EELV présente une liste autonome aux municipales à Valenciennes
Fort d’une élection européenne aboutie pour l’écologie politique française, incarnée par la liste EELV, les ambitions locales se font jour. En effet, le développement durable concerne l’Europe, le national, et tout autant le local tant le changement de logiciel est nécessaire, l’urgence écologique, ce n’est pas hier, ni demain, mais aujourd’hui ! Le parti EELV sur Valenciennes va donc présenter une liste pour la prochaine municipale dans la ville centre en 2020 (Visuel réunion EELV pour les européennes).
(Visuel Quentin Omont)
Quentin Omont : « Si le parti EELV ne se concentre pas sur le local, nous sommes à coté du sujet »
Tout d’abord, l’analyse des résultats de ces européennes provoquent différents sentiments chez les responsables locaux du parti EELV. « C’est encourageant et cela nous pousse à poursuivre cette dynamique, car nous sommes plus habitués à être minoritaire. Aujourd’hui, nous sommes la 1ère force de gauche. Toutefois, nous restons très humbles, on se souvient de la grande déception de l’élection présidentielle 2017 », explique Quentin Omont, coresponsable du parti EELV Valenciennois. Sur le même registre, Janine Lecaille, coresponsable EELV, relativise ce résultat. « Nous avons réuni 3 millions de voix, juste 200 000 en plus qu’en 2009 où le total des voix écologiques était proche de 20%, ce qui n’est pas le cas cette fois. Par contre, l’urgence écologique est bien mieux comprise par la population ».
Et pas seulement, un rapport de 180 pages réalisé par les sénateurs, dont la réputation de révolutionnaire n’est pas avérée, est accablant sur l’urgence climatique. « Les sénateurs ne parlent plus d’inversion sur le réchauffement climatique, mais d’une adaptation. Ils valident cette urgence absolue », souligne un membre associatif, proche d’EELV. En clair, le Sénat panique…, c’est pour dire. « Tout le monde alerte, l’ONU, les experts, aujourd’hui le Sénat, et pourtant les décisions, surtout en local, continuent de prendre du temps. On parle des cantines avec des produits bio à proximité, mais nous mettons du temps. On a peur de prendre des décisions courageuses », assène Quentin Omont.
« Jadot, c’est pas Zorro », Janine Lecaille
Effectivement, l’immense différence entre ces deux résultats, en valeur absolue assez proches, est l’impact de masse. « Je suis ravi du vote écologique chez les jeunes, mais également très inquiet des résultats du Rassemblement National spécifiquement dans le Valenciennois », commente Quentin Omont. « Ce résultat engage notre responsabilité face au Rassemblement National sur ce territoire. L’écologie est sociale par définition », précise Guillaume Fache, du parti EELV sur le Valenciennois. Oui, l’écologie et le social ne sont pas antinomiques. D’ailleurs, le syndicat CGT de la métallurgie portait avant-hier cette parole de bon sens face à cette aberration d’une production d’acier (allemand et chinois) lointaine afin d’alimenter ASCOVAL. On marche sur la tête et la planète en même temps…. Oui, la fin du mois dans l’industrie est également furieusement écologique !
Pour autant, une dynamique de vote aux Européennes ne va pas permettre de tout changer de la cave au plafond dans la Maison France. « Jadot, c’est pas Zorro », tranche Janine Lecaille avec son franc parler habituel. Une partie de la réponse est donc au coin de la rue.« Si le parti EELV ne se concentre pas sur le local, nous sommes à coté du sujet. C’est pourquoi, nous avons une obligation morale de présenter une liste pour cette élection municipale à Valenciennes », ajoute Quentin Omont.
« Nous présentons une liste EELV autonome », Quentin Omont
Le sujet est clé dans le choix d’une candidature politique. En l’occurrence, Quentin Omont s’installe comme le « chef de file, mais pas forcément la tête de liste. Nous devons construire une équipe, un programme concret pour la ville centre (et son influence sur le territoire) ; nous restons ouverts au dialogue ». Pour autant, ce n’est pas une candidature, en mode Auberge espagnole, où toutes les investitures seraient accueillies avec bienveillance. « Nous présentons une liste EELV autonome. Toutefois, ce sera une candidature ouverte avec le désir d’agréger le tissu associatif très engagé dans différents combats sur le Valenciennois, voire toutes personnes positionnées sur nos valeurs (politiques ou pas), mais il n’y aura pas de compromission. Néanmoins, nous avons réellement le souci de travailler collectivement, pas de sectarisme, bâtir un programme ensemble », ajoute Quentin Omont.
