Le commerce alimentaire à l’heure du confinement… à Valenciennes !
Depuis le mardi 17 mars 12h, la vie économique française a connu un coup d’arrêt brutal. A Valenciennes comme ailleurs, le Covid-19 impose des mesures sanitaires drastiques avec des conséquences majeures sur le tissu des commerçants/artisans de proximité. Entretien avec M. et Mme Guilbert, exploitant de la Pâtisserie Gourmandine située proche de la Gare SNCF et Place du Commerce dans la ville-centre, et Didier Rizzo, vice-président à la CCI Grand Hainaut en charge du commerce.
Philippe Guilbert : « Nous réalisons 20 à 25% de notre chiffre d’affaire habituel »
Cette nouvelle donne a commencé véritablement le mardi 17 mars, malgré le développement du Covid-19 à travers la France, le commerce alimentaire était pour certains encore peu impacté. « Durant le week-end du 14 et 15 mars (malgré la fermeture des restaurants… samedi soir), nous avons avons travaillé quasi normalement. Ensuite, un flux de clients est venu le mardi matin, mais dès 12h, plus personne ! Depuis le mercredi 18 mars, nous réalisons 20 à 25% de notre chiffre d’affaire habituel », explique Philippe Guilbert.
Avec 9,5 ETP (Equivalent Temps Plein), mais 22 personnes (y compris apprentis), l’équipe de la Gourmandine s’est réduite de 8 personnes « entre des arrêts maladie, congés, apprenti mineur resté chez lui, etc. On s’est adapté en aménageant nos horaires du mardi au samedi de 8H à 14H et le dimanche de 8H à 13H. Nous ne vendons quasiment plus de gâteaux, mais juste du pain et de la viennoiserie. Comme les entreprises sont fermées, plus de snacking non plus », poursuit-il.
Loin de se laisser abattre dans un contexte hors norme, la Pâtisserie Gourmandine s’attache à préparer les Fêtes de Pâques dans une atmosphère de confinement (attente annonce officielle). « On travaille nos créations en chocolat, car nous pensons que les clients auront un réflexe plaisir durant cette période particulière. A cette occasion, j’observe une grande solidarité entres les professionnels. La Boucherie Cassel (avenue de Liège) m’a proposé de mettre en vente nos créations de Pâques dans son commerce…», commente Philippe Guilbert.
Par contre, une question se pose chez l’ensemble des commerces alimentaires. « Pourquoi les grandes surfaces en périphérie sont-elles ouvertes dans tous les rayons, hors alimentaire, alors que les commerces de proximité sont fermés ? », commente Monique Guilbert.
Sur le coté sanitaire, les « précautions sont prises dans l’espace vente, avec la distance nécessaire, un fléchage au sol d’un mètre entre les clients… Tout est mis en oeuvre dans nos deux établissements par rapport aux mesures sanitaires », ajoute-t-elle.
« Une livraison à domicile gratuite », Didier Rizzo
Pour autant, le commerce de proximité doit aussi adapter son offre avec le besoin. C’est là que la Plate-Forme « Mes Commerçants du Grand Hainaut » rentre en jeu. Lancée depuis 2017, ce market-place local regroupe des commerçants/artisans de proximité sur le Grand Hainaut. « La Plate-forme « Mes Commerçants du Grand Hainaut » prend en charge le service de livraison à domicile, via un prestataire privé, jusqu’au 30 avril pour les adhérents à cette plate-forme. Cela représente un coût très important pour cette structure, mais nous sommes en soutien des commerces de proximité », précise Didier Rizzo, en charge du commerce au sein de la CCI Grand Hainaut.
Bien sûr, le commerce alimentaire est en première ligne. « Nous observons une montée en flèche des commandes pour les commerces alimentaires présents sur « Mes Commerçants du Grand Hainaut ». Le numérique est un outil de développement du commerce de proximité », poursuit-il.
Bien sûr, la distanciation sociale du moment amène la démarche digitale sur le devant de la scène, mais après…, le profil de la clientèle ne changera pas avec un besoin d’un service en phase avec le XXIème siècle, clientèle pressée, âgée, très ciblée, tout converge vers un rapport différent entre le client et le professionnel de proximité. « Lorsque nous parlions de Digital dans les réunions de professionnels, il y a seulement deux ans, on me riait au nez ! Aujourd’hui, les mentalités changent. Il faut préparer le coup d’après, j’encourage tous les professionnels à rejoindre cette plate-forme numérique de proximité », conclut Didier Rizzo. Pour rappel, la plate-forme « Mes Commerçants du Grand Hainaut » est une association, pas une entreprise à but lucratif !
Retrouvez la plate-forme du Grand Hainaut : https://www.mescommercantsdugrandhainaut.com/
« Obtenu le chômage partiel pour nos professions », Philippe Guilbert
La production quotidienne adaptée, les horaires aménagés, les effectifs assouplis…., mais cela ne suffit pas du tout à la fin du mois pour payer des salaires chargés, des loyers (2 structures chez Gourmandine), et d’autres charges fixes même si l’Etat a indiqué le report des factures d’eau, gaz, électricité pour les entreprises. « L’U2P (Union des entreprises de proximité) et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, représentée par Alain Griset, ont obtenu plusieurs avancées fondamentales pour la poursuite des activités économiques de proximité », indique Philippe Guilbert avec sa casquette de président de la CGAD du Nord (CONFEDERATION GENERALE DE L’ALIMENTATION DE DETAIL DU NORD).
En effet, l’Etat a sans doute compris que le retour à l’activité hors confinement ne pourrait se conjuguer avec le boulet d’un chiffre d’affaire atone. Ou bien la puissance publique met tout en oeuvre pour que les petites entreprises (ce n’est pas Total qui va fermer) se relancent dès le mois de mai/juin ou le Tribunal du Commerce de Valenciennes-Avesnes va devoir doubler ses effectifs de magistrats (bénévoles) pour traiter les liquidations d’entreprises manu militari, c’est aussi limpide que cela ! « Nous avons obtenu le chômage partiel pour tous dans les mêmes conditions que les entreprises de proximité fermées. Ensuite, un soutien des banques pour tous sous la forme d’un Crédit de Trésorerie à hauteur de 25% du CAHT, remboursable au bout d’une année, voire étalé sur 5 ans, si cela n’est pas possible de rembourser à cette date. La garantie de l’Etat de 300 milliards d’euros, évoqué dans les médias nationaux, correspond à cette mesure. Enfin, un chèque de 1 500 € pour les entreprises de moins de 1 million d’euros de chiffre d’affaire avec une baisse de 70% de l’activité », conclut Philippe Guilbert.
Voilà, la santé, c’est la vie, l’activité, c’est la poursuivre… ! Tous solidaires !
Daniel Carlier