Le « Rieur » s’en amuse encore… !
A l’heure de la (re)découverte du patrimoine de Valenciennes à l’air libre, les Valenciennois peuvent se balader, flâner dans les rues. Ainsi, ils peuvent toujours croiser le sourire malicieux de la statue du « Rieur », par Félix-Alexandre Desruelles, du coté de la Place Poterne. Cette statue fut le premier spectateur d’une lutte intense, dès la législative 2012, entre Jean-Louis Borloo et l’association dédiée à la défense du Jardin Plumecocq attenant.
(La statue du Rieur par Félix-Alexandre Desruelles, né le 7 juin 1865 à Valenciennes, Second prix de Rome en 1891)
Un coup politique en 3 actes
Durant le mandat 2008/2014 où Dominique Riquet fut élu au 1er tour avec ni plus ni moins qu’un Ministre (Jean-Louis Borloo), et une Secrétaire d’Etat (Valérie Létard) sur sa liste (et bien sûr Laurent Degallaix), Dominique Riquet avait un projet phare avec la relocalisation de l’EHPAD de la Treille sur le Jardin Plumecocq.
Dans la même lignée, le maire le plus moteur dans le domaine culturel dans l’histoire de Valenciennes, avait lancé un programme de comblement des carrières sur Valenciennes compte tenu d’un danger réel d’effondrement. Valenciennes est un gruyère, il faut le savoir et bien vérifier chez le notaire si une carrière ne figure pas sous une acquisition potentielle de votre futur logement. La rue Milhomme et la Rue Ernest Hiolle furent deux des principaux axes concernés par cette opération lourde soutenue par le Fonds Barnier, et la ville de Valenciennes.
En corollaire de cet intérêt accru pour les carrières de Valenciennes, un plan avait été présenté au sein de la salle VIP de la Salle du Hainaut, avec l’ensemble des carrières, par l’architecte de la ville de Valenciennes aujourd’hui décédé. On constatait que la moitié de l’emprise du Square du Rieur et du Jardin Plumecocq était concernée par ces carrières. Et sur l’autre moitié, Dominique Riquet avait lancé un projet très abouti pour la relocalisation de l’EHPAD de la Treille sur ce site. En effet, ce foyer de la « Treille » pour personnes âgées était particulièrement vétuste et de plus en plus pointé du doigt.
Un EHPAD en centre-ville bien desservi par les transports, car à l’époque on parlait très sérieusement d’une voie de tramway partant de la Place du Marché aux Herbes, remontant la Rue de la Poste, puis filant vers l’Avenue Amsterdam, tournant vers l’Avenue Albert 1er, puis prolongeant vers la rue de Mons jusqu’à la Place Poterne. Du stationnement (Place Poterne), un transport public, un cadre verdoyant, ce projet cochait toutes les cases, et fut même validé par le Conseil général du Nord en charge des EHPAD !
Face à ce projet, un acteur hostile est apparu pour contrer cette implantation. Une association a donc rapidement vu le jour avec une force de frappe poussant le candidat/ministre, par l’intermédiaire de Français Decourrière, à rentrer en contact avec la dite association pour une trêve électorale. Chose acquise, le Ministre fut élue au second tour de cette législative.
Ensuite, en juillet 2012, sans surprise (sauf pour certains), Dominique Riquet laisse son fauteuil majoral à Laurent Degallaix avec ce dossier explosif d’EHPAD face à une association prête à en découdre au niveau judiciaire. Ce fut la 1ère décision d’ampleur de Laurent Degallaix, celle de déménager le Foyer de la Treille le long du Canal de l’Escaut, et d’abandonner ce projet sur le Jardin Plumecocq.
Comme tout politique, l’incendie de la piscine en septembre 2014 a laissé planer une incertitude sur le devenir de ce jardin Plumecocq, logements, voire réimplantation sur site de la piscine, etc., Le candidat 2020, Laurent Degallaix, n’avait pas oublié la levée de bouclier en 2012. Ceci expliquant la création du Parc Jacques Chirac où les statues des Grands Prix de Rome se conjuguent avec harmonie au sein de cet espace vert de centre-ville.
Inauguré en septembre 2019, sa réalisation fut à tambour battant au point que le Maire s’en est excusé, en public, auprès de l’architecte auteur d’une très belle signature au demeurant. La vitesse n’est pas forcément la meilleure approche en terme de réalisation urbaine, c’est pourquoi quelques problèmes de carrières sont apparues avec des effondrements à la clé en février 2020 (visuel). Pas assez de temps pour s’occuper des comblements visiblement… inauguration oblige, la terre vous rappelle toujours qu’elle demeure maître du temps !
Ah, la politique désintéressée nous manque, qu’elle soit de la majorité ou de l’opposition, mais chacun sait que le véritable retour à la normalité, l’après Covid-19, sera à Valenciennes un bon vieux camion qui explose le portique à l’entrée du Pont Villars… !
Daniel Carlier