(Volley) Conserver le maximum de licenciés
Après plusieurs mois sans volley, le Président du Volley Club de Valenciennes Arnaud Legrand, l’entraîneur de l’équipe première Galin Radichkov et une jeune joueuse Sacha Delannoy partagent leurs ressentis sur cette période. Qu’est-ce qui leur a manqué ? Qu’attendent-ils de la prochaine saison ?
Arnaud Legrand, Président
Il est content d’avoir retrouvé la salle du Hainaut mais il n’oublie pas « l’accumulation » des stops and go des deux saisons précédentes, « les joueurs, les dirigeants et les bénévoles ont eu du mal à encaisser le confinement…à une division près, nous aurions pu jouer… ». L’Elite jouait, pas la nationale 2. « C’est terrible pour les seniors niveau régional et départemental, ils n’ont fait aucun match, ils sont frustrés…Sans compétition, il y a une perte de motivation ». Le Président a tout fait pour garder mobiliser les licenciés, « nous avons fait du volley en extérieur mais avec la météo, nous risquions les blessures sur l’herbe mouillée, nous avons fait ce que nous pouvions ». D’un autre côté il est aussi inquiet pour l’avenir, « la reprise en salle pour les jeunes était attendue, ils viennent car leur licence est payée. Je crains une baisse des licenciés en septembre, cette crainte concerne les sports en salle comme le basket et le hand ». D’un point de vue financier, le VCV a touché la subvention régionale, « la région nous suit à 100%. Pour un club de N2 c’est énorme, ça nous tire une grosse épine du pied. Grâce à la région, nous proposons le renouvellement des licences gratuit pour la saison prochaine ». La Fédération a ouvert le renouvellement des licences dès début mai alors que d’habitude c’est fin juin. Alors quels joueurs re-signent au VCV ? « Chez les seniors filles il y a de l’incertitude, nous inscrirons probablement quatre équipes, elles attendent la dernière minute ». Quid des jeunes ? « Ils ont pratiqué des sports extérieurs pendant le confinement, est-ce qu’ils auront envie de revenir en salle ? ».
Jean-Claude Deparmentier, entraîneur au VCV, intervient à l’école Saint Jean Baptiste « pour attirer du sang neuf », le Président attend le retour des formulaires licence « avec impatience ». Oui, l’adrénaline des matchs lui a manqué car Arnaud Legrand aurait payé « pour aller voir un match dans la salle, c’était dur, je regardais sur facebook ». En attendant le retour à la compétition, le Président a pour objectif de « conserver le maximum de licenciés, de voir l’équipe première se hisser en haut du tableau et voir aussi la prénationale suivre le rythme, nous avons besoin de ces deux équipes en haut. Le covid nous a fait perdre sportivement une année, aurions-nous été proches de la montée ? Le sport a été délaissé et dénigré par le gouvernement. Expliquez-moi pourquoi le golf n’était pas praticable ? Le sport c’est super important pour les enfants, ils ont besoin d’évacuer ».
Les calendriers devraient être connus mi-juillet et la reprise du championnat débuterait en octobre.
Galin Radichkov, entraîneur
La saison 2020-2021 ? « Inexistante », selon l’entraîneur, « je m’en doutais dès le départ, j’ai moins de regrets. C’est juste triste pour les jeunes, ils ne vont pas récupérer ce qu’ils auraient pu faire. Je pense aux équipes M13 et M15 qui étaient qualifiées pour la phase finale de la coupe de France. Dans ce type de compétition, les joueuses peuvent acquérir de l’expérience, elles ne joueront pas cette phase, elles ne vont pas l’acquérir, elles avaient super bien joué, ça présageait de belles choses, je suis frustrée pour les jeunes ». Comment a-t-il rempli les créneaux réservés habituellement aux entraînements et matchs ? « J’ai travaillé chez moi au lieu d’entraîner et j’ai consacré plus de temps à mon travail. ça me flinguait de voir des matchs de volley à la télé dans des salles vides…je croise les doigts pour que ça ne recommence pas. Atteindrons-nous une bonne couverture vaccinale ? ». L’entraîneur, qui est également papa, souligne que « mentalement les gamins sont des zombies téléphone et ou télé. Nous ne le voyons pas, mais ils souffrent. Ici au club, ça rigole, ça sourit, le côté social est très important ».
Une seule recrue pour l’instant dans l’équipe de N2 du VCV, il s’agit d’Aneta Weidenthalerova (22 ans, 1m74, République Tchèque, attaquante). « Peut-être une deuxième », souffle le Président. Un départ est acté celui de Mathilde Benoît (1m70, libéro, 17 ans) qui rejoint Evreux en Ligue A. « Nous allons attendre les adversaires de notre poule », poursuit l’entraîneur, « nous visons le haut de tableau, voir la montée. Nous avons une belle équipe mais nous partons dans l’inconnu, il n’y a jamais eu une pause aussi longue…Il faudra faire attention au début, remettre en route la machine et monter progressivement en régime. Nous effectuerons cinq semaines de préparation avec trois entraînements par semaine. L’ambiance et le côté social m’ont manqué. Je n’ai pas coaché depuis tellement longtemps…Je ne pense pas avoir perdu la fibre d’entraîner, je suis un peu déconnecté de ça… ».
Sacha Delannoy, joueuse
Elle a souri durant toute la conversation. Sacha Delannoy est aux anges depuis qu’elle a repris le chemin de la salle du Hainaut. A 16 ans « et demi », la passeuse joue dans l’équipe -18 et dans celle de régionale 1. « J’étais frustrée, je voulais absolument jouer. D’habitude je m’entraîne trois fois par semaine plus les matchs ». Pour cette lycéenne qui habite Beuvry-La-Forêt, l’arrêt du volley a chamboulé son planning. Pas question pour autant de se la couler douce, « je courais tous les dimanches, je jouais contre le mur avec la balle. Avec les -18, nous nous lancions des challenges sportifs. Ne pas jouer ni voir mes copines ça m’a manquée. L’ambiance aussi dans les vestiaires, après une victoire nous mettons de la musique, nous dansons. Je passe toujours des bons moments. Quand nous avons repris l’entraînement, c’est comme si nous venions de nous quitter, nous nous sommes manquées fort ». Le Président n’a pas à s’inquiéter, cette joueuse rempile, « j’ai hâte de savoir qui reste, j’ai confiance pour que les joueuses de mes deux équipes restent ». Sacha Delannoy, qui a commencé le volley en Ufolep à Orchies embarquée par une cousine, se projette, « le premier match ça va être trop bien, mon père sera là, ma mère et ma sœur si elles peuvent ». Elle a le volley dans la peau et sa joie d’être là provoquait autour d’elle un sentiment de plénitude.
Anne Seigner