Yvan Talpaert : « 90 agents de la CPAM du Hainaut 7j/7 pour les Brigades Sanitaires »
Depuis le 29 avril, la mise en place des « Brigades Sanitaires », composées d’agents de la CPAM, a été annoncée pour cette sortie de confinement ce lundi 11 mai. Entretien avec Yvan Talpaert, Directeur de la CPAM du Hainaut (Valenciennes, Cambrai, Maubeuge), face aux nombreuses questions qui nous assaillent à la veille de ce déconfinement.
Yvan Talpaert : « A moins de 2 mètres sans masque, nous considérons que cela constitue un risque important avec une personne contaminée au Covid-19 »
Ce point sanitaire de ce Plan de Déconfinement était un peu l’inconnue de ce discours très attendu du 1er Ministre d’Edouard Philippe. Comment ça marche ?
Pour autant, la mise en oeuvre de cette équipe dédiée doit se faire dans un délai très contraint, mais « nous serons prêts lundi à 15H pour les 650 médecins de villes (et de campagne) dans le Hainaut (Valenciennes, Cambrai, Maubeuge) », entame en propos liminaire Yvan Talpaert.
« 30 à 50 cas par jour sur le (Grand) Hainaut », Yvan Talpaert
Avant ce résultat tangible dès ce lundi 11 mai, il a fallu s’organiser… ! Sur les 600 agents (environ) de la CPAM du Hainaut « nous avons besoin de 44 ETP (Equivalent Temps Plein), donc 90 collaborateurs, pour une amplitude d’un service de 8H à 19H, 7j/7 pour traiter les données intégrées dans l’application AMELI Pro », précise le directeur. En sus de l’effectif de la dite Caisse d’Assurance maladie, vous aurez 4 agents du Service Médical de la Caisse Nationale « pour les cas plus complexes ». Enfin, 10 agents de la CARSAT, pour le volet social, seront également intégrés dans ce dispositif inédit !
Le travail de cette Brigade Sanitaire est très précis. « Une fois que le médecin a rentré les données de son patient testé positivement au COVID-19, voire de ses proches ou autres contacts, sur l’application numérique que ces professionnels connaissent bien, nous prenons un contact téléphonique avec le patient et toute la chaîne de contamination potentielle. Nous estimons à 30 minutes d’échange téléphonique avec le patient détecté, et 20 minutes par contact. Tout est évalué, les conditions d’une chaîne de contamination où un cas potentiel est pris en compte si la personne Covid-19 est en contact avec un individu sur une durée significative, et assez proche. Toutefois, je précise que le fait de porter un masque, ou pas, constitue un élément important dans notre appréciation. A moins de 2 mètres sans masque, nous considérons que cela constitue un risque important avec une personne contaminée au Covid-19 ! », précise-t-il.
» Compte tenu que nous représentons environ 1% des patients Covid-19 en France, 3000 à 5000 par jour (estimation du 06 mai), nous comptons traiter 30 à 40 cas Covid-19 par jour. De fait, un agent pourra traiter un cas Covid, ses contacts etc., par journée ! « , précise Yvan Talpaert.
Ensuite, il est essentiel de préciser que cette « Brigade Sanitaire » intervient exclusivement par téléphone sur un numéro national (donc traçable) « avec un script très précis pour aborder les personnes concernées », souligne-t-il.
« Un service à minima pour six mois », Yvan Talpaert
Autre point d’interrogation, quelle sera la durée de ce dépistage de la contamination Covid-19 ? « Pour l’heure, nous pouvons dire qu’il est raisonnable de dire jusqu’à la fin de cette année, sauf si une bonne surprise nous parvient d’un traitement efficace, voire d’une absence de cas dans les prochains mois », précise-t-il. On l’a compris, nous sommes sur un nouveau virus avec une adaptation quotidienne au niveau sanitaire.
