(St Amand) Un ROB animé en mode « Persévérance »
Le Conseil municipal de Saint-Amand-les-Eaux était surtout axé sur le Rapport d’Orientation Budgétaire où un débat assez tendu fit tourner l’horloge durant presque deux heures. Le prochain budget primitif en mars prochain s’annonce piquant du coté de la cité thermale !
Alain Bocquet : « C’est un budget de prudence et de persévérance »
En clin d’oeil durant cette soirée spatiale du jeudi 18 février 2021, Alain Bocquet a fait à l’issue d’un débat enlevé suite au Rapport d’Orientation Budgétaire une allusion à l’amarsérrissage du Rover sur la planète Mars. A l’heure où la recherche française médicale est un peu à la traîne sur les vaccins, une entreprise de Toulouse a collaboré à la réalisation d’un élément, la super-caméra, du robot « Persévérance » après avoir remporté un appel d’offres de la NASA en 2014… !
Revenons dans le vif du sujet avec la présentation par l’adjointe aux finances, Sylvie Wiart, du ROB 2021. En discours liminaire, David Leclercq faisait un état des lieux de la vaccination qui a reprise depuis le 25 février. « Seule une vaccination massive assurera une immunité collective. Ensuite, nous demandons la réouverture des Thermes de notre commune, car c’est un enjeu de santé bien-être ». Ensuite, il effleure les contours d’une « année budgétaire atypique ».
« C’est un budget de prudence, de rigueur, et d’austérité », Sylvie Wiart
Comme l’a souligné justement la Chambre régionale des Comptes, le budget de la cité thermale est très dépendant de la bonne santé financière du Casino. « L’Etat a compensé à hauteur de 750 millions d’euros la baisse de recettes des versements du Casino. Au global, nous avons perdu malgré les compensations 1,8 millions d’euros. Quelle sera la perte en 2021 », entame l’adjointe aux finances. Il faut avouer que tous les édiles de France doivent signer un budget sincère, avant le 31 mars contre le 31 juillet compte tenu de la loi d’urgence sanitaire en 2020, sans aucune lecture sanitaire dans les 3 à 4 mais à venir. Pourquoi l’Etat, toujours sous une loi d’urgence sanitaire, n’a pas retardé ce vote du budget au 30 juin tout en assouplissant le déblocage anticipé à 50 % du futur budget communal ?
Trois chiffres clés sont importants à retenir, deux sont rassurants, un est inquiétant. Premièrement, le ratio de la masse salariale sur le budget fonctionnement demeure à 50,52%. Ce chiffre prouve une maîtrise de la masse salariale et la comparaison est assez criante au regard de certains budgets locaux dans le Valenciennois. Le deuxième est la capacité de remboursement de la dette, il est à 6,95 années ce qui est raisonnable compte tenu que le seuil d’alerte est à 12 ans. Par contre, le chiffre inquiétant est celui de l’épargne nette disponible à hauteur de 700 000 euros. « Nous n’avons fait aucun emprunt en 2020 », précise Sylvie Wiart, et il sera compliqué d’y recourir en 2021 compte tenu de la faiblesse des fonds propres de la commune.
Bien sûr, la suppression de la Taxe d’habitation hante tous les adjoints aux finances de France. « Sur Saint-Amand-les-Eaux, 6 193 administrés sont exonérés de la Taxe d’Habitation, 7 200 continuent à payer avec 30 % de baisse en 2021, puis 65 % en 2022. La compensation de l’Etat concernant la taxe d’habitation restera figé sur 2021 ».
Ensuite, l’adjointe aux finances annonce un futur budget participatif, attendu de 50 000 €, et la création d’un budget annexe sur le Moulin des Loups sur 650 000 €.
Enfin, trois crédits de paiement 2021 sont annoncés, 950 000 € sur l’église Saint-Martin, 303 000 euros sur le Centre de ressources Louise de Bettignies, et 400 000 € sur le chantier Coeur de Ville. « C’est un budget de prudence, de rigueur, et d’austérité », conclut Sylvie Wiart.
« Pas une fatalité à l’austérité », Eric Renaud
Eric Renaud fustige déjà la forme « ce n’est pas la présentation d’un ROB, mais à quelques détails près celui du budget primitif ».
Ensuite, il souligne que la baisse de la taxe d’habitation n’est pas perdue pour tout le monde. « La Porte du Hainaut à travers la TEOM, la GEMAPI, et la GPU cherche à récupérer le montant de la taxe d’habitation. Ensuite, le montant de la solidarité communautaire n’est pas encore fixée, mais Saint-Amand-les-Eaux est en ligne de mire avec une diminution de cette solidarité ».