Sur les affinités avec les associations engagées, celle née suite au projet de l’extension du Golf de Valenciennes sur Marly, la base du dossier avec une réalisation de la dite extension du Golf en 2023 environ, après le reste peut changer dix fois… « nous sommes aux cotés de l’association en faveur du maintien des jardins ouvriers au même endroit, voire le collectif contre la hausse de capacité d’incinération sur le CVE de Douchy-les-Mines etc. », exprime Quentin Omont. Pour sa part Janine Lecaille regrette que « La Boite à Tout » (rue Ferrand) » fut refoulée sans ménagement du nouvel espace ATRIA (Place Poterne) » dédié à plusieurs associations dans l’ESS (Economie Sociale Solidaire). Ensuite, elle pose une question sensible « que va devenir le site de Marais de l’Epaix que le SIAV pourrait mettre en vente ». En effet, tous les syndicats d’assainissement avant l’application de la loi NOTRe pourraient se débarrasser des bijoux de famille, des dossiers que les agglos ne voudront pas assumer, on arrive avec des recettes à l’agglo, c’est mieux ! Donc, il sera très intéressant de suivre le devenir de ce « poumon vert pouvant devenir une zone de biodiversité », souligne un membre associatif proche d’EELV.
En terme de stratégie politique, c’est le raisonnement politique le plus pertinent post européenne, EELV aurait bien tort de ne pas profiter d’une certaine dynamique pendant que LREM et le RN dépècent le corps encore chaud du parti Les Républicains. Après, sur le terrain, tout est possible dans la construction collective d’une liste municipale, cette concrétisation politique locale sera assurément passionnante jusqu’au dépôt de la liste in fine. « Nous sommes un parti de gauche », rappelle, pour bien fixer l’esprit du lecteur, Quentin Omont.
» C’est une gestion du XXème siècle sur la ville de Valenciennes « , Quentin Omont
Evidemment, le parti EELV ne va pas présenter une liste dans les 82 communes du Valenciennois. Par contre, la ville centre a mécaniquement un impact sur l’ensemble de l’arrondissement. « Il est indispensable que les pouvoirs publics montrent l’exemple», commente Quentin Omont.
A ce titre, un membre d’une association propose une idée partagée par cette candidature. « Une marie de Valenciennes zéro déchet serait un message très fort ». Sur le volet environnement, il faut rappeler l’Agenda 21 de la mairie de Valenciennes, un des tous premiers en France dans les années 90, l’école Jean Mineur début des années 2000, voire la politique engagée de Valenciennes Métropole sur les familles « zéros déchets », et le futur label attribué aux commerçants vertueux à la clé.
Néanmoins, la ville de Valenciennes n’est pas radicalement engagée dans cette voie « c’est une gestion du XXème siècle sur la ville de Valenciennes. L’écologie n’est pas reprise au niveau de la mairie. Il faut changer l’écologie de proximité, la situation est grave, il faut agir d’une façon urgente », assène Quentin Omont.
Un exemple frappant, sous la contrainte d’un nouveau barrage juridique sur le site de l’ancienne piscine, car l’opposition virulente de l’association du Rôleur avait fait plier la mairie de Valenciennes, avant la campagne municipale 2014, dans son projet d’un EPHAD. Aujourd’hui, la mairie propose un espace vert culturel, très bien, histoire de ménager tout un quartier au niveau bulletins de vote. « Là, on pourrait au sein de cet espace vert réfléchir, partiellement, à des produits bio dans l’idée d’une ferme urbaine conjuguée avec cet espace vert ouvert au public», souligne Janine Lecaille. Cette gestion du XXème siècle est là, on ménage un espace vert pour l’élection, et on ne prend pas une décision courageuse dans un sens ou l’autre, du logement pour limiter l’étalement urbain pourquoi pas, ou comme le suggère EELV, un espace vert partagé avec d’autres objectifs plus ambitieux.
