Des infirmiers libéraux créent un nouveau centre de dépistage du Covid-19
Le retour à la normale suite à la crise du Covid19 n’existe pas. Soyons tous conscients que notre rapport sanitaire à notre environnement proche va changer. Dans cette optique, il est nécessaire d’anticiper les événements comme le fait la toute nouvelle association ADILH (Association des Infirmiers Libéraux du Hainaut) à travers la création d’un Centre de dépistage du Covid-19, mais pas seulement… !
Remi Kasprzyk : « Apporter notre aide à l’hôpital public »
Les soignants sont encore au coeur de la gestion de cette pandémie comme sur « le Valenciennois où la Covid-19 n’est pas finie », précise Remi Kasprzyk. D’ailleurs, les initiatives médicales ont fusé durant cette période sanitaire improbable avec notamment la réunion d’infirmiers libéraux sur le site de la Rougeville (face Clinique du Parc) sur Saint-Saulve. Là bas, un centre de dépistage s’est monté ex nihilo avec tout le matériel nécessaire. « Nous avons fait des rencontres magnifiques entre infirmiers libéraux qui ne se connaissaient pas du tout », précise Remi Kasprzyk, infirmier libéral sur Beuvrages.
Et puis, un jour tout s’arrête « le 31 mai, cette installation a pris fin. De suite, les infirmiers présents ont regretté que cette dynamique partagée s’arrête de fait », ajoute-t-il. « Nous avons donc décidé de constituer une association afin de nous regrouper », ajoute Dalila Bellouni, infirmière libérale sur Aulnoy-lez-Valenciennes.
« La Covid est la première pierre du nouveau rapport ville/hôpital », Dalila Bellouni
On reste surpris par la célérité de l’action puisque les personnes intéressées par ce collectif se réunirent le lundi de Pentecôte pour constituer la dite association, statuts, élection… la totale. Ainsi, l’association a été enregistrée en Sous-Préfecture de Valenciennes le vendredi 05 juin. Le Président de l’ADILH est Remi Kasprzyk, la vice-présidente Dalila Bellouni, et « nous sommes déjà une vingtaine d’infirmiers libéraux du Hainaut au sein de cette association. La Covid est la première pierre du nouveau rapport ville/hôpital. En effet, nos échanges sont modifiés depuis cette organisation entre les professionnels du soin de ville (et campagne) et l’hôpital public de référence », précise le président.
L’objet de cette association est d’abord de « traduire dans le dur un lieu de dépistage du Covid-19. Il sont rares dans le Valenciennois. En fait, nous relocalisons des personnes avec une ordonnance devant se faire dépister du Covid-19, qu’elles soient envoyées par leur médecin traitant ou par des infirmiers libéraux membres de l’association. Bien sûr, cela concerne le plus souvent les professionnels seuls ou des petites structures. Le dépistage effectif du Covid-19 sur notre local a commencé ce lundi 08 juin… », indique Remi Kasprzyk.
Ce local se situe Avenue Desandrouin, à coté du bâtiment administratif du CHV (face à l’hôpital Jean Bernard), « où nous bénéficions d’une mise à disposition gratuite du local appartenant au CHV. Ensuite, nous signerons une convention », précise le président.
Nul doute que cette création spontanée bénéficie de la bienveillance du Centre Hospitalier de Valenciennes puisque « notre objectif est d’apporter notre aide à l’hôpital public. En effet, les soignants du CHV détachés de leur service pour effectuer du dépistage Covid sont revenus dans leur filière respective », précise Dalila Bellouni.
Mécaniquement, un Centre de dépistage du Covid-19 à portée d’aiguille ne serait pas pour déplaire aux autorités sanitaires. Rappelons également que ce dépistage est remboursé à 100 % par la Sécurité sociale.
« L’union fera notre force », Remi Kasprzyk
Outre le dépistage stricto sensu du Coronavirus, cette association a d’autres ambitions. « Nous voulons également anticiper les événements, car il est apparu qu’il n’existait aucune organisation entre les infirmiers libéraux dans le Valenciennois. Nous souhaitons également commander des masques etc., constituer des stocks », ajoute Remi Kasprzyk.
Gageons que ce soit pour le Covid-19 ou un autre virus, le besoin de préparation de l’hôpital public comme des soignants de ville, face à une épidémie de cette ampleur, soit au niveau de l’attente de la population.
« L’union fera notre force », milite le Président de l’ADIL, car il est bien conscient que « nous pourrons également travailler sur plusieurs pistes comme de la télé-consultation au sein de ce local, voire du télé-suivi. Nous avons constaté que certains praticiens n’avaient pas connaissance du dossier médical du patient et ont contracté le Covid ! Je pense que le nombre de professionnels atteint eût été plus faible si tous les professionnels du soin, en 1ère ligne, avaient eu l’information sur le patient en amont. Nous voulons avoir la main mise sur notre métier ! », commente Remi Kasprzyk.
En conclusion, il s’avère indispensable que tous les libéraux médicaux obtiennent un accès au DUP (Dossier Unique du Patient ). L’information médicale hors les murs de l’établissement de soin, une organisation efficiente des infirmiers libéraux, la constitution d’un stock de masques, des tests…, cette feuille de route fera d’évidence partie du cahier des charges de cette association naissante. Cette installation marque donc un peu plus la collaboration ville/hôpital à travers un mode « marche en avant » entre les professionnels du soin en 1ère ligne et les établissements publics de santé ! Décidément, l’après Covid-19 dessine les contours d’un nouvel environnement sanitaire où le principe de la préparation en silo fera place à une collégialité médicale. Si structurellement la santé avait été plus partagée en amont de cette pandémie…, une question que ne veut plus se poser l’ADILH !
Daniel Carlier