(Saint-Saulve) Chronique d’un budget exsangue… à court terme !
Le temps fort de ce Conseil municipal de Saint-Saulve passait évidemment par la case vote du budget primitif 2021, un exercice très compliqué même pour une ville dont la rigueur budgétaire sous la houlette de Cécile Gallez, et Yves Dusart aujourd’hui, est une référence territoriale. Ce temps paraît lointain !
Yves Dusart : « Bientôt, Saint-Saulve sera une ville sans moyens ! »
Presque un an après l’élection victorieuse au 1er tour de la liste emmenée par Yves Dusart, le premier magistrat évoque « une surprise. J’ai reçu la lettre de démission d’Isabelle Dussart (EELV). Je la déplore, je suis aussi surpris par la manière sans discussion au préalable. Enfin, je suis déçu pour les Saint-Saulviens qui ont voté pour sa liste. Il n’y a fort heureusement pas de problème de santé », explique le maire.
En lieu et place d’Isabelle Dussart, c’est Bruno Thiollet le nouvel élu de l’opposition du Conseil municipal qui s’empresse d’expliquer cette démission : « Isabelle n’a pas su concilier vie privée et son mandat de Conseiller municipal. Cette démission est un problème d’organisation personnelle. Ensuite, je m’inscris dans la continuité, j’espère que nous pourrons travailler ensemble. Mes domaines de prédilection sont le sport et l’écologie », commente Bruno Thiollet sur un ton très consensuel… à suivre !
« Un policier municipal a ouvert le feu », Yves Dusart
Bien relaté dans les colonnes de La Voix du Nord, la commune de Saint-Saulve a défrayé la chronique des faits divers. « Suite au repérage d’un véhicule ciblé, notre Police Municipale a pris en chasse voiture le dit véhicule, la poursuite s’est déroulée hors des limites de la commune avec l’autorisation de la Police Nationale. Notre Policier municipal, sorti du véhicule pour interpellation, a du faire usage de son arme à feu, car le conducteur voulait lui rouler dessus. L’enquête est entre les mains de la justice. Néanmoins, chiffres à l’appui, je tiens à (re)dire que Saint-Saulve demeure une ville privilégiée sur le plan de la délinquance », explique le maire.
L’édile profite de ce fait divers, qui aurait pu être tragique, afin de souligner la collaboration étroite avec le Procureur de la République. « Je l’ai rencontré en février afin de faire avancer des dossiers locaux. D’ailleurs, il vient chez nous à l’occasion d’une réunion « sécurité » le 26 mars prochain. Nous avons la chance d’avoir un procureur très proche des élus », poursuit Yves Dusart.
« C’est un budget dans des conditions très difficiles », Jean-Marie Dubois
A l’instar d’un ROB très soutenu, le « show » devant de l’adjoint aux finances s’est poursuivi ce mardi 16 mars. « C’est un budget dans des conditions très difficiles. La baisse des dotations, la diminution des recettes fiscales, l’impact de la Covid, etc., pousse notre commune dans une spirale négative. Nous assurons beaucoup de services pour nos administrés sans aucune aide financière de l’Etat. Notre budget est en péril », s’exclame Jean-Marie Dubois.
Déjà, la délibération sur l’affectation des résultats du budget 2020 est annonciatrice comme les oiseaux migrateurs au printemps. « En fonctionnement 2020, nous avons un excédent de 733 706 € contre 1 752 708 euros en 2019. Sur le volet investissement, nous dégageons un solde positif de 488 394 euros contre un résultat négatif de 654 00 en 2019. Le tout conjugué nous permet un report en fonctionnement de 1 790 836 euros », explique Jean-Marie Dubois.
« 11 500 habitants, 510 000 euros pour les dotations de l’Etat…, c’est anormal !», Yves Dusart
Au sein d’une ville de 11 500 habitants environ, les recettes de fonctionnement s’élèvent à 14 118 967 euros, avec 80 % de fiscalité locale, soit plus 1,85 % « c’est en trompe l’oeil, car il y a une dotation de la CAF sur 2 ans. Sans cette dernière, nous sommes en baisse de 0,6% », explique Jean-Marie Dubois.
En terme de réduction des dotations (DGF notamment), le maire prend un exemple chiffré pour faire passer le message. « Sur Anzin, et je m’entends très bien avec Pierre Michel Bernard, cette ville reçoit 8 millions d’euros entre la DGF et la DSU pour 14 000 habitants environ. De notre coté, pour 11 500 habitants, 510 000 euros pour les dotations de l’Etat…, c’est anormal ! Bientôt, nous serons une ville sans moyens si nous faisons des projections sur ce mandat. Nous sommes déjà une ville pauvre », commente furibond Yves Dusart.
Au niveau des dépenses de fonctionnement, le montant s’inscrit dans le budget 2021 à hauteur de 14 235 880 euros, soit une diminution de 1,29%. La masse salariale dans ce budget fonctionnement s’élève à 63%, c’est un chiffre assez conséquent que l’adjoint aux finances justifie « par des recrutements en perspective des départs en retraite durant ce mandat, mais également en lien avec l’application de notre programme, comme l’arrivée d’un manager de ville ».