Petit exemple, la CPAM n’avait pas légalement le Droit d’exercer le dimanche… « un décret lié à la nouvelle loi d’Urgence sanitaire prévoit ce travail le dimanche pour ces Brigades Sanitaires ». Le lecteur affuté a de suite noté que la Loi d’Urgence Sanitaire s’arrête le 10 juillet 2020 , mais nous parlons ici à minima d’un service de six mois . « Des textes de prolongation de certains services liés au Covid-19 seront publiés pour un service au delà de la fin de la loi d’Urgence sanitaire », précise le Directeur de la CPAM du Hainaut.
Travail en lien avec les Centres Hospitaliers et les Préfectures
Autre point de cadrage pour cerner au plus près la circulation du Coronavirus, il est nécessaire de créer du lien avec toutes les sources. Bien évidemment, les hôpitaux publics sont des partenaires fondamentaux en sus de la 1ère ligne de la médecine libérale. « L’idée est que l’établissement de santé intègre dans l’application dédiée les données du patient Covid… Ainsi, notre « Brigade Sanitaire » pourra intervenir dans les meilleurs délais pour tracer les cas contacts. Nous n’avons pas encore reçu de l’ARS Hauts-de-France la liste des établissements de santé concernés sur le (Grand) Hainaut », précise le directeur.
Ensuite, dans le cadre d’un accompagnement de la personne détectée Covid par le médecin, un signalement est effectué auprès de la Préfecture (ou Sous-Préfecture). « Cela s’inscrit dans l’esprit du meilleur suivi possible de la personne détectée, l’hypothèse d’un isolement dans un hôtel pour faire livrer des repas, d’une quatorzaine en famille pour aller faire les courses etc. », précise-il.
Ensuite, si une difficulté sur la compréhension du danger de contamination « intervenait durant le dialogue avec un agent de la Brigade Sanitaire, le service médical prend le relais. J’ose croire qu’une personne prenant connaissance de sa contamination potentielle au Covid-19 prenne conscience du danger, si ce n’est pas pour lui à minima pour les autres », déclare Yvan Talpaert. Comme ne cesse de le dire les gouvernants, cette victoire collective reposera également, mais surtout, sur notre comportement individuel.
« Le choix de l’Assurance Maladie n’est pas innocent ! », Yvan Talpaert
La préservation de nos libertés, et par voie de conséquence du Secret Médical, constitue un sujet de discussion incessant dans les médias depuis le 29 avril. Nous ne sommes pas pour rien tous des « sans-culottes », mais il n’en demeure pas moins que « le choix de l’Assurance Maladie n’est pas innocent ! Nous avons l’habitude de manipuler des données. Ensuite, nous avons comme seule information un cas Covid-19, et des cas contacts éventuels. A notre niveau, nous n’avons même pas la commune. Par contre, au niveau 3 d’information, l’ARS Hauts-de-France peut tracer une éventuelle circulation accrue du virus sur un secteur géographique précis et prendre toutes les dispositions nécessaires. Les cartes que vous voyez tous les jours diffusées par le Ministère de la Santé sont issues de ce type de données », indique le Directeur de la CPAM du Hainaut.
« Pas d’ouverture au public des agences de la CPAM le 11 mai », Yvan Talpaert
Autre information de taille, le retour à la normale de la CPAM du Hainaut ne sera pas immédiat. « Il n’y aura pas d’ouverture au public des agences de la CPAM du Hainaut le 11 mai prochain. Pour la semaine du 18 mai, des rendez-vous téléphoniques seront possibles à travers la plate-forme Ameli. Ensuite, des entretiens physiques, sur rendez-vous exclusivement, à compter du 02 juin seront possibles. Enfin, le retour à la normale avec la venue sans rendez-vous au sein d’un site physique de la CPAM n’est pas prévu avant septembre », conclut Yvan Talpaert.
Si certains pensaient que le lundi 11 mai était le retour as usual… Que nenni, ce calendrier très progressif de la CPAM résume à lui seul tous les discours sur la temporalité de cette sortie de crise sanitaire. La nouvelle ligne de démarcation, verte ou rouge le jeudi 07 mai sur la carte du Ministère de la Santé, en zone occupée ou très très occupée par le Covid-19, n’y change rien du tout.
Daniel Carlier