Le Valenciennois, une cible du RN
Le parti d’extrême droite sous la présidence de Marine Le Pen a de grandes ambitions pour cette échéance municipale. D’ailleurs, certains territoires sont fléchés comme le Valenciennois avec ses 82 communes, un terreau parfait pour un repli identitaire travaillé sur le terrain… ! (Crédits photos DR)
A la quête de communes et de grands électeurs
Un phénomène symptomatique de la progression du Rassemblement National dans de nombreux territoires serait peut-être de présenter des listes dans la plupart des communes, certaines pour gagner, mais également, comme LREM voire la France Insoumise, pour obtenir des Grands électeurs pour la prochaine élection sénatoriale à l’automne 2020 ; un parti classique en somme, la banalisation de l’extrême droite, le 1er tour de force du Rassemblement National, l’ex FN.
Nouvelle donne politique
L’électorat des municipales 2014 n’est plus à l’ordre du jour. En 2020, il sera complètement chamboulé avec les listes officielles de LREM, voire dissidentes présentes dans certaines communes (surprises), mais également de la France Insoumise sur des cibles bien identifiées, et bien sûr le Rassemblement National plus que jamais présent sur le Valenciennois. Les bulletins de vote vont de facto se répartir différemment, sans oublier une prise de conscience écologique, une prime au sortant ou le boulet du bilan ! Oui, les incertitudes sont multiples et l’ambiance déjà épidermique.
Pas franchement un secret d’Etat, certaines villes du Hainaut sont une cible prioritaire. Denain, deuxième ville du Valenciennois, serait la prise phare si jamais la liste locale du RN arrive à ses fins. Cette liste du cru sera poussée, sauf changement de stratégie, par le député de la 19ème circonscription, Sébastien Chenu. Très présent sur les plateaux des chaînes d’information en continu, dans la garde rapprochée de Marine Le Pen, le parlementaire (Ex UMP) sera sans doute le pilier et la faille de cette candidature de terrain. Difficile de quitter les dorures de la République, les lumières jacobines pourraient faire de l’ombre à cette liste face à des élu(e)s locaux imbibé(e)s d’une expérience de terrain indiscutable, ce qui n’est pas le cas de Sébastien Chenu. Voter pour un leader invisible, sauf durant la campagne municipale, voilà le talon d’Achille de cette liste largement favorite du RN en 2020, personne ne le conteste !
Autre ville très ciblée sur le Valenciennois par le Rassemblement National, Fresnes-sur-Escaut est dans la ligne de mire, Bruay-sur-Escaut également fort d’un score aux européennes impressionnant (+ de 50%), Raismes pourrait pâtir également des divisions politiques très marquées sur la commune avec un RN (ou assimilé) pouvant rafler la mise finale. Sur les autres communes, les scores du RN pourraient être impressionnants, il y a peu de chance que Marine Le Pen autorise une liste du RN à se retirer en cas de qualification pour le second tour. N’oubliez pas, obtenir des grands électeurs constitue un enjeu fondamental dans la stratégie politique de « normalisation » engagée par Marine Le Pen.
Le plus paradoxal est que le Valenciennois est une terre multi-culturelle, forte d’un passé industriel où des dizaines de nationalités travaillaient ensemble. Aujourd’hui, avec un chômage, certes en baisse, mais toujours trop fort sur le Valenciennois, il est facile de désigner l’autre comme responsable de tous les maux. C’est tellement simple et incongru sur une terre de migration par essence, population déplacée, exode, besoin de main d’oeuvre à l’apogée industrielle, une population habituée à accepter les autres communautés dans une république constitutionnellement laïque, certains l’oublient toutefois !
Les commémorations du 75ème anniversaire des villes libérées dans le Valenciennois s’achèvent, notamment Saint-Amand-les-Eaux où Alain Bocquet dans son discours citait Bertolt Brecht : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ». Alors, le Valenciennois sera-t-il repu en mars 2020… ?
Daniel Carlier