Denaisis

Anne-Lise Dufour contre vents et marées candidate à Denain

Point de suspense dans l’invitation de la maire de Denain conviant les Denaisiennes et Denaisiens à se rassembler Salle Aragon, vendredi 20 septembre. L’inconnue résidait dans le discours, le contenu, mais surtout les cibles politiques. Ça c’est fait !

Geneviève Roy : « Laissez-le reposer en paix ! »

Au sein d’une salle Aragon bondée, chauffée à blanc, Anne Lise Dufour était revigorée pour lancer officiellement sa campagne pour les prochaines municipales de mars 2020. Mais avant son propos très offensif, Geneviève Roy, veuve de l’ancien député-maire Patrick Roy, est venue s’exprimer avec son coeur et ses mots.

« C’est la 1ère fois que je m’exprime publiquement depuis le décès de Patrick Roy », lance-t-elle, mais avec incontestablement une voix un peu torturée, le moment était douloureux. Elle enchaîne : « Nous avons plus qu’assez de lire n’importe quoi. Anne-Lise Dufour est la seule héritière politique de Patrik Roy. Laissez-le reposer en paix », lance-t-elle d’entrée de discours. Ensuite, elle retrace l’action ô combien structurante de Patrick Roy, mais également de son compère Christian Montagne. D’ailleurs, un dossier pour la réindustrialisation des Pierres Blanches trouve son volet opérationnel sur plusieurs mandats, c’est inhérent à l’administration publique, Anne-Lise Dufour poursuit donc ce chemin tracé sur certains dossiers. Geneviève Roy n’oublie pas une approche politique « l’union de la gauche n’est pas une option face au Rassemblement National, c’est une obligation ! », conclut-elle.

Si cette parole est infiniment respectable, émouvante à plus d’un titre, cette campagne politique ne peut se résumer, que ce soit pour la majorité sortante ou pour l’opposition déclarée pour cette municipale, au souvenir de Patrick Roy. Chacun sa route, et chaque candidat(e) propose un destin pour sa ville, mais pas une pensée posthume permanente. En résumé, tournons la page, laissons Patrick Roy avec un son Métal bien plus sympathique que les discours politiques. Je ne suis pas certain, d’ailleurs, puisque le mot « à la demande d’Anne-Lise », que Geneviève Roy est particulièrement goûtée ni à sa présence vendredi soir, ni aux propos lus ici et là dans la presse locale, voire sur les réseaux sociaux, concernant une pensée partagée avec son défunt mari. La politique au sens noble du terme, et pour ceux qui ont vu, voire revu, le discours inénarrable de Patrick Roy à son retour à l’Assemblée nationale quelques mois avant son décès ; ce n’était pas ça en première partie, pas ce vendredi soir !

« Rien n’est bon, rien n’est beau pour certains à Denain », Patrick Roy

En propos liminaire, la première magistrate retrace son histoire denaisiennes. D’origine italienne avec des parents venus travailler, comme des milliers d’autres, sur cette commune minière, puis sidérurgique, reconnue même sur la scène européenne, elle met de fait en exergue cette diversité locale inhérente à sa propre histoire économique. « Denain n’est pas raciste, nous savons tous ce que nous devons aux algériens, marocains, tunisiens, italiens, espagnols, polonais etc. », lance-t-elle en réponse au mouvement politique du Rassemblement National.

« Mon père était mineur de fond dès l’âge de 14 ans. Pour sa part, ma mère s’est rapidement engagée en faveur des personnes en situation du handicap », mentionne Anne-Lise Dufour. D’ailleurs, son engagement pour la cause du handicap fut salué par le SITURV, aujourd’hui SIMOUV, avec une station de tramway éponyme.

L’histoire de Denain s’écrit dans la douleur d’une fermeture d’une exploitation minière, puis d’une usine sidérurgique, on évite le mot USINOR, car il réveille souvent trop de douleurs. « Ici, à Denain, on a résisté même les Métallo. Rien n’est bon, rien n’est beau pour certains à Denain ».