Evidemment, le programme est aux prémices, mais l’EELV du Valenciennois a déjà des pistes concrètes.
La relocalisation alimentaire :
Techniquement, en cas de rupture de chaîne alimentaire « nous avons trois heures d’approvisionnement. Il faut s’engager dans la relocalisation alimentaire à travers l’agriculture urbaine, voire périurbaine. Certaines villes proches ont déjà lancées leur concept de transition comme celle de Mons », précise Janine Lecaille. Sur cet item, les pistes sont multiples, foisonnantes, et vertueuses en parfait harmonie avec le commerce de proximité, et contre le déploiement des grandes surfaces.
La circulation et le transport :
Là, on enfonce une porte ouverte tant la difficulté, hors vacances scolaires, pour venir le matin et sortir le soir sur la ville centre est palpable. Malheureusement, ceci devient un boulet pour les consommateurs hors ville centre et nuit aux commerçants du centre-ville. C’est difficile à entendre, mais c’est une réalité de terrain ! « Il faudrait repenser la circulation sur la ville centre, et déjà rendre le transport public gratuit pour tous les usagers. Ce serait un message fort dans l’incitation pour les Valenciennois à ne plus emprunter la voiture », propose Quentin Omont.
Ensuite, l’incitation à prendre le vélo ou à marcher n’est pas optimale. « La ville de Valenciennes (Grands Travaux) n’ a pas été conçue pour les cyclistes », souligne un militant. Gageons que malgré toutes les manifestations dans le domaine, il est possible d’améliorer les choses.
Zone de poumon vert :
Là encore, les lignes peuvent bouger « notamment dans les quartiers. Certains comme La Briquette n’ont aucun espace vert », précise Jeanine Lecaille.
Les déchets :
Sur ce point, la cible repose d’abord sur la collecte. « La gestion des encombrants est une catastrophe. Vous devez réserver, identifier vos encombrants. Si un voisin vient mettre un objet sur votre tas, il n’est pas pris. Il faut instaurer de nouveau un jour par mois pour la collecte des encombrants, c’est une responsabilité publique », commente Janine Lecaille. Sur ce point, la politique choisie par Valenciennes Métropole, dont le président est Laurent Degallaix-maire de Valenciennes, est la promotion de l’apport volontaire dans les déchetteries. Certes, cela donne un sens au comportement écologique, mais de l’autre le résultat est assez désastreux en terme de dépôts sauvages. Par ailleurs, sur les 35 communes de Valenciennes Métropole, on ne peut pas déposer un déchet avec de l’amiante, il faut aller sur la Porte du Hainaut, donc déchets dans la nature. Derrière, une économie est concrète en terme de marchés publics, par contre le coût pour la nature est conséquent… ! « Il faut avoir le courage de gérer notre passif (sur l’amiante) », assène un militant EELV.
Là également, le champ des possibles est immense.
Voilà une infime partie du futur programme en cours d’élaboration, mais il dénote déjà certaines idées constructives pour l’administré valenciennois.
En conclusion de cette première candidature officielle pour les municipales à Valenciennes, on peut noter sur le fond et sur la forme qu’elle repose sur un sujet partagé par le plus grand nombre, qui n’est plus un supplétif décoratif dans un programme politique, une queue de budget municipal, une bonne idée après toutes les autres, le factotum d’une vision politique surannée, non il s’impose naturellement. Ensuite, cette candidature a déjà une première base (à compléter) de projets voire d’initiatives locales très précises, c’est du concret réalisable. Enfin, elle ne repose pas sur la critique endémique de la majorité sortante, mais sur un changement de comportement global face aux choix municipaux, c’est aussi une autre idée de la gouvernance, pour tous et pas clientéliste, sociale sans exclure, une collectivité locale tournée vers l’écologie positive, l’idée d’une commune consciente de ses responsabilités d’aujourd’hui et de demain.
Valenciennes, à l’heure de l’écologie sociale positive, on le saura en mars 2020 !
(Visuel Raymond Lecaille, Guillaume Fache et Janine Lecaille)
Daniel Carlier