Beuvrages, une élection sans favori !
Pour cette prochaine élection locale très singulière dans la continuité de l’élection présidentielle 2017, vous avez également des communes avec un destin particulier. Tel est le cas de la ville de Beuvrages dont André Lenquette, maire de la commune, est décédé en décembre 2016. Rencontre avec Michel Domin et ses colistiers…
Michel Domin, tête de liste « De la vie dans la ville, un nouveau souffle »
Ce n’est pas faire injure à la mémoire de l’ancien maire, ni à l’édile actuel, mais André Lenquette concentrait sur lui toute la lumière de l’action municipale sur Beuvrages. « Depuis son décès, la majorité municipale, d’ailleurs divisée, gère les affaires courantes. Toutes les candidatures en lice en mars 2020 seront donc sur la même ligne de départ », entame l’élu de l’opposition. C’est donc une ville virtuellement sans sortant même si Marie-Suzanne Copin a aujourd’hui la charge de 1er magistrat.
Concernant le décorum de cette locale à Beuvrages (ville de 6 600 habitants), Michel Domin lance sa 3ème campagne municipale, après 2008, et 2014. Ancien chef d’entreprise spécialisée dans la collecte des activités de soins, Michel Domin demeure un militant du Parti Socialiste « soutien de Manuel Valls durant la primaire de la présidentielle 2017 », précise-t-il. « Notre liste est quasi bouclée, elle est sans étiquette et très ouverte. D’ailleurs, notre slogan est clair « Mon Parti, c’est Beuvrages ». Cette liste rassemble des colistières et colistiers de toutes les catégories sociales et des sensibilités très diverses, hors Rassemblement National », ajoute-t-il.
Beuvrages, ville laboratoire de l’ANRU 1
Sous l’impulsion de Jean-Louis Borloo, alors ministre de la Politique de la Ville, la commune de Beuvrages fut le véritable laboratoire de ce fonds d’Etat, avec 14 partenaires, le fameux ANRU 1. Elle essuya les plâtres, mais fut aussi la commune bénéficiant le plus abondamment de cette manne financière. « Incontestablement, l’ANRU a changé l’environnement bâti de la ville. Nous avons près de 47% de logements sociaux sur Beuvrages. Par contre, on a oublié l’humain. L’ambition d’André Lenquette était d’attirer une nouvelle population afin d’atteindre 10 000 habitants. Non seulement, nous n’avons pas gagné, mais perdu des habitants », poursuit Michel Domin.
« Il n’y a pas eu d’accompagnement de la population, il y a eu des briques, mais rien d’autres. En 1968, il y avait 8 042 habitants et 6 607 en 2015 (données INSEE). La majorité sortante est en fin de cycle, un phénomène d’usure, il n’y a plus d’idées, sauf une… celle d’augmenter les impôts locaux contrairement à la promesse de la dernière campagne électorale », ajoute Guy Coupez, colistier. Cette différence symbolise également l’avant crise industrielle dans le Valenciennois, Mines, Usinor, et maintenant où malgré une diminution très notable, les demandeurs d’empois sont encore pléthoriques sur cet arrondissement.
Dans cette optique, l’objectif de cette liste « De la vie dans la ville » est en fond de toile de « reconstruire l’image de Beuvrages. Elle est déplorable. Beuvrages n’est pas Chicago », tance Michel Domin.
« Créer une police territoriale », Michel Domin
Avant de parler d’un programme électoral dont le sous-titre est « 2020 un nouveau souffle », il faut remettre en perspective la petite musique dans l’ère du temps. Nous parlons du regroupement des communes, et Beuvrages pourrait être une ville rattachée à une autre commune limitrophe comme Anzin par exemple. « Non, nous refusons tout projet de fusion. Il faut conserver cet esprit de clocher même si des projets intercommunaux sont nécessaires », explique la tête de liste. La révolution administrative de la loi NOTRe, amplifiée courant de l’année 2020, est freinée par le mouvement des Gilets Jaunes. Les longs échanges entre le Président de la République et les maires ont remis sur la table une évidence, la démocratie de proximité demeure un maillon indispensable de notre République pour tous.
Si le programme est en construction, certaines grandes lignes sont claires. « Il faut agir au niveau de la sécurité des habitants de Beuvrages. Nous avons deux agents de la Police municipale. Certes, la police intercommunale entre Anzin, Raismes, Petite-Forêt, et Beuvrages est intéressante, mais elle n’est pas suffisante. Je veux soutenir auprès de Valenciennes Métropole la création d’une police territoriale avec des moyens importants. Cela complèterait l’action de la Police Nationale », explique Michel Domin. Ensuite, de manière factuelle « Mme le maire n’est pas élue à la CAVM (donc pas fléchée à l’élection en 2014), il est donc difficile de défendre les dossiers concernant Beuvrages », poursuit-il. Dans cette hypothèse, il faudrait donc doter les EPCI d’un pouvoir de police à l’instar des collectivités locales, pourquoi pas !
Ensuite, l’action communale n’est pas oubliée sur cet item. « Je suis favorable au titre de l’action sociale à un retour des ilôtiers dans un esprit de quartier, Il faut de la proximité. Dans cet esprit, nous voulons des Maisons de Quartier et pas seulement une Maison des Associations (Place de Bruxelles), il faut animer, recréer du lien dans la ville », poursuit Michel Domin.
Sur l’ensemble de ces propositions, Guy Coupez note « qu’elles collent parfaitement au dernier Livre Blanc sur la sécurité des territoires (septembre 2019) ».
Le commerce de proximité
Comme sur de nombreuses communes, le commerce de proximité est en délicatesse. « Il existe de nombreuses cellules vacantes. Nous rencontrons les commerçants afin de savoir comment les soutenir. Il faut trouver des solutions ensemble. D’abord, il existe un problème de stationnement. Il manque des places ».
Ensuite, concrètement « nous voulons déjà relocaliser l’épicerie solidaire sur un autre site plus favorable avec un loyer très accessible. Ensuite, nous souhaitons la création d’un café solidaire », ajoute Michel Domin. Quelles seront les actions complémentaires pour dynamiser un commerce local ? Tout en faisant un constat simple« ils ne résistent pas dans le temps », ajoute-t-il.
Animer la ville
Plus globalement, cette équipe en lice pour les prochaines élections municipales veut retisser un « lien dans la ville, il n’ y a pas de relation intergénérationnelle. Il faut réveiller cette commune. Vous savez qu’il n’y a pas de Salle des Fêtes proprement dit à Beuvrages. Par contre, la salle Dubedout est surdimensionnée », commente Michel Domin.
Voilà les premières pistes d’un programme en construction. Néanmoins, Michel Domin précise (si élection) « ce serait un mandat de gestion, la marge de manoeuvre en terme d’investissement est limitée. Par contre, nous porterons véritablement notre action sur l’accompagnement de l’humain. Nous voulons baser notre action sur la démocratie participative, il faut réfléchir ensemble à notre commune », conclut Michel Domin.
Les colistiers présents à cet entretien avec la presse locale sont :
Jean-Claude Queffelec, Michel Levecque (élu au Conseil municipal), Myriam Bouhadida, Guy Coupez, Michel Domin (élu au Conseil), Guy Coupez, Daniel Chavatte, Morello Derenico, et Bernard Decaillon.
Daniel Carlier