Ensuite, elle décoche ses flèches sur la candidature déclarée d’Yvon Riancho. Son parcours d’élu et de candidat revu et commenté…« quelle crédibilité ? », souligne-t-elle. Assurément, cette candidature dérange beaucoup, divise même les rangs de la majorité municipale pour certains. Annihile-t-elle l’union de gauche avant le 1er tour, comme espérée par Geneviève Roy et d’autres, nous aurons la réponse au dévoilement des listes. Jamais dire jamais en politique plus qu’ailleurs.

« Denain retrouve sa place dans le Valenciennois », Anne-Lise Dufour

Comme toute collectivité locale, Denain peut beaucoup, mais en même temps « elle ne fait rien toute seule. Nous avons besoin de nos partenaires. Je remercie La Porte du Hainaut, le Conseil départemental du Nord, la région des Hauts-de-France, et l’Etat, ils sont indispensables. Mais certains élus, comme Sébastien Chenu, ne vote pas une subvention régionale en faveur de l’ANRU 2 sur notre commune ! » (https://www.va-infos.fr/2019/07/11/lanru-2-a-denain-cest-parti/).« Sur cette ANRU 2, nous obtenons 120 millions d’euros de subvention sur 130 millions au global », poursuit-elle. Ce sera problématique pour le Rassemblement National de justifier ce non vote… !

Ensuite, elle rappelle une obligation centrale dans la fonction de maire, en l’occurrence celle de prendre des décisions. Bizarrement, l’opposition dans toutes les communes françaises a souvent la solution miracle, ou encore le pouvoir absolu d’attendre, surtout ne rien faire. « Croyez-vous que cela me fasse plaisir de signer la démolition du Château du Parc Lebret ? Néanmoins, il fallait assurer la sécurité des Denaisiens, notamment des enfants qui venaient dedans malgré les interdictions. Il fallait prendre une décision », indique Anne-Lise Dufour.

Concernant le volet emploi, des dossiers avancent comme sur le site des Pierres Blanches. « L’entreprise Grimonprez construit son bâtiment, il y aura 300 emplois dans la logistique à la clé. D’autres installations sont en cours comme le cinéma dont le chantier n’est pas à l’arrêt, mais il prenne toutes les précautions compte tenu du puits de mine juste à coté », explique-t-elle. On n’oublie pas l’arrivée (en 2028 dixit la CCI du Grand Hainaut) du Canal Seine Nord Europe dont l’objectif est de s’appuyer sur les réseaux des ports publics existants, sur le Valenciennois notamment Saint-Saulve/Bruay et celui de Denain dont l’espace bord à canal est précieux. Le port public de Denain sera potentiellement la passerelle économique majeure des années 2020-2030 pour la commune, les entreprises ont parfaitement identifié la pépite, le site des Pierres Blanches.

« Enfin, une nouvelle grande entreprise va venir s’implanter sur le site des Pierres Blanches. Nous attendons, avec la Porte du Hainaut, pour donner son nom. Nous sommes en période de fiançailles », ajoute la candidate. Forte de ces projets structurants, Anne-Lise Dufour peut crier haut et fort : « Denain retrouve sa place dans le Valenciennois ».

Sur le volet sécurité, ce n’est pas un secret, cette thématique est un enjeu local majeur. « Nous allons accueillir une nouvelle force de police, une brigade canine en supplément des effectifs existants », précise-t-elle.

Concernant l’église du Sacré-Coeur fermée depuis 2007, elle explique sa position très commentée. « J’ai contacté l’association en charge du Sacré-Coeur. Je leur ai proposé de la récupérer pour l’Euro symbolique, de travailler ensemble, et de réaliser les travaux », explique Anne-Lise Dufour. Reste à quantifier le montant financier du chantier et trouver le créneau budgétaire, la hiérarchie dans l’importance du projet sera certainement un sujet âpre prochainement, ce sujet sent le boulet politique !

Elle finit son adresse par sa déclaration officielle de candidature : « Denain est notre ville, on l’aime cette ville. Oui, je serai candidate aux prochaines municipales en mars 2020 à Denain » ; sa montée de son avait une intonation du fameux meeting d’Emmanuel Macron « j’ai un projet », dont elle a salué le « dédoublement des classes en primaire sur Denain. Pour cette année scolaire, nous avons ouvert 20 classes sur notre commune ».

La bataille de Denain date de 1712, reloaded en mars 2020… !

Daniel Carlier

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