Concernant l’année budgétaire 2020 « elle vous permet une diminution de 4,5 millions des dépenses de fonctionnement tout en masquant la réalité budgétaire. Vous ne pouvez pas recourir à l’emprunt. Enfin, expliquez-moi pourquoi devons-nous encore payer 950 000 euros pour l’église Saint-Martin ? 303 000 euros pour le Centre de Ressources Louise de Bettignies alors que nous avons déjà 2 millions d’euros inscrits au budget précédent. Enfin, encore 400 000 euros pour le Coeur de Ville, nous atteignons la somme de 10,4 millions d’euros contre 6,5 millions d’euros au départ. Ce sera le double en investissement si le pont (vestige…) est réalisé ! ».
« La COVID tétanise la majorité », Eric Castelain
Pour sa part, Eric Castelain souligne que « la ville n’a pas besoin d’un constat larmoyant. La COVID tétanise la majorité. Heureusement que le privé ne gère pas ses investissements comme vous. On regarde la Covid passée avec une poursuite de la baisse de la démographie. Par contre, on ne parle pas de l’Arena pour les J.O 2024, les pistes cyclables, et le projet de rénovation du Parc de la Scarpe ».
« Pas de projet sur le Parc de la Scarpe ? », Guillaume Florquin
Enfin, Guillaume Florquin s’étonne que le « projet d’une rénovation du Parc de la Scarpe ne figure pas dans ce ROB, alors qu’il fait consensus ». Assurément, chose rare dans une campagne municipale, toutes les listes sur la ligne de départ souhaitaient une nouvelle réflexion sur le Parc de la Scarpe, un poumon vert a revisité.
Patrick Dufour déroule sur l’église Saint-Martin
Après une réponse introductive de Jean-Marc Mondino qualifiant ce budget de « sérieux et réaliste dans le cadre d’une situation difficile avec un manque de visibilité », Patrick Dufour a déroulé l’historique copieux des travaux inhérent à l’église Saint-Martin au travers du XXème et XXIème siècle.
« Je rappelle qu’en 1995, un projet de démolition était envisagée par la majorité précédente. En 1999, nous avons lancé une étude de 1ère urgence afin de sauver l’édifice. En 2006, nous avons investi 4,7 millions d’euros + 147 000 euros pour les extérieurs en 2013. Pour l’intérieur, 3,012 000 euros en 2014 + 700 000 euros en 2018, et donc 950 000 euros en 2021. Le mérule est apparue (en 2011) durant le chantier de plâtrerie et de peinture », commente l’adjoint Patrick Dufour.
Ensuite, il évoque un contentieux en justice contre un Bureau d’étude où l’évaluation initiale du chantier est en cause. Cette procédure est lancée par la commune à la grande satisfaction de l’opposition compte tenu des écarts abyssaux sur certains postes de travaux.
« Sur l’EHPAD prochainement dans le quartier du Moulin des Loups, nous allons viabiliser une parcelle de 3 000 M2 durant l’année 2021. C’est un projet d’ampleur communal », ajoute-t-il afin de justifier ce budget annexe.
Enfin, sur le Parc de la Scarpe, Alain Bocquet reprend la parole : « Sur ce projet, nous travaillerons en régie, sans bureau d’études, sur un parc familial. Par contre, nous laissons d’abord travailler les techniciens, puis nous revenons en commission afin d’échanger ensemble sur le projet ».
Interpellé par Eric Renaud sur le dossier sensible de la Police Municipale, le premier magistrat réagit : « La Police Municipale n’est pas enterrée. D’ailleurs, cela figurait dans mon programme des municipales (https://www.va-infos.fr/2020/02/23/alain-bocquet-presente-un-programme-offensif/). Nous effectuons un repérage d’un lieu où la Police municipale pourrait s’installer, sur un site existant ou non », commente Alain Bocquet. Sylvie Wiart reconnaît qu’en 2021 l’embauche de policiers municipaux ne serait pas possible.
Pour conclure, le maire qualifie ce budget » de prudence et de persévérance. Il faut affronter cette situation. Vous avez des impatiences, mais pas autant que nous. Il y a une phase de technicien. Ensuite, il y a la phase de travail collectif ».
« Je suis d’accord avec vous (Eric Renaud) », Alain Bocquet
Dans une délibération communautaire, la Porte du Hainaut a mise en oeuvre la stratégie intercommunale dans le cadre de la lutte contre l’habitat indigne dès le mois de juin 2019. Dans la déclinaison de la loi ELAN, les EPCI ont effectivement un rôle majeur à jouer. C’est pourquoi, la CAPH, sauf la commune de Denain avec son propre service, a conventionné avec toutes les communes du territoire pour travailler de concert sur cette thématique.
A cet effet, Eric Renaud demande « que l’EPCI prenne en charger en partie des charges liées à cette politique de gestion contre l’insalubrité ». Sur ce point, le maire poursuit « je suis d’accord avec vous ».
Pour sa part, Eric Castelain fustige cette initiative : « C’est une fausse bonne idée, c’est l’émergence de la Bureaucratie. Avec cette application d’un régime préalable d’autorisation à la mise en location ou à diviser, vous allez faire fuir les investisseurs. Il n’y a que vous pour penser que le régime immobilier en URSS était une réussite ».
Daniel Carlier