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La réinsertion des auteurs d’infractions avec une addiction

La réinsertion des auteurs d’infractions, la surpopulation carcérale, deux thématiques étroitement liées pour lesquelles des solutions innovantes sont apportées depuis quelques années. Ainsi, le Parquet de Valenciennes, la ville de Denain, l’AJAR, et l’entreprise d’insertion Osmoz convergent vers cet esprit républicain par essence.

Le Procureur de la République de Valenciennes : « L’objectif est que ces personnes soient sur la même ligne de départ que les autres »

Offrir une seconde chance à un auteur d’infraction lié à une addiction alcool ou/et drogue constitue une mesure alternative de bon aloi. Le dire, c’est facile, mettre en place le mécanisme est plus redoutable. Pour autant, Le Procureur de la République de Valenciennes, Jean-Philippe Vicentini, s’est attelé à cette mission. En effet, au sein du Parquet de Cambrai (2008), et de Beauvais (2012), Jean-Philippe Vicentini a lancé ce dispositif innovant afin de lutter contre la récidive, et notamment des auteurs d’infraction en lien avec une addiction.

L’écoute, l’accompagnement, la remise à niveau administratif… devient le fil conducteur vers une réinsertion sociale « car certains n’ont même plus de couverture sociale pour se soigner, ni logement, ni emploi… », précise le Procureur de la République de Valenciennes. Et la perspective de récidive est immense dans ces conditions ! Concrètement, cet accompagnement est une remise à niveau « attention, ils n’ont pas plus de droit que les autres citoyens, mais l’objectif est que ces personnes soient sur la même ligne de départ que les autres », ajoute le Procureur de la République.

La contrainte réside dans les moyens humains à disposition, car le suivi est la clé de voûte du dispositif du suivi renforcé. « Nous avons deux coordinatrices, de l’association AJAR, en charge du suivi à tous les niveaux, obligation de soins, remise à niveau administratif, l’obtention d’un logement. C’est pourquoi, je ne souhaite que les coordinatrices soient en charge de 30 à 35 personnes maximum », précise le Procureur de la République. Ce dispositif est en vigueur depuis avril 2018. « Après un an d’exercice, nous avons accueilli 99 personnes », précise une coordinatrice. « Une nouvelle commission d’entrée a lieu dès demain », ajoute le Procureur de la République. Evidemment, il existe une rotation par certains échecs « parce que certains refusent la main tendue », mais également par des sorties positives. « Il est encore trop tôt pour un regard sur ce dispositif sur Valenciennes », déclare Jean-Philippe Vicentini. Néanmoins, sur Beauvais, une coordonatrice de l’AJAR met en lumière un résultat assez flatteur « avec 95 personnes en suivi sur deux ans, nous n’avons eu que 10 échecs ».

Et pourtant, les moyens humains sont insuffisants au regard de son efficacité avérée, une voire deux personnes en plus ne seraient pas un luxe exagéré. « Sur Beauvais, nous avions calculé que le coût par jour de ce dispositif de suivi renforcé est de 3,50€, de 15 € pour un porteur de bracelet électronique, et de 90 à 100 € pour un jour en prison », précise le Procureur de la République. A méditer à l’heure de la contraction budgétaire… !

« Denain souhaite remettre en selle ces personnes à travers un parcours d’insertion », Anne-Lise Dufour

En toute logique, l’exercice quotidien d’une activité professionnelle constitue un puissant moteur de réinsertion. « Nous signons aujourd’hui un protocole entre la ville, le Ministère de la Justice, l’AJAR, et l’entreprise d’insertion Osmoz. Il faut essayer de raccrocher des personnes sortis du bon droit afin d’éviter la case prison. Denain souhaite remettre en selle ces personnes à travers un parcours d’insertion », commente Anne-Lise Dufour.

Tous les profils sont concernés « du SDF au cadre, de 18 à 55 ans, primo délinquant et récidiviste. L’un d’entre eux à 40 infractions… », précise une coordinatrice de l’AJAR. « Depuis 2008, je suis satisfait de constater que ce dispositif s’est étendu dans la région Hauts-de-France », poursuit le Procureur de la République.

Quatre ETP disponibles

Sur le resort du Valenciennois/Avesnois, ce dispositif a été mis en place dès le mois d’avril 2018. Le corollaire est évidemment l’accès à l’emploi. « A travers la DIRECCTE, nous disposons de 15 emplois, et aujourd’hui de 4 emplois supplémentaires grâce à la ville de Denain », explique le Procureur de la République.

« Sur la commune, deux emplois ETP (Equivalent Temps Plein) seront intégrés dans nos services. Ensuite, deux autres ETP sont délégués à l’entreprise d’insertion Osmoz », commente Anne-Lise Dufour. Ce dernier met en avant la formation indispensable : « Nous formons tous nos salariés en insertion à travers un diplôme d’ouvrier paysager ou maraîcher. Il est important de les diriger vers des nouveaux métiers, le service des espaces verts est un métier porteur », explique Franck Bury, le dirigeant d’Osmoz.

Comme dans de multiples secteurs, il existe des initiatives pertinentes et efficaces dans de multiples domaines au niveau territorial, voire régional, mais pas expérimentées au niveau national, c’est bien dommage… !

Daniel Carlier

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