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(Rétro) Jacques Chirac à Valenciennes le 21 octobre 2003

La rénovation urbaine sur le Valenciennois est (déjà) une longue histoire. En effet, l’automne 2003 a vu le théâtre d’une visite présidentielle de Jacques Chirac avec son Ministre en charge de la Politique de la Ville, Jean-Louis Borloo. Cette manifestation portait essentiellement sur la rénovation urbaine même si d’autres sujets, de portée nationale, sont venus parcheminer cette rencontre du Chef de l’Etat avec le Valenciennois.

Jacques Chirac : « Casser les ghettos »

Le chef de l’Etat commençait sa déambulation par une présentation en mairie de Beuvrages, une des 3 communes du territoire retenues pour intégrer le dispositif de Zone Franche Urbaine lancé le 1er janvier 2004. André Lenquette ne cacha pas son émotion face à l’événement, et conduisit Jacques Chirac à la découverte de la Cité Fenelon.

Ensuite, le Président de la République parcourut le quartier de la Briquette sur Valenciennes où le long de l’allée des Chênes, il découvrit les réalisations déjà en place dans le cadre de cette rénovation urbaine.

Après une visite marathon de ces deux quartiers emblématiques d’un nouveau trait architectural nécessaire, Jacques Chirac se rendit dans le quartier du Neuf-Bourg choisi pour son exemple réussi de mutation exemplaire.

Là, l’homme fort de l’Etat, réélu en 2002, fendit la foule rue des Récollets, ruelle des Sayneurs, avant de se rendre dans un logement de la rue des Anges. Avant de venir au sein de l’Hôtel de Ville pour un discours attendu, il ne résista à pas un nouveau bain de foule dont il avait le secret. En effet, près de 2 000 personnes étaient massés le long d’une barrière de sécurité, et sans surprise Jacques Chirac se dirigea vers eux avant de s’engouffrer en mairie de Valenciennes…

«  La laïcité n’est pas négociable », Jacques Chirac

Durant son allocution, le Président de la République a rappelé que la Politique de la Ville était l’un des outils dont disposait l’Etat : « Le chômage, une urbanisation mal maîtrisée, une immigration massive sans intégration, la montée des individualistes ont contribué à forger le Valenciennois de ces dernières années. Ce sont autant de réalités qu’il faut regarder en face. Les solutions classiques ont échoué lorsqu’il s’est agit d’y remédier. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce sont des initiatives locales associées à la solidarité nationale ».

Face à ce constat au début des années 2000, le Président de la République proposait de « casser les ghettos » pour que du respect de soi et des autres naisse « l’envie de s’en sortir ». Au menu, démolition, réhabilitation, reconstruction… sont les phases à la mise en oeuvre d’un projet, baptisé ANRU, qui demandera plus d’un milliards d’euros de l’Etat, la participation de l’Europe, des collectivités locales, et des bailleurs sociaux, mais pas seulement puisque 14 signataires sont complices de cette innovation à l’aube de son installation officielle le 17 novembre 2003.

Au détour de l’objet de cette visite, des sujets nationaux se greffent dans les propos, notamment sur la violence : « L’insécurité est inadmissible et la République ne se laissera pas intimider ainsi ». De même, Jacques Chirac martela à l’époque sur « la laïcité n’est pas négociable. La République est partout chez elle ».

Enfin, sur le volet emploi, la réalité a changé si peu en 2020 à la lecture des propos du feu Président de la République : « Ces réalités, pour douloureuses qu’elles soient, doivent être prises à bras le corps sous peine de voir s’élargir la facture sociale en une fracture urbaine, ethnique, voire religieuse. Face à ce défi, nous n’avons qu’à redouter l’indifférence et la résignation. A nous, désormais, de faire en sorte que les français ne renoncent pas ! ».

L’opposition tirait à boulets rouges sur cette visite déjà l’époque… !

Un petit florilège des réactions politiques sur une terre de gauche (hors Valenciennes-Saint-Saulve) à la venue présidentielle, porteur de la politique du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, donne une lecture assez similaire à l’écho en 2020, mais sans les chaînes d’infos en continu et réseaux sociaux. Pour Jean-Claude Dulieu : « Nous accueillerons les chef de l’Etat, responsable d’un gouvernement qui, par les coups qu’il porte tous azimuts avec la méthode du rouleau compresseur, mène une politique néfaste, aggravant la situation des familles, démantelant tous les piliers de la solidarité hérités de décennies d’interventions populaires, une politique qui est la plus dure que nous ayons connu ». L’élu communiste du Conseil municipal de Valenciennes remet en place Jean-Louis Borloo en personne « le renouveau du Valenciennois est le fruit d’une collectivité de travail, et non le travail d’un seul homme. Il est risqué de faire du Valenciennois un pays de cocagne, car cela pourrait nous faire valoir la baisse de certains crédits de l’Etat, alors que notre arrondissement a encore grand besoin de ce soutien ».

Pour sa part, Michel Lefebvre, maire de Douchy-les-Mines, tance « cette baisse des impôts qui profitent aux classes moyennes et supérieures. Le Gouvernement se positionne en ce sens comme un « Robin des Bois » négatif, prenant aux pauvres pour donner aux riches ».

Dans la lignée, Michel Lefebvre, maire de Quievrechain, fustige… : « Cette idée de faire des foyers les plus modestes des propriétaires terriens est une aberration dans une région où les gens tentent avant tout de survivre, où les vrais chiffres du chômage restes élevés avec un niveau de revenu 40% inférieur à la moyenne nationale ».

Pour les parlementaires de l’époque, Bernard Frimat juge après une écoute attentive « une double mystification. D’un coté, nous avons le discours d’un Jacques Chirac en visite dans le Valenciennois, qui rencontre le peuple, dénonce la facture sociale, la montée de la pauvreté, et de l’autre nous avons le gouvernement, dont il est responsable qui fait tout le contraire »… « un mépris dissimulé sous une apparence de démagogie et de sympathie, ce qui est insupportable ».

De son coté Patrick Roy, le parlementaire reste « stupéfait de ce discours en total décalage avec la politique gouvernementale. Le Président vient défendre le droit au travail alors que les plans sociaux n’ont jamais été aussi nombreux ».

Bernard Frimat rajoute une couche à l’endroit du Ministre en charge de la Politique de la Ville « entre 1997 et 2002, les chiffres du chômage ont fortement reculé dans le Valenciennois, comme partout en France. Cette baisse s’inscrit dans un mouvement national amorcé sous le Gouvernement Jospin ».

On oublie pas le déjeuner « Chez Marius » dans le quartier St Waast à Valenciennes où le monde de l’insertion était aux première loges, un moment dont se souviennent tous les participants.

Vous noterez que sur les différents sujets, rien n’a changé vraiment, la laïcité, l’insécurité, les difficultés sociales amplifiés en 2020 par cette pandémie. Rien ne change ce qui faisait craindre à l’époque aux parlementaires une crise de la démocratie faisant le lit « des votes extrêmes ».

Daniel Carlier

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