ». J’ai une idée, je ne sais pas comment l’appliquer, de l’ordonnance à la réforme constitutionnelle en passant par une loi, le Référendum devient la solution pour toutes les décisions que je n’ose pas prendre. Référendum par ici, référendum par là, sauf erreur le ou la Président.e de la République est élu.e sur un programme et pas une pléiade de questions à poser aux électrices et électeurs !
Recherche tremplin politique désespérément… !
Ensuite, le maire de Valenciennes s’est affiché ce week-end aux cotés d’Edouard Philippe, le maire du Havre et ancien premier Ministre. Pas rancunier l’édile de cette ville du Valenciennois face à Edouard Philippe, celui qui fut le principal opposant durant près de 3 ans au Canal Seine Nord Europe, un projet structurant défendu bec et ongles par Dominique Riquet, député européen. Clairement, la solution est venue d’un ultime round de négociations où le Président de la République a validé une maîtrise d’oeuvre inédite, par la région Hauts-de-France, pour ce chantier titanesque. L’Europe, l’Etat, et la Région seront donc au rendez-vous de cet autoroute fluvial à l’horizon 2028, mais ce n’est clairement pas sous l’impulsion du Maire du Havre compte tenu de la concurrence pour son port maritime. C’est vrai, Edouard Philippe est venu « tard sur le sujet de l’écologie », avoue-t-il avec lucidité lors de son discours.
Mais, là nous parlons de l’intérêt général du territoire, parlons donc de l’intérêt particulier du maire de Valenciennes… !
En effet, ce nouveau parti politique a pour vocation l’accueil des élus Macron compatibles, mais qui n’osent pas franchir le Rubicon de la Macronie. Une ponction des élus LR, ou sympathisants LR, puisque le maire de Valenciennes a, également, ostensiblement affiché le soutien du parti LR à sa candidature locale et au Conseil départemental du Nord. On attend la réaction du patron de la Fédération du Nord du Parti Les Républicains, Sébastien Huygue.
Le quidam pourrait se demander, mais diable pourquoi Laurent Degallaix s’affiche-t-il là bas, lui qui enfile comme des perles les visites de Ministres du gouvernement sans être un député, ni même membre du parti LREM. Quel est donc son intérêt politique… ?
Deux grilles de lecture
La première grille de lecture est d’abord national. Chacun sait qu’il a raté deux fois le train d’un Secrétariat d’Etat, au 1er Gouvernement d’Edouard Philippe, puis à celui de Jean Castex, il était dans les « Ministrables » oubliés à chaque fois. Donc, pourquoi pas prendre la vague d’un nouveau Parti Politique dont le leader pourrait exiger son quota de membres du gouvernement au soir du second tour de la Présidentielle, c’est de la stratégie politique classique.
Bien sûr, ce schéma dépend tellement de paramètres que la 2ème lecture est plus probable. En effet, les législatives arrivent en juin 2022. En juin 2017, Jean-Louis Borloo et Laurent Degallaix avaient obtenu la tête sur un plateau de Delphine Alexandre, cheffe de file du mouvement « En Marche » sur le Valenciennois. Cette fois, face à Béatrice Descamps, député de la 21ème circonscription (Groupe parlementaire Agir ensemble), le candidat Laurent Degallaix pourrait s’afficher sous les couleurs d’un nouveau Parti politique (Horizons) en juin 2022, voire attendre les Sénatoriales 2023 en se positionnant contre Valérie Létard sur son poste de Sénatrice sur le Valenciennois. Là également, Edouard Philippe pourrait exiger un nombre substantiel de circonscriptions où il n’y aurait pas de concurrence avec la majorité présidentielle, la 21ème n’est pas à exclure de ce voyage politique du maire de Valenciennes au Havre. A ce stade, Béatrice Descamps n’a pas encore annoncé son choix de se lancer, ou non, dans l’arène législative. Assurément, elle devrait suivre avec intérêt les tribulations du Premier magistrat de Valenciennes.
Au final, même si Edouard Philippe évoque avec acuité une « atomisation de l’Etat », la véritable déliquescence démocratique est celle d’une parole politique atomisée où « poser les termes du débat (de fond)… »… « même à l’échelon municipal » se situe à trois étages en dessous de l’intérêt individuel en quête d’un poste… ! Enfin, la demande de «sérénité», par Edouard Philippe, est peut-être la plus cocasse à la lumière du comportement du Président de Valenciennes Métropole, tout en sérénité comme chacun sait !
Daniel Carlier