Le plus symptomatique est la hausse « énorme des charges à caractère général, nous sommes à 22% du budget de fonctionnement. Au final, nous avons un budget en déficit de 116 913 euros. Bien sûr, il est équilibré par le report de l’affectation du résultat des années précédentes », indique Jean-Marie Dubois.
Rappelons qu’une collectivité locale doit légalement présenter un budget à l’équilibre, contrairement à l’Etat. Que serait l’état des lieux des finances de la France si la loi avait imposé dès 1974, 1er choc pétrolier, un budget national à l’équilibre ? Aujourd’hui, sans sourciller, nos parlementaires vote dans le budget de l’Etat environ 80 milliards d’euros d’intérêts de la dette… comme une lettre à la poste…, un jour sans timbre mécaniquement !
« Il fallait emprunter 2,5 à 3 millions d’euros pour mettre en oeuvre notre programme et assurer les services à la population», Yves Dusart
Sur le volet investissement, le baromètre d’une dynamique d’un programme, le montant voté est de 3 272 956 euros, soit une baisse de 15,44 %. Pour autant, le maire tient à expliquer sa volonté d’investissement. « Dans les premières projections budgétaires, c’était terrible. Nous subissons la double peine, celle des dotations très réduites et d’un manque à gagner d’environ 2,5 millions d’euros par an, fin de la TPU etc. Il fallait emprunter 2,5 à 3 millions d’euros pour mettre en oeuvre notre programme et assurer les services à la population. Nous avons donc dû retravailler avec tous les services, les adjoints, les priorités, et faire des choix. La Covid nous fait excessivement mal. Bientôt, Saint-Saulve sera une ville sans moyens pour assurer les services aux habitants. Fallait-il être très endetté, faire des emprunts sans lisibilité, creuser le déficit, je me me le demande… pour obtenir des dotations ! », ajoute Yves Dusart.
Néanmoins, sur les dépenses d’investissement, l’équipe municipale s’est voulue inventive. « Nous lançons pour 150 000 € la numérisation de toutes les écoles communales à travers des tablettes, des P.C, et des TBI (Tableau Blanc Interactif). Sans le Plan de Relance (France Relance), nous aurions sans doute étalé cette somme, mais là nous profitons de la dotation supplémentaire de l’Etat. Ensuite, nous injectons de l’investissement dans des études pour les Grands projets îlot Mairie et Bas Marais », commente le maire.
« A la porte de Valenciennes Métropole pour nos dossiers », Yves Dusart
Evidemment, chaque service financier dans une collectivité locale doit pratiquer le sport national, la chasse aux subventions dont l’agrément, ou pas, guide la temporalité d’un investissement structurant.
Dans ce cadre, le maire rappelle que durant les épisodes précédents, la ville de Saint-Saulve « n’avait pas beaucoup reçu de la CAVM. J’ai reçu le Président de Valenciennes Métropole pour évoquer nos projets. Nous sommes en phase sur ces dossiers. Nous avons un accord verbal de ce dernier. J’attends d’ailleurs un retour sur celui de l’îlot mairie. Je serai à la porte de Valenciennes Métropole pour nos dossiers même si je ne la considère pas du tout comme un tiroir caisse, nous parlons de projets de territoire », indique l’édile.
« J’ai la validation de Jean René Lecerf », Yves Dusart
Enfin, il évoque un autre acteur indispensable à la vie d’une collectivité locale, j’ai nommé le Conseil départemental. « Toujours utile d’avoir des Conseillers départementaux dans le Conseil municipal, me semble-t-il », glisse-t-il en prélude.
« Au niveau départemental, le dernier dossier important date de 2015/2016 avec 500 000 € pour le complexe sportif. Je serai également à la porte du Département pour nos dossiers. J’ai la validation de Jean René Lecerf pour une prise en compte d’un (gros) projet sur notre commune », conclut le maire.
La DGF après 2022… !
En conclusion, ce budget communal est très éclairant à plus d’un titre, il met en lumière une nécessaire remise à plat de la DGF dans toutes les collectivités locales. Le deuxième Plan de Relance national, post 2022, pourrait porter idéalement sur une nouvelle dotation structurelle pour les 36 000 communes françaises.
Certes, l’Etat poursuit son soutien à l’investissement public local à travers la DTER, et plus encore via le Plan « France Relance » dont nous voyons l’effet accélérateur dans de multiples communes du Valenciennois. Pour autant, à force de mettre en oeuvre des services, vous validez dans le marbre des besoins de fonctionnement. Si de l’autre coté, la DGF n’assure plus sa part dans ce service aux citoyens, voire uniquement pour les communes les plus en souffrance, vous construisez un déséquilibre global sur le territoire. Une place en crèche, un emploi non délocalisable dans un service municipal, un soutien à l’économie locale via des services ne sont pas à la tête de la feuille d’impôt. Ils font partie intégrante d’un développement global, d’une cohésion sociale d’un pays. Ce changement, totalement abscons pour le grand public, d’une grille de lecture équitable par une réalité égalitaire de la DGF, quel que soit l’ADN de la commune, serait la réforme du quotidien la plus importante de la décennie 2020, sans l’ombre d’un doute !
Daniel Carlier