La Covid-19 est-elle devenue politiquement correct ?
Le maintien du 1er tour des municipales le 15 mars 2020, une aberration sanitaire, a conduit à un flop de participation électorale historique rendant complexe toute gouvernance locale. Encore une fois, la problématique se pose pour les prochaines élections départementales et régionales prévues initialement en mars 2021 (visuels DR).
En mars 2020, la main du Président de la République a tremblé avant de choisir, quid en 2021 ?
Longtemps l’hypothèse d’une report du 1er tour du 15 mars 2020 était sur les tablettes à la lumière des résultats sanitaires en Europe, surtout en Italie, voire le début d’une pandémie en France. Le Président le République a voulu prendre langue avec les partis politiques en place. Ils ont rejeté l’éventualité d’un report, Gérard Larcher en tête, et plus encore Christian Jacob pour le parti LR dont l’obstination fut remarquée. Tancé après coup sur cette mise en danger collective, des électrices, des électeurs, des assesseurs, et des élu(e)s avec des cas COVID-19 et sans doute des décès à la clé sur la première version du virus la plus tueuse du Covid-19, Christian Jacob indiquait « nous n’avions pas toutes les informations sanitaires ! ». Bien sûr, l’Italie est aux confins du monde, et les milieux autorisés parlaient d’un confinement depuis 8 jours… bref.
Le recul sur ce 1er semestre épidémique fait apparaître qu’un 1er tour le 28 juin, et un second 8 jours plus tard aurait bénéficier d’une parenthèse sanitaire dès plus favorable, mais la politique avant la santé forcément !
La conclusion est que le Politique en mars 2020 a pris le pas sur le sanitaire qui a lui-même pris le pas sur l’économie. Voilà le triptyque de la 1ère vague. Qu’en est-il de la deuxième vague concernant ce trio ?
Un report dérange le Parti Les Républicains et favorise Emmanuel Macron pour les Présidentielles
Depuis hier, comme le relate cet article de nos confères du Monde, les discussions ont démarré pour une éventuelle modification de la date électorale (https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/10/22/jean-castex-lance-les-consultations-pour-un-report-des-elections-territoriales-de-mars-2021_6056903_823448.html)
Néanmoins, le parti les Républicains est déjà au taquet afin d’éviter toute report. Rachida Dati s’exprimait sur les ondes radio « il existe le vote par correspondance, le vote par procuration, le vote électronique ou la révision des lieux d’implantation des bureaux de vote, il ne faut pas enjamber la démocratie… ». Christian Jacob, toujours et encore, parle lui par d’un gouvernement qui « a peur de se prendre une calotte ». Observez-bien durant les prochains mois, les mêmes acteurs politiques qui vous diront qu’il faut des mesures plus contraignantes en décembre voudront vous convaincre, sans encore un vaccin, de maintenir les élections en l’état.
Sauf que cette fois, la règle du jeu politique et sanitaire est bien différente à cette heure, les résultats sanitaires empêchent purement et simplement de faire campagne ce qui pose évidemment un problème démocratique de fond, beaucoup plus que le jour du vote lui-même.
Ensuite, un report avant l’été 2021 aurait un double impact. Premièrement, un potentiel maintien de la campagne électorale, mais également une mise à distance des candidats aux régionales, comme Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, voire Laurent Wauquiez, susceptibles de s’investir voire de candidater à la prochaine présidentielle. Clairement, il est impossible pour un candidat de se présenter, et dire « votez pour moi, je m’en vais dans 12 mois ». Les dits candidats devront cacher, autant que faire se peut, leurs intentions en mai 2022.
Pour sa part, le Président de la République peut jouer une carte politique et sanitaire à la fois en reportant ces deux élections. Il sera bien compliqué à l’opposition d’être audible sur le sujet tant leur défaillance sanitaire le 15 mars dernier fut pathétique, mais ce fut un succès électoral pour le parti LR indéniablement… !
Si le 15 mars 2020, le souci d’Emmanuel Macron était de ménager les Partis politiques, là son objectif est de faciliter son chemin présidentiel. Si la COVID-19 lui offre sur un tapis rouge cette possibilité, il ne va pas s’en priver !
Sur le Valenciennois, observons les Conseil municipaux avec un nombre significatif de cartés « Les Républicains » comme celui de la ville de Valenciennes, mais également les municipalités de Gauche PCF, PS, et la position du parti EELV, nous verrons les consignes locales, et les prises de pied dans le tapis de la contradiction sanitaire !
Daniel Carlier