A Marly, l’ANRU II et au-delà… !
Cette journée du 03 juillet était importante pour le logement accompagné sur Valenciennes Métropole et plus localement sur la commune de Marly. En effet, Daniel Barnier, Préfet délégué pour l’égalité des chances auprès du préfet de la région Hauts-de-France, était présent sur Marly pour visiter le site dédié à l’hébergement d’urgence et au foyer des jeunes travailleurs (visuel bâtiment existant géré par l’association Prim’toît).
(Daniel Barnier et Fabien Thiémé)
Daniel Barnier : « Ce dossier ne peut être ajouté au volet ANRU 2. Par contre, je suis là pour faire avancer ce projet »
On connaissait le programme ANRU 1 (Agence Nationale de la Rénovation Urbaine) de Jean-Louis Borloo avec 33 maisons détruites pour 48 réalisées sur le quartier de la Briquette. Ensuite, le programme ANRU 2, ou plutôt NPRU (Nouveau Programme de Rénovation Urbaine) de Manuel Valls, avec 65 maisons à détruire sur la Briquette, coté station de tramway (maison de quartier), et 90 logements Place des Vosges. La convention financière s’est d’ailleurs débloquée en mai 2019, derrière étape administrative avant la phase réalisation. « Les premiers relogements sont prévus en août 2020 et les premières démolitions en 2021 », précise Arnaud Bavay, le DGS de Marly. A coté de ces programmes nationaux, un appendice local pose un problème de cohérence urbaine à travers un site dédié au logement accompagné en grande souffrance.
« Une très belle opération de rénovation urbaine », Daniel Barnier
En digression sur le sujet central du jour, le préfet a tenu à souligner « une très belle opération de rénovation urbaine ; c’est un beau projet, beau dossier qui fut d’ailleurs très bien présenté par les élus concernés, une présentation modèle pour nous », explique Daniel Barnier.
De l’autre coté de la station de tramway…
L’effet Blast du jour est d’abord la situation géographique du site consacré à l’hébergement d’urgence et au foyer jeune travailleur. Dans le quartier de la Briquette (Marly), vous avez d’un coté de la station de tramway une future opération ANRU 2, et de l’autre coté des voies de tramway, le site d’hébergement d’urgence et du foyer des jeunes travailleurs très très vétuste, mais pas concerné par cette nouvelle signature urbaine, problème de quartier évident !
« Les jeunes du foyer des jeunes travailleurs font partie intégrante du quartier. Ce beau projet ANRU 2 ne saurait se concevoir sans le maintien, sur site, du Foyer des Jeunes Travailleurs et de l’hébergement d’urgence », commente Fabien Thiémé, maire de Marly.
Dans son propos, le maire précise un point central lié à l’ANRU, mais également la nécessité de réhabiliter ces hébergements particulier. En effet, l’esprit de l’ANRU 1 était la destruction/rénovation sur le même site. Par contre, l’ANRU 2 promeut la mixité sociale et impose une reconstruction sur trois (seulement) sur le même site d’où un parcours de résidensialisation plus mobile.
« Les jeunes actifs bénéficient d’une APL foyer », Christophe Ferraï
De l’autre coté de cette station de tramway au coeur du quartier de la Briquette, vous avez 120 hébergements gérés par Prim’Toît. Cette association est spécialisée dans le logement d’urgence, logement pour jeunes actifs, CHRS, hébergements pour les victimes de violences conjugales… « Nous avons 120 logements, dont une partie n’est plus disponible, consacrés pour 1/3 à l’hébergement d’urgence (via le 115) et 2/3 à l’hébergement des jeunes actifs », précise Christophe Ferraï, directeur général de l’association Prim’toit.
Si l’hébergement d’urgence octroie un logement gratuit durant un temps donné compte tenu d’une situation exceptionnelle, le logement en foyer social bénéficie d’autres spécificités. Le bail comprend l’hébergement, les équipements avec un reste à charge maximum de 40 à 150 € maximum grâce à une « APL foyer » calculée selon les revenus. « De plus, un occupant peut donner son congé sous huit jours. Cela favorise la mobilité des travailleurs. Le coeur de cible concerne les jeunes de 18 à 25 ans, même si ces logements sont possibles jusque 30 ans », précise Christophe Ferraï.
« Il manque 2 millions d’euros », Fabien Thiémé
Cette réunion de terrain visait donc à réunir tous les acteurs du dossier. D’entrée de visite, le Préfet place le curseur sur l’angle de sa visite. « Ce dossier ne peut être ajouté au volet ANRU 2. Par contre, je suis là pour faire avancer ce projet », précise Daniel Barnier.
Effectivement, cette rencontre a fait constater l’existant, une véritable passoire thermique avec une facture énergétique pharaonique. La rencontre des occupants, mais également le constat architectural ne laissait que peu de places à un dossier simple.
Autre acteur du dossier, si Prim’Toit est le gestionnaire ces dits logements, le propriétaire depuis un an, jour pour jour, est le bailleur AXENTIA. Il est spécialisé dans les EHPAD, les foyers personnes âgées, en situation de handicap, d’insertion, d’exclusion, d’isolement etc. La directrice générale d’AXENTIA, Marie-Hélène Foubet, évoque cette réhabilitation d’ampleur. « On peut faire passer d’une note thermique de G à C avec une rénovation très efficace. Toutefois, une réhabilitation lourde est également un global. Elle doit répondre à certains critères pour les jeunes, espace de connexion, revêtement de sol, douche à l’italienne etc. Cela coûte un peu plus cher, mais c’est beaucoup mieux adapté », précise Marie-Hélène Foubet.
Chemin faisant, cette déambulation dans les bâtiments doit permettre de débloquer des fonds d’Etats. « Cela peut se traduire par des Crédits d’Etats apportés à Valenciennes Métropole dans le cadre de sa compétence d’aide à a pierre », explique Christian Rock, le Sous-Préfet de Valenciennes. C’est pourquoi, Valenciennes Métropole est concernée au premier chef par le dossier avec d’ailleurs la présence de Jean-Marcel Grandame, vice-président en charge du logement à la CAVM.
Pour le maire, le dilemme est assez tranché. « C’est un projet de rénovation à 9 millions d’euros, il manque 2 millions… », pointe Fabien Thiémé.
Ensuite, l’équation bien connue dans l’équilibre de gestion d’un collectif est le nombre de logements. « Notre problème est que nous sommes (sur ce site) actuellement sur moins de 100 lits disponibles. L’idée est donc d’augmenter le nombre de lits pour aboutir à un dossier plus équilibré », précise Marie-Hélène Foubet.
« Il reste du foncier disponible en front de rue ? », Daniel Barnier
Une idée amenant une autre idée, voire une solution, le Préfet délégué pour l’égalité des chances pose une question : « Sur le parking (devant le foyer), il reste du foncier disponible en front à rue ? ».
La réponse positive l’amène à suggérer un projet de construction neuve quasi front à tramway conjuguée avec une destruction des sites existants. En clair, « le préfet nous suggère de déposer rapidement un permis de construire pour cette réalisation (plus de 100 lits) sur un espace réservé au parking actuellement. De l’autre, dès que ce permis de construction est validé, nous entamons la démolition des autres bâtiments », précise Marie-Hélène Foubet. Comme d’habitude, il est beaucoup moins couteux de construire du neuf que de réhabiliter, en l’occurence elle permet un éventuel soutien salvateur. « On pourrait même envisager une construction passive, voire à énergie positive (rien n’interdit de rêver) », poursuit Marie-Hélène Foubet
D’un point de vue général, cette construction collerait parfaitement au SCOT du Valenciennois (vote en juillet 2014) dont une prérogative majeure est la densification de l’habitat autour des stations de tramway. D’ailleurs, cette donnée à imprimer une certaine spéculation immobilière autour de ces zones dans le parc privé. Un cadre de la CAVM précise « nous sommes en zone UR (intégrée au PLUI), c’est beaucoup plus souple pour la construction… ».
Et au bout une construction sociale neuve, hors ANRU, grâce à une réunion de terrain avec tous les acteurs du dossier…, pas mal si cela se vérifie dans le temps !
Pour sa part Fabien Thiémé évoquait également le besoin de détruire une partie de ces sites, tout en reconstruisant, afin de créer un « désenclavement du quartier de la Briquette. Parfois, on ne sait pas si vous êtes sur Valenciennes ou Marly. Ce serait une percée en lien avec le prochain boulevard urbain », précise-t-il.
S’adressant au premier magistrat, le mot de la fin revient à Christophe Ferraï sur une généralité, mais tellement vrai « votre engagement pour le maintien du logement d’insertion sur votre commune ne constitue pas une généralité ». En fait, le logement social, on adore… chez les autres !
Daniel Carlier