Hubert Callier « la formation à distance ne remplace pas la formation en présentiel »
L’ENTE accueillait pour la 1ère fois les journées de la e-formation sur le site de Valenciennes. Ce temps fort était consacré à la formation numérique à distance à travers une thématique centrale pour un savoir partagé : « Le numérique en formation : un atout pour une pédagogie créative ?». Certes, cet événement national était de niche, mais il est toujours surprenant de constater qu’un si petit noyau d’acteurs peut transformer la pédagogie du plus grand nombre.
(Visuel Hubert Callier devant un panneau d’une série d’illustrations par Marie-Lys)
La formation à distance où la montée en compétences in vivo
Un petit rappel contextuel est nécessaire. Le site de l’ENTE (Ecole Nationale des Techniciens de l’Equipement) est présent le long du canal de l’Escaut depuis 1996. Sa construction fut d’ailleurs pilotée à l’époque par l’actuel Préfet de Région Michel Lalande. En digression, on peut constater à l’heure des coûts, parfois pharaoniques d’une réhabilitation publique, que cette construction résiste parfaitement à l’usure du temps en terme de bâti, mais également à travers un esthétisme achronique.
Cette école d’Etat publique était divisée en deux structures distinctes, un site sur Aix-en-Provence et un sur Valenciennes. Révolution administrative passant, depuis le 01 janvier 2019, cette école ne forme plus qu’une seule entité avec deux sites physiques pilotés par un directeur, M. Bruno Matteucci.
« Une première réussie à l’ENTE sur Valenciennes », Hubert Callier
Dans le domaine de la formation à distance, l’ENTE a rapidement pris une longueur d’avance. « Dès 2002/2003, l’ENTE a développé la 1ère plate-forme d’enseignement à distance. Au fil des années, elle a acquis un réel savoir faire dans le domaine », explique Hubert Callier, directeur du service intégré à l’ENTE de la formation à distance. Le périmètre d’intervention de ce service de l’ENTE est donc très vaste au sein des deux Ministères de tutelle, celui du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire et celui du Ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
Comme une coutume, un rendez-vous annuel permet de prendre la mesure du vécu sur le sujet d’hier et des perpectives sur demain. C’est pourquoi, l’ENTE d’Aix-en-Provence, initiatrice de cette plate-forme au début du XXIème siècle, a choisi de lancer une manifestation annuelle sur deux jours au début de ce siècle. Cette dernière permet à la fois de s’ouvrir aux autres acteurs comme le réseau universitaire, l’IRA de Lille, le SGAR des Hauts-de-France etc., mais également une journée avec des échanges entre apprenants. « Sept ministères étaient représentés durant ces deux journées à Valenciennes, près de 90 personnes présentes le 1er jour pour cette session ouverte et 60 la seconde, c’est une première réussie à l’ENTE sur Valenciennes. Dorénavant, ces journées de la e-formation se dérouleront une année sur Aix-en-Provence et la suivante sur Valenciennes », commente Hubert Callier.
Cette manifestation à Valenciennes était la 11ème édition de ces journées de la e-formation.
La niche pour tous
Bien sûr, cette école publique distille une formation continue des agents de l’Etat sur cet outil du XXIème siècle, mais également une mission pédagogique auprès de 11 écoles d’Etat comme celle relative aux transports, dédiée à la mer, à l’environnement etc. De fait, cette pédagogie évolutive irrigue par ricochet le quotidien de chaque citoyen, c’est tout le paradoxe de la niche pour tous.
« La formation entre 4 murs ne suffit plus », Hubert Callier
Cette recherche publique d’une pédagogie à distance n’a pas la volonté de supprimer tout enseignement les yeux dans les yeux. « La formation à distance ne remplace pas la formation en présentiel. Par contre, la formation entre 4 murs ne suffit plus ! L’apport de la formation à distance permet une pédagogie plus active, elle est complémentaire », explique le responsable. La puissance de la formation combinée est indéniable. L’exemple est la meilleure illustration de ce propos.
Au titre d’une opération de contrôle… « il est possible d’effectuer une visite virtuelle d’un plate-forme pétrolière à distance. Grâce a cela, vous pouvez réaliser les vérifications nécessaires, sans vous déplacer, de dix plates-formes dans la journée », poursuit Hubert Callier. Il est inutile de souligner la meilleure qualité de l’empreinte écologique. Evidemment, un travail précieux de numérisation doit s’effectuer en amont, mais au final la distance ne réduit en rien une mission de qualité.
Un enseignant peut dès lors « envisager des scénarios pédagogiques, des visites d’entreprises, des contenus engageants, etc. Le cours magistral (à l’ancienne), c’est fini ! »
Développer des partenariats
Le coeur du moteur de cette formation à distance est de fait la production de contenus experts, des ressources fiables pour tous les apprenants. Pour autant, ces ressources publiques sous la forme de logiciels propriétaires peuvent permettre aux EPA de générer des recettes. « Un EPA (Etablissement Public Administratif) à l’obligation de trouver des ressources externes. C’est pourquoi, nous voulons nouer des partenariats comme avec le CNFPT », précise Hubert Callier.
Le plus complexe réside dans la combinaison d’un juste retour de recettes publiques pour les concepteurs avec une diffusion plus large dans le réseau des acteurs de terrain.
« Le service public n’est pas à l’abri de la transformation », Hubert Callier
Sans autre issue possible, la formation à distance doit poursuive sa transformation, sa mutation en terme d’outil, demeurer une référence indiscutable sur son volet expertise. D’ailleurs, une fondation publique contribue à ce développement de la formation à distance, l’UVED (https://www.uved.fr). Pour autant, cette expertise peut se faire challenger par une confrontation des idées d’experts à l’autre bout du monde. « Cela nous oblige à élever le contenu de nos formations à distance », déclare Hubert Callier. De ce bouillonnement des 4 coins de la planète peut sortir la mutation majeure du XXIème siècle. « Oui, le service public n’est pas à l’abri de la transformation même si l’ubérisation de la formation à distance n’est pas pour demain », souligne Hubert Callier.
Le charme du passé est qu’il est passé, seul compte le jour d’après, l’excellente idée d’hier, surannée aujourd’hui, devient le vecteur d’une mutation profonde demain. C’est pourquoi le principe d’une recherche pédagogique innovante, captive, sourcée, indiscutable, et publique en l’occurrence, constitue un pilier de notre démocratie.
Daniel Carlier