2021, l’année du rebond culturel ou le chaos !
Presque une litote lorsque vous évoquez l’impact du tremblement de terre de la pandémie sur le monde de la culture, mais de la même manière elle ne s’est pas éteinte bien au contraire. L’association du « Printemps Culturel » collaborant avec les artistes sur les deux agglo jette un regard lucide sur cette année 2020, mais également un oeil conquérant sur 2021. Entretien avec Jean-Jacques Potaux, le président de l’association, et Johan Grzelczyk, Directeur de projets de l’Association du Printemps culturel (visuel Compagnie du Tire-Laine, promenade musicale à Raismes).
Le « Printemps Culturel » en mode résilience
Depuis plus d’un an la culture est confinée, elle doit s’adapter à tous les protocoles sanitaires, elle doit continuer à vivre, à survivre avec des artistes et techniciens tiraillés entre se projeter sur un lendemain sans contrainte et un quotidien corseté. Incontestablement, le monde culturel traverse un séisme interne comme on ne l’imagine pas. Pour autant, la magie opère toujours, elle l’a démontré dans le Valenciennois avec à titre d’exemple l’activité remarquée de l’association « Printemps Culturel ».
Un coup d’oeil dans le rétroviseur de cette année 2020 inédite est à la fois sidérant, mais également plein d’enseignements sur la capacité à entreprendre. « Compte tenu de la situation sanitaire, l’année 2020 s’est pas mal passée. Avant le 17 mars, nous avions déjà eu un début d’année riche en événements culturels. Ensuite, nous avons exploité nos ressources. A ce titre, nous avons été sollicités par plusieurs communes dans le cadre d’actions autour de la démocratie culturelle « Politique de la Ville » durant l’été 2020, puis aux vacances de Toussaint. C’est une reconnaissance de notre activité associative, mais également une opportunité pour mettre en lumière la créativité des artistes », commente Jean-Jacques Potaux.
« Les artistes ont fait preuve d’inventivité en 2020 », Johan Grzelczyk
Concrètement, puisque les festivals furent annulés comme les Douchynoiseries, les Agités du Mélange à Fresnes, etc., il fallait imaginer autre chose. « Les artistes ont fait preuve d’inventivité comme la compagnie « Détournoyment » avec une proposition de spectacle à domicile sur Escautpont durant l’été et sur Wallers juste avant le 2ème confinement. Ensuite, la compagnie « Tire-Laine » a proposé des parades musicales itinérantes sur un vélo kart ; sans oublier la compagnie « Artimuse » à travers une sculpture en bois de cagette, aujourd’hui exposée au sein de la Médiathèque de Raismes », explique Johan Grzelczyk.
Face à l’absence totale de diffusion culturelle, Fabrice Simon a lancé l’idée d’un nouveau géant sur Douchy-les-Mines, un projet sur le temps long avec le concours de la commune de Douchy-les-Mines (https://www.va-infos.fr/2020/07/27/douchy-le-deconfinement-a-pas-de-geants/).
Enfin, l’initiation à l’improvisation a fait partie de cette découverte culturelle estivale, notamment sur Escaudain. « Nous avons remarqué avec les travailleurs sociaux que ce 1er confinement avait rendu les gens muets. C’est pourquoi, j’ai eu l’idée de faire venir la ligue d’improvisation de Marc-en-Baroeul afin d’initier les habitants à l’art de l’improvisation », ajoute Johan Grzelczyk.
Enfin pour 2020, le Musée Vivant des Enfants sur Fresnes-sur-Escaut avait programmé une exposition d’Antoine Liebaert. Bouclée la veille du confinement, l’artiste « a modélisé son exposition pour une visite virtuelle en 3D. Elle s’appelait les « Voies du Nord » ! », poursuit Johan Grzelczyk.
« Nous serons offensifs, combattifs, et constructifs en 2021 », Jean-Jacques Potaux
L’année 2021 avance à grands pas sans pour autant une lisibilité culturelle sur les mois à venir. Donc, il faut continuer à inventer une culture vivante. La palme 2021 pourrait déjà revenir à cette idée participative de Claude Cattelain au sein du Musée des Enfants vivants à Fresnes-sur-Escaut. En effet, il a assemblé des objets afin d’obtenir une oeuvre éphémère, mais pas seulement. « Sur rendez-vous, une personne à la fois peut ajouter un objet et par là même modifier l’oeuvre. Cette exposition s’achèvera par un décrochage collectif, une rencontre avec les participants à cette oeuvre participative », indique Johan Grzelczyk… tout simplement génial !!!
Ensuite, toujours sur cette commune, une exposition visible par les écoliers est en place encore quelques jours(https://www.va-infos.fr/2021/02/06/ping-pong-une-exposition-sous-forme-de-terrain-de-jeu-fresnes-sur-escaut/).
A cet instant, les galeries d’arts et la culture au sein des établissements scolaires sont les seules fenêtres de culture autorisées. « La compagnie « Le Poulailler » a présenté un spectacle, classe par classe, dans une école de Petite-Forêt le 20 janvier dernier », explique Johan Grzelczyk.
Pour sa part, le Président rappelle la mission première de l’association : « Nous travaillons beaucoup sur le compagnonnage des compagnies artistiques. J’espère vraiment la réouverture des lieux de culture. D’ailleurs, je pense aussi aux jeunes qui sont en difficultés psychologiques. Le spectacle, la rencontre, la dimension psychologique de la culture (en présentiel) sont essentielles, nous serons offensifs, combattifs, et constructifs en 2021″.
Les résidences artistiques résistent !
Bien sûr, le principe de l’artiste en résidence demeure plus que jamais fondamental. « Nous accompagnons sur différents sites culturels les résidences de Gerard Dumont, comédien et metteur en scène, Louise Desbrusses, poète et auteure, et Samuel Bodart, poète et percussionniste. Evidemment, il n’y a pas restitution en public comme il est de coutume, mais la période de création est intense », commente Johan Grzelczyk.
« Pas une seconde année sans diffusion », Johan Grzelczyk
Le monde de la culture se prépare à un retour à la normalité où la diffusion des spectacles serait assurée, la phase de créativité est maximale à l’instant « T » .« Personne n’envisage une seconde année sans diffusion. Il y a un engagement énorme des artistes, une seconde année blanche n’est pas possible. Tout le monde se prépare à un retour des spectacles en public. D’ailleurs, comme nous avons reporté beaucoup de spectacles en 2020, plus les nouvelles créations, il est probable que nous connaissions un bouchonnement en 2022 », précise le Directeur des projets.
Au passage, il tacle une analyse très parisienne des affluences culturelles : « Il n’y a pas eu une adaptation régionale des contraintes sanitaires. La jauge fut mal évaluée. Nous n’avons pas des centaines de personnes pour un vernissage, ni des milliers le premier week-end pour une exposition ». Le prisme jacobin à la vie dure à l’ombre de la Tour Eiffel.
On le sait toutes et tous, la culture demeure le meilleur rempart contre l’obscurantisme, un vaccin contre le repli sur soi des porteurs de l’apocalypse, le réveil culturel accessible à tous s’avère indispensable en 2021… !
Daniel Carlier