Laurent Depagne : « Ce sentiment de vide en vous écoutant (élus du RN) »
Le 1er budget complet de cette nouvelle mandature sur Aulnoy-lez-Valenciennes était marqué par le retour du maire, Laurent Depagne, aux affaires locales. Absent durant 7 mois pour raison de santé, l’édile est revenu pour graver ce 1er budget dans le marbre de la comptabilité publique locale. Le débat ne fut pas à la hauteur d’un enjeu républicain, celui de la trajectoire financière résultant d’un choix politique. Tout se discute, toute argumentation se construit, car comme l’Homme est imparfait, un budget municipal l’est tout autant ! (Conseil municipal au sein de la salle les Nymphéas dans les conditions sanitaires requises).
Laurent Depagne : « Vous nous proposez la faillite ! »
Il serait réducteur de résumer ce Conseil municipal avec le vote du Budget primitif à la clé sans expliquer un principe de base. Le mandat de la République le plus difficile entre tous est celui d’un élu de l’opposition dans une collectivité locale. Sans moyens financiers, ni humains, vous devez absorber l’histoire budgétaire d’une commune, ses forces et ses faiblesses, ses appétences et ses tabous. Donc, lorsque vous arrivez face au 1er budget d’une nouvelle mandature, tout jeune élu, il est impérieux, comme une attestation, de bosser sérieusement le dossier. Si tel n’est pas le cas où si peu, un tir nourri de la majorité municipale sans concession est inévitable. Voilà le résumé de ce Conseil municipal où l’opposition fut dispersée en mode puzzle sur le fond comme il est rarement permis d’y assister. La question n’est pas tant sur des petites phrases ici et là, de la rhétorique classique trop entendue, mais concernant un débat sur le fond, le constitutif d’un budget local dont l’opposition visiblement ne détenait pas les fondamentaux.
Face à un monologue inépuisable de Laurent Depagne avec une rafale d’uppercuts, on ne peut pas blâmer outre mesure les deux membres de l’opposition. Pourquoi ? Simple, il est plus facile d’être porte parole dans un parti politique, d’être un professionnel avec des assistants parlementaires, de distribuer les éléments de langage ici et là en évitant bien les balles. Mais plus encore, comment fustiger une opposition balbutiante sur un budget local au regard de la prestation de son leader politique. En effet, au détour d’un débat de second tour présidentiel pathétique, d’un bis repetita durant un duo Darmanin/Le Pen assez troublant, d’une démission politique de la Présidence du Rassemblement National, sauf cécité, aussi prévisible que le soleil en été, voilà ce qui pourrait être le début d’un vide sidéral pour une candidature nationale à la Présidence de la République… !
« Quel budget allez-vous voter ? », Laurent Depagne
Ding, Ding, Laurent Depagne lance le Conseil municipal d’Aulnoy-lez-Valenciennes avec une clochette un peu hors du temps comme un clin d’oeil à la comptabilité publique, certes évolutive, mais qui répond depuis des décennies à certains canons budgétaires.
Le compte administratif 2020 révèle comme dans toutes les communes une baisse importante des charges à caractère général, soit – 8,96% en lien avec la Covid. Le chiffre important à retenir sur cette photographie comptable au 31 décembre 2020 est le report sur l’exercice 2021 de 3 723 323 euros, dont 3 526 203 euros sur la section investissement augurant d’un choix copieux d’investissement pour l’année suivante.
A la manoeuvre de la présentation du Budget primitif 2021, Ahmed Rahem, l’adjoint aux finances, expose les traits de cet opus 2021. « Maîtrisé, équilibré, avec un bon niveau d’autofinancement, une épargne brute en hausse, et un endettement en diminution ; tout cela permet de poser un PPI (Plan Pluriannuel d’Investissement) ambitieux, cohérent, et réaliste », commente Ahmed Rahem.
Sur ce budget primitif 2021, la section de fonctionnement est proposée à hauteur de 10 802 373 euros avec « une hausse de 0,19% des dépenses réelles de fonctionnement. Cela veut dire que nous maitrisons nos dépenses tout en installant deux nouveaux services, un dans la cohésion sociale, et un dans la tranquillité publique », explique Laurent Depagne.
Le maire renchérit « l’autre chiffre est celui de la dette par habitant, 391 euros par habitant soit deux fois moins que les communes de même strate ». Ensuite, l’autre donnée sur l’endettement est impressionnante ! « Nous avons une capacité de désendettement de 1,135 années », clame fièrement le premier magistrat. Effectivement, ce taux est extrêmement bas avec peu ou pas d’équivalent sur les zones urbaines du Valenciennois.
