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François Fillon, la droite libérale prend position !

Le succès inattendu de François Fillon à la primaire de la droite et du centre constitue un véritable tsunami politique sur l’échiquier national. Certes, un candidat de la droite a émergé mais que reste-t-il de ce mouvement politique unitaire ? (Crédits photos Newsdujour.fr et 20minutes.fr)

François Fillon

François Fillon, une élection venue de loin

Nimbée de ses certitudes, la France politique et médiatique s’est fourvoyée dans les grandes largeurs durant cette primaire de la droite et du centre. Autant Emmanuel Macron est venu très ostensiblement vers une candidature présidentielle, autant François Fillon a débarqué sans crier gare en modifiant le paysage politique de la cave au grenier. Le 1er tour de l’élection présidentielle n’aura plus rien à voir tant les bases politiques ont été bouleversées en seulement 15 jours, hallucinant !

La tentation du château de l’Elysée

Du dimanche 20 novembre en soirée et pendant 4 jours, cette primaire a été victime du  fameux mal de l’altitude en haut des marches du château…. ! Plus simplement, c’est l’ivresse d’une ascension vers l’accession à la fonction suprême. Le calme est revenu jeudi soir, un débat plus posé a ramené les esprits à plus de modération.

Néanmoins, les partis ne sont pas détenteurs des bulletins de vote et un électorat du centre devrait se disperser entre le Modem, Emmanuel Macron voire d’autres terres d’asile pour défendre certaines convictions.

Habituellement, sa répartie est fulgurante et piquante, là il suffisait de voir Florian Philippot, du F.N, patauger le dimanche 20 novembre en cherchant un argumentaire contre François Fillon autre que son appartenance à un ancien gouvernement. On doit reconnaître le sens de la formule à Gilbert Collard qui disait vendredi dernier : « François Fillon, c’est Arsène Lupin, il nous pique tout ! » François Fillon est arrivé à cliver dans le ventre du F.N, c’est bluffant !

De l’autre coté de l’échiquier, le propos de Stéphane Le Foll chez Jean-Jacques Bourdin, porte parole du gouvernement, était déroutant. Soudain, la gauche revit, espérant entrevoir un objectif commun à toutes les gauches, battre la droite baptisée radicale. Comme s’il n’avait pas compris leur propre échec, une gouvernance sans une seule idée directrice articulée sur la durée. Durant un quinquennat, hors mariage pour tous et recrutement de 50 000 enseignants, François Hollande a distillé une synthèse des courants socialistes. Le choc permanent des idées de gauche divergentes conduit invariablement vers une vacuité décisionnelle totale si l’on exclut le volet lutte contre le terrorisme, un sujet hors sol !

Et l’UDI local…

Fin politicien, François Fillon a souligné le bon Plan Borloo pour les quartiers (l’ANRU). Un acte de stratégie même si la politique n’a pas le pouvoir de tout effacer. En effet, la tempête institutionnelle entre Jean-Louis Borloo et François Fillon, en octobre 2011 pour la place de 1er ministre, a laissé une empreinte indélébile. Néanmoins, une photo sur les terres du père fondateur de l’UDI n’est pas à écarter pendant cette campagne présidentielle contre…

Sauf que… Laurent Degallaix s’est affiché à la Serre Numérique avec le maire de Bordeaux, puis en compagnie de Valérie Létard, sur le plateau de BFM TV pour le second débat des primaires. La sénatrice a poussé l’engagement beaucoup plus loin avec des déclarations dans la presse. Enfin, elle a bouclé cette campagne en faveur d’Alain Juppé par sa présence au premier rang au dernier meeting d’Alain Juppé à Lille à l’avant veille de cet ouragan politique ! François Fillon fait un carton électoral, à la Jean-Louis Borloo, sur le Valenciennois au premier et au second tour…

La présidentielle 2017 en folie

François Fillon est le candidat du parti Les Républicains, il gagne sur une capacité supposée à changer la donne, redonner de l’espoir quitte à souffrir. C’est pourquoi, et afin de ne pas perdre cet électorat, il ne peut pas négocier au gré des demandes son programme pour agréger d’autres partis, d’autres courants politiques. Cela serait un suicide programmatique et une porte ouverte pour le F.N !

Fort de ce constat, jusqu’à quel niveau le F.N va pousser le curseur dans une France plus droitière que jamais. Le volet social et l’Europe ne suffiront pas à attirer un volant d’électeurs suffisant pour briser le plafond de verre… Le staff du F.N  est en ébullition, des années de campagne ascendante pour se voir manger tout cru. C’est une OPA politique  !

Le Centre est à un carrefour de sa courte existence car son électorat est complètement désagrégé, façon puzzle. Jean-Christophe Lagarde pourra toujours revendiquer une alliance, mais la véritable imposture politique serait qu’il ose parler au nom de la France des Centres… pour cette présidentielle.

François Hollande pourrait déclarer sa candidature prochainement, son bilan, ou quasi dépôt de bilan, sous le bras. Si le P.S ne présente pas une vision unitaire au lieu de la Tour de Babel habituelle, la raclée pourrait se traduire aux législatives dans une proportion tout autre qu’en 1993, c’est peu dire. Faudrait-il qu’il fusse conscient de la chose…le président/candidat ?

EELV s’est illustré en fournissant un siège éjectable à Cécile Duflot, la sanction d’une image négative de l’écologie politique jamais atteinte. On pensait ne pas pouvoir faire pire que Dominique Voynet, Cécile Duflot l’a fait. Pour survivre à cela, ce parti doit se reconstruire à travers des combats écologiques car cela concerne chacun de nous. Quel sera le rôle d’EELV dans cette future élection, le mois de janvier sera plus éclairant sur ce sujet.

Le Parti communiste a désigné Jean-Luc Mélanchon à travers une consultation des militants ce week-end (53,6%). Il n’est pas le candidat de l’unanimité au sein de ce parti politique historique. Va-t-il fédérer un électorat pour cette élection et plus encore instiller une dynamique pour les législatives, c’est le grand mystère. Les combats de terrain sont la plus-value électorale du Parti Communiste car les grands dogmes d’antan sont totalement dépassés.

Sylvia Pinel, présidente du parti radical de gauche, a été choisie, ce samedi 26 novembre, pour se présenter à l’élection suprême.. no comment !

Aucun doute n’est permis, notre politique française continue son chemin les yeux grands fermés !

Daniel Carlier

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