En attendant le Canal Seine Nord, l’extension du Terminal à conteneurs de Bruay/Saint-Saulve
Depuis déjà dix ans, l’idée que le canal de l’Escaut doit devenir un axe majeur du transport fluvial pour les entreprises du Valenciennois s’est imposée. Une décade plus tard, l’extension (la deuxième) du port public de Bruay/Saint-Saulve, à travers un nouvel espace conteneurs, traduit cette volonté politique.
Georges-François Leclerc : « On parlait du Canal Seine Nord au conditionnel, aujourd’hui à l’indicatif futur »
Au pic du souhait de l’Etat de concentrer les syndicats mixte en 2010/2011, Valenciennes Métropole sous la Présidence de Valérie Létard et la CCI territoriale Nord de France (à l’époque), sous la houlette de Francis Aldebert, lancent sur les fonts baptismaux un syndicat baptisé « Docks Seine Nord ». Concrètement, la Chambre de Commerce et d’Industrie demeure majoritaire dans cette entité compte tenu qu’elle est la concessionnaire permanente du développement économique pour le propriétaire des quais VNF (Voies Navigables de France).
Cette base juridique a permis en 2015 l’aménagement du port public de Bruay/Saint-Saulve au bénéfice « de 350 entreprises du Valenciennois, Bombardier, Alstom, Toyota, Stellantis, Val’Dunes, mais également l’agroalimentaire avec le malt et le sucre », commente Jean-Noël Verfaillie, vice-président en charge du développement économique à Valenciennes Métropole et Président de Transalley.
« L’Europe principal financeur », Bruno Fontaine
Effectivement, le succès ne s’est pas fait attendre, car une première extension du port public fut réalisée en 2017 avec un espace à conteneurs vides de 10 000 M2. En 2020, une nouvelle extension a été entreprise avec 15 000 M2 de terre-plein portuaire destinés au stockage des conteneurs jusque 5 hauteurs.
Face à ce développement éclair, Bruno Fontaine, le Président de la CCI Grand Hainaut et du syndicat Docks Seine Nord Europe Escaut, rappelle « la vision de Francis Aldebert et Valérie Létard à l’époque. En 2020, nous avons réalisé 140 000 EVP (Equivalent Vingt Pieds)* ce qui réduit de 55 000 EVP ces marchandises sur la route, un record pour ce port public, le 4ème port intérieur de France. Oui, il faut favoriser le transport modal ».
Sur le volet financier, cette extension a un coût de 7,5 millions d’euros « dont l’Europe est le principal financeur à hauteur de 50%, l’Etat, la Région Hauts-de-France (20%), et le solde par Valenciennes Métropole, La Porte du Hainaut, et la CCI Grand Hainaut, les membres du syndicat Docks Seine Nord », ajoute Bruno Fontaine.
Pour la Directrice territoriale de VNF, le transport par voie d’eau a tiré son épingle du jeu pendant La Covid. « En 2020, le transport fluvial fut résilient, agile, avec 11,5 tonnes de marchandises transportés. Bien sûr, nous attendons l’axe du Canal Seine Nord », commente Marie-Céline Masson.
« la ligne Valenciennes-Mons », Jean-Noël Verfaillie
Cette inauguration se déroulait en présence du nouveau Préfet de la Région Hauts-de-France, Georges-François Leclerc. Une occasion en or pour remettre le couvert concernant un dossier du XXème siècle « nous avons un transport fluvial, routier, voire aérien, à 360°, mais il nous manque toujours à l’est du territoire une ligne de fret ferroviaire, celle de Valenciennes-Mons », commente Jean-Noël Verfaillie.
Propos conforté par l’intervention du Président de la CCI Grand Hainaut, le message est sans doute entendu par le nouvel homme fort régional, sera-t-il écouté ?
« Un symbole du territoire », Aymeric Robin
Cette réussite collective est assurément un exemple au delà des divergences politiques, voire personnelles, dont le Valenciennois est coutumier. « Je vois ce satisfecit général, un symbole du territoire. C’est une démonstration d’une union des forces et des moyens. Ce temps a été mis à profit avec une stratégie sur le transport fluvial, la route, et le rail », déclare Aymeric Robin.
Le Conseiller régional, Jean-Michel Michalak, jette un oeil dans le rétroviseur « où j’ai eu le grand privilège de travailler (comme Directeur de cabinet) à la genèse de ce syndicat mixte. Ce n’était pas évident à l’époque, mais il y avait une volonté politique ».
Ensuite, il évoque le sujet corollaire, et incontournable, du Canal Seine Nord. « Les premiers travaux ont commencé dans l’Oise en 2021, le chantier de creusement débutera en 2022, il sera dans le Nord Pas-de-Calais en 2023 pour un achèvement des 107 km en 2028 », indique Jean-Michel Michalak. Pour mémoire, l’Etat a conventionné avec la région des Hauts-de-France pour la mise en oeuvre régionalisée de ce chantier hors norme. Sous la 5ème république, c’est le premier chantier, de cette ampleur, que l’Etat accepte de ne pas prendre en charge au niveau de sa réalisation.
En digression, on s’amuse (déjà) à l’idée d’une manifestation de presse nationale, dans le cadre de la campagne présidentielle, pour le début symbolique du creusement du Canal Seine Nord. On se souvient de février 2012 où Nicolas Sarkozy (Xavier Bertrand ministre de la santé) et Jean-Louis Borloo avaient inauguré (déjà) ce début de chantier, un four financier avéré. Puis, la revisite du projet sous la Présidence de François Hollande s’est perdue dans le dédale administratif comme presque tout son quinquennat. Bref, il serait savoureux de voir à nouveau ce Canal Seine Nord mis en scène, le ridicule ne tue pas, heureusement ! Néanmoins, on n’a jamais été aussi prêt de sa réalisation, ça c’est un fait établi. Espérons que du coté de la commune du Havre, on accepte un peu plus ce destin fluvial sans résistance comme pendant 3 ans… !
« La reconquête industrielle du Valenciennois est connue », Georges-François Leclerc
Chacun connaît le drame industriel du Valenciennois, il est connu et reconnu. Le Préfet n’ignore rien d’une période très difficile « après les 30 glorieuses, ce fut les 30 affreuses ! Par contre, sur la reconquête industrielle du Valenciennois, son rebond est connu. Concernant ce port, il relie le Valenciennois au monde. Je constate la dynamique des collectivités publiques du Valenciennois ».
Enfin, il fut également le témoin de l’attente du Canal Seine Nord. « J’étais un jeune Préfet et nous inaugurions un port du côté de Nogent sur Seine, on parlait à cette époque du Canal Seine Nord au conditionnel, aujourd’hui à l’indicatif futur », conclut Georges-François Leclerc.
Daniel Carlier
* Vingt pieds est la capacité standard d’un conteneur