Valenciennois

Vive tension autour de l’extension du Golf de Valenciennes sur Marly

Ce lundi 18 mars 2019, l’« Association de Sauvegarde des Jardins Ouvriers » a déposé ses statuts associatifs auprès de la Sous-Préfecture de Valenciennes, c’était l’occasion pour s’entretenir avec les membres de cette association, mais également entendre une réaction officielle du maire de Marly, Fabien Thiémé (visuel jardin ouvrier + en bas de l’article la lettre ouverte aux élus de la CAVM par le Collectif contre l’extension du Golf de Marly).

(Visuel Cédric Vasseur au sein de son jardin)

Une opposition qui vient de loin… sur l’extension du Golf sur Marly !

Pour bien comprendre l’enjeu de ce projet, il faut connaître les composantes de cette résonance urbaine. Tout d’abord, l’histoire des jardins ouvriers et le Valenciennois est presque charnelle. Ils existent depuis longtemps, et cette aventure citoyenne colle incroyablement au message du moment, le bien-vivre ensemble. Jetez un oeil sur cette vidéo sur les jardins « populaires » sur le site de l’INA, en 1979, avec une intervention détaillée de Pierre Carous (40 ans maire de Valenciennes) : https://www.ina.fr/video/RCC99007319 ! Oui, les jardins ouvriers, c’est une histoire humaine sur le Valenciennois, un lien social évident, un morceau de la culture populaire dans toute la noblesse du terme, celle que l’on partage avec son prochain !

Ensuite, le club de Golf de Valenciennes, centenaire, a demandé depuis près de 30 ans une extension de 9 à 18 trous. Rares sont les sites de golf aussi proches du centre-ville, son passage en 18 trous serait assurément un événement d’attractivité, tous les maires de Valenciennes le savaient, mais personne ne s’est engagé officiellement sur ce dossier avant Laurent Degallaix.

Mais la problématique est que cette extension n’est pas sur la ville de Valenciennes, mais sur celle de Marly, un vieux dossier déjà sous le mandat de Philippe Duée (maire de Marly jusqu’en mars 2008). A titre d’exemple, un Conseil municipal du 30 janvier 2007, où Fabien Thiémé était absent, Philippe Duée abordait cet épineux dossier. Le projet était d’acheter (déjà) des terrains du coté du « Champ de Tir » pour une relocalisation des dits jardins. Par contre, l’extension du golf existant, tant redouté, a donné un commentaire savoureux du maire (P38) (conseil)

Le vote de la délibération a validé à l’époque cette acquisition de nouveaux terrains. Les locataires des jardins ouvriers étaient vent debout contre cette délibération de maire de Marly, comme en témoigne cette pétition de 2007 (petitionva). D’ailleurs, un article de la Voix du Nord du 31 août 2007 précisait que la commune avait acheté ces terrains du « Champ de Tir » sur 7 hectares, pourtant non constructibles (à retenir).

Voilà pour le décor de ce dossier pas comme les autres tant les intérêts des deux communes, Valenciennes et Marly, sont diamétralement opposés.

Nathalie Vasseur, secrétaire de l’association : « On demande de la transparence, vive l’opacité sur ce projet ! »

Après ce bref rappel, nous arrivons en 2019 où un Conseil intercommunal valide d’intérêt communautaire l’extension du Golf de Valenciennes sur Marly. « J’ai appris cela dans la Voix du Nord. Il n’y a aucune concertation en amont ni avec la ville de Marly, ni avec Valenciennes Métropole », explique Cédric Vasseur, le président de cette nouvelle association. La secrétaire de l’association, Nathalie Vasseur ajoute tout de go : « Les petits jardiniers sont des électeurs comme les autres, ils ont aussi le droit de vote. On demande de la transparence, vive l’opacité sur ce projet ! Aujourd’hui, ces jardins apportent une aide au pouvoir d’achat, des légumes qui profitent aux familles, et aux amis  ».

Pour sa part Fabien Thiémé répond sans ambiguïté en soulignant que Valenciennes Métropole est  le maître d’ouvrage, donc la gouvernance du projet : « Le débat commence maintenant. Nous avons voté au Conseil communautaire la faisabilité d’une phase d’étude. C’est un accord de principe.Tout le monde aura sa voix au chapitre ». Le premier magistrat rappelle que ce projet fut voté à l’unanimité au sein du Conseil communautaire.

Avant à gauche, et le projet entouré de traits rouges

« Comment refuser un tel projet ? », Fabien Thiémé

Ensuite, le maire de Marly égrène la globalité du dossier avec : voie piétonne, voie VTT, voie cyclable, plan d’eau, aire de jeux, des logements sur Saint-Saulve et « peu sur Marly », précise-t-il. En plus, le volet club sportif élitiste serait battu en brèche, et même « démocratisé avec un accès pour les centres de loisirs », poursuit-il. « Comment refuser un tel projet qui ne coûte rien à la commune ? », Fabien Thiémé