Ensuite, Laurent Depagne égrène une kyrielle d’investissements dès 2021 à hauteur de 5 631 365 euros : « Concernant la vidéo surveillance, nous lançons pas sur 3 ans, pas sur 2 ans, mais en totalité l’investissement de 590 000 € TTC sur l’année 2021 de notre projet de vidéo-tranquillité. Je suis étonné par votre réticence sur ce sujet ! De même, nous lançons le projet du mandat de démolition/reconstruction de l’école Emile Zola avec un engagement de 3,2 millions d’euros. Sans cette maîtrise budgétaire, il n’y aurait pas eu d’Ecole Jules Ferry non plus ! ».
Il enfonce le clou en interpellant les deux élus de l’opposition, Pierre Nisol et Alexandre Debussy : « Quel budget allez-vous voter ? Vous ne voteriez même pas le budget de votre propre parti politique ! ».
Tout cela aurait dû être une réponse ferme à un propos très argumenté de l’opposition…, sauf qu’il n’en est rien !
« Nécessité de redynamiser le centre-ville », Pierre Nisol
Au nom du Rassemblement National, Pierre Nisol répond à la présentation de l’adjoint aux finances. « Comme dans le ROB, nous regrettons votre volonté de ne pas aller plus loin. Il n’y a pas de prise de conscience sur la nécessité de redynamiser le centre-ville. Ensuite, nous ne pouvons pas nous opposer à des investissements dans les domaines scolaires, la sécurité, et le cadre de vie », commente Pierre Nisol. C’est très court… !
A tel point que le maire propose sérieusement « une journée de formation sur la compatibilité publique à l’opposition. Ensuite, il faut travailler vos dossiers ». Laurent Depagne évoque de manière corrosive « son absence pour raison de santé. Lors de mon hospitalisation, j’ai eu le sentiment d’un grand vide. J’ai de nouveau eu ce sentiment de vide en vous écoutant ! ».
Ensuite, il rappelle un propos durant le dernier Conseil municipal dédié au ROB. « Vous proposez une baisse des taux de la fiscalité locale, et en même temps maintenir tous ces investissements, ces nouveaux services à la population, etc. ! Vous nous proposez la faillite ! », clame le maire. Rappelons que les recettes fiscales, impôts et taxes, sont à hauteur de 3 774 748 euros, soit 53,58% des recettes de la commune sachant que la DGF, comme ailleurs, a baissé drastiquement à Aulnoy-lez-Valenciennes de « 22,61 % en 10 ans », précise l’adjoint aux finances.
Pour sa part, Alexandre Dufosset, répond à l’intervention du maire : « Vous n’êtes pas mon professeur, je ne suis pas votre élève. M. Nisol n’a pas dit que tout était mauvais, mais qu’il était possible de faire autrement. Le budget est un acte politique ! ».
Tout est dit, l’exercice du vote budgétaire est le reflet politique d’une gestion de l’argent public local. Pour en discuter, il faut de fait travailler les choix de la majorité politique, décortiquer les points peu clairs, d’autres choix potentiels… !
A cet effet, pourquoi l’opposition ne pointe pas une donnée assez élevée sur le poids de la masse salariale (67,13% pour 140 titulaires et contractuels) dans la section fonctionnement. Le maire répondit après le Conseil « nous avons des services en face, et des recettes assez faibles ». Dans la foulée, une baisse des effectifs avec des départs en retraite pourrait-elle permettre une baisse de la fiscalité locale ? A cette hypothèse, le maire a répondu par les « 3 P, Professionnel, Protection, et Proximité. A l’heure où tout le monde parle de mutualisation, nous proposons deux nouveau services, l’installation de la Maison France Services (après Bruay-sur-l’Escaut et Fresnes-sur-Escaut) où des services publics vont revenir sur Aulnoy-lez-Valenciennes. Ensuite, un nouveau service de tranquillité publique sera mis en oeuvre en 2021 », explique le maire.
Ensuite, pourquoi la majorité ne lance-t-elle pas des recherches de subventions régionales ou autres sur la redynamisation du centre-ville. « Nous sommes sollicités par de nombreux investisseurs, mais ce sont eux qui décident où ils veulent s’installer (plus Avenue Mousseron entre autres). Par ailleurs, les commerçants présents sur le centre-ville se maintiennent aussi grâce à nous ! », précise le maire. De même, le choix de ne pas faire d’emprunt en 2021 pour gonfler l’autofinancement. Pourquoi ne pas profiter des taux très faibles d’emprunt pour de l’investissement supplémentaire « pour aller plus loin » comme le disait Pierre Nisol. Bref, quelques éléments de langage ne remplaceront jamais le travail sur un dossier budgétaire ! Un groupe minoritaire n’est en rien moins important que l’ensemble d’une majorité dès lors que l’échange est argumenté… !
Pour clôturer ce Conseil municipal, le 1er adjoint Julien Dusart évoque le retour du maire élu « en grande forme … ».
Daniel Carlier