Guy Marchant, le nouvel homme fort du transport public sur le Valenciennois
L’élection du SIMOUV, Autorité Organisatrice de Mobilité sur le Valenciennois, clôturait la grande messe électorale 2020 dont le calendrier restera à jamais dans les mémoires. Aucun suspense, la seule candidature annoncée était celle de Guy Marchant. Le conseiller municipal au sein de la ville de Valenciennes a été élu à la Présidence du SIMOUV en compagnie d’un Bureau élargi (visuel Guy Marchant).
Guy Marchant : « La gratuité totale est un sujet ! »
Anne-Lise Dufour, la présidente 2014/2020 du SIMOUV, n’a pas souhaité paraître à cette transmission de témoin ; c’est donc à Salvatore Castiglione qu’il revint l’honneur d’ouvrir cette séance à travers un coup de rétroviseur sur ce mandat réussi, et très dense. « Ce mandat fut celui de la gratuité, d’abord des collégiens, puis celle des moins de 18 ans, plus récemment des moins de 25 ans avec d’ailleurs une demande à hauteur de 28 900 en août/septembre 2020 contre 26 000 en 2019. Néanmoins, le Covid aura un impact sur notre budget, nous avons lancé l’alerte en juin dernier », indique Salvatore Castiglione.
Sur 46 délégués communautaires, 23 de Valenciennes Métropole, 23 de la Porte du Hainaut, la seule incertitude résidait dans le nombre de voix favorable à Guy Marchant, élu de fait comme seul candidat à cette fonction. La réponse fut sans détour, Guy Marchant est élu quasi à l’unanimité des 40 votants présents moins deux voix, 38 voix pour, 1 nul, et 1 blanc.
Dès les premiers mots de son discours, Guy Marchant veut déminer toute tension politique. « Je remercie les deux présidents des communautés d’agglomération pour leur soutien à ma candidature dès le début. Je félicite Anne-Lise Dufour pour son mandat, elle a su faire évoluer les choses dans un contexte difficile », entame-t-il.
Et en même temps, l’élu de Valenciennes rappelle aux délégués communautaires « que mon attachement à la mobilité ne date pas d’aujourd’hui. Je suis à l’initiative de la navette gratuite « Le Cordon » sur Valenciennes. Elle a fait des petits sur Saint-Amand-les-Eaux et Denain. Je siège à la commission sur les mobilités douces, et cette période de Covid-19 a mis en exergue ces modes de déplacements doux. Enfin, je fais partie également du Conseil d’administration de Transalley avec toutes les start-up sur les mobilités innovantes et durables », poursuit-il.
« Je vois 7 enjeux pour le SIMOUV », Guy Marchant
Ensuite, le nouveau Président du SIMOUV liste sept enjeux pour cet organisme public de transport. Bien sûr, le premier d’une lumière écarlate est « l’enjeu sanitaire, il est toujours là. Notre responsabilité est de protéger nos clients dans les bus et les tramways ».
Le second défi est « sécuritaire. Autrefois, le tramway dans les années 70 était bondé. Aujourd’hui, il existe un sentiment d’insécurité ».
L’autre facette de la mobilité est son paramètre « écologique. Quelle mobilité durable pour l’avenir, quelle énergie, quel type de mobilité ? ».
L’autre volet est évidemment l’enjeu social. Comme l’intercommunalité de Dunkerque, les métropoles françaises commencent (enfin) à travailler à « l’accessibilité pour tous. Après celle des moins de 25 ans, la gratuité totale est un sujet ! Attention, elle n’existe pas, car quelqu’un paye toujours à la fin », indique Guy Marchant.
Le miroir de ces enjeux vu ci-dessus est incontestablement économique. « Comment payer ces choix ? Nous savons déjà que le « Versement Mobilité » est au maximum, mais il est probable que les agglo nous indique qu’elles sont également au maximum des contributions », ajoute-t-il. Des économies s’annoncent à l’horizon dans la stratégie du SIMOUV… !
On l’avait presque oublié, le SIMOUV s’occupe de l’aménagement du territoire en absorbant le SIPES, en charge du SCOT, en juin 2014. Toutefois, si le mandat 2014/2020 fut d’une grande richesse sur le transport public, il a laissé aux deux EPCI du Valenciennois l’aménagement du territoire. D’ailleurs, un vice-président au SCOT est en place pour ce nouveau mandat 2020/2026, tout un symbole ! « Nous avons besoin d’une meilleure cohérence territoriale. C’est pourquoi, il faudra engager des modifications du SCOT », indique Guy Marchant. Il est clair que cette simple annonce est une bombe tout autant que la gratuité totale, certes nettement moins médiatique. Le fameux SCOT, voté définitivement en juillet 2014, est sur la sellette !
Enfin, la prochaine DSP (Délégation de Service Public) s’achève le 31 décembre 2022. « C’est un enjeu fondamental. Nous lançons une commission spéciale pour travailler à ce futur partenariat », conclut Guy Marchant.
Hausse de 30% sur le nombre de vice-président
Pour cette nouvelle mandature 2020/2026, le choix des délégués communautaires fut de passer de 9 à 13 vice-présidents. Cette modification fut adoptée à l’unanimité.
Une liste a été élue en bloc, elle comporte 13 noms, une seule femme malheureusement, avec des compétences importantes.
1er vice-président : Ali Ben Yahia (maire de Beuvrages), en charge de la DSP et des relations avec le délégataire
2ème vice-président, Arnaud L’Herminé, (adjoint à la ville de Valenciennes), en charge des finances et des prospectives financières
3ème vice-président, Laurent Depagne (maire d’Aulnoy-lez-Valenciennes), en charge de la transition écologique
4ème vice-président, Bruno Raczkiewicz (maire d’Haulchin), en charge de l’administration générale
5ème vice-président, Salvatore Castiglione (maire de Wallers), en charge du Plan de Déplacement Urbain, voire d’Entreprises…
6ème vice-président, Sandrine Gombert (maire de Petite-Forêt), en charge des travaux
7ème vice-président, Arnaud Bavay (maire d’Hordain), en charge du SCOT (aménagement du territoire)
8ème vice-président, Jean-Paul Ryckelynck (maire d’Haveluy), en charge des relations avec les usagers
9ème vice-président, Jean-Paul COMYN (maire d’Hérin), en charge du CLS et à la sécurité
10ème vice-président, Dominique Savary (maire de Trith-st-Léger), en charge de la mobilité
11ème vice-président, Jean-Roger Berrier (adjoint à Anzin), en charge des relations avec nos partenaires, régions, départements…
12ème vice-président, Xavier Jouanin (maire d’Onnaing), en charge des Grands projets
13ème vice-président, Waldemar Domin (maire de Château-l’Abbaye), en charge de l’accessibilité des Personnes à Mobilité Réduite.
Les commentaires à chaud… !
La composition de ce Bureau exécutif et les propos tenus révèlent plusieurs faits. Tout d’abord, une stratégie financière autre est en vue au sein du SIMOUV. Le Président glisse « des économies nécessaires », Arnaud L’Herminé, le bras armé financier de la ville de Valenciennes et professionnel en la matière que l’on ne présente plus sur le Valenciennois, devrait s’attacher à une activité bien connue, le cost-killer. Ensuite, la petite phrase sur les Grands Projets sème le doute sur la capacité à gérer ses 7 enjeux et de nouveaux grands investissements dans le domaine de la mobilité. En clair, Valenciennes Métropole, via Laurent Degallaix, met la main sur les finances du transport public. Après un mandat où Anne-Lise Dufour a redressé les comptes publics après un déficit abyssal concomitant avec la ligne T2 vers le Pays de Condé initiée par l’ancien Président Francis Decourrière, une nouvelle ère s’ouvre vers d’autres orientations financières pour le SIMOUV.
Autre donnée tangible, l’aménagement du territoire revient enfin dans sa maison mère. Le destin foncier de l’arrondissement est de nouveau réfléchi au sein de cet organisme surpra-territorial. Sur ce point, La Porte du Hainaut, via une vice-présidence au SCOT, reprend les commandes de l’avenir de la consommation foncière sur l’arrondissement du Valenciennois.
Daniel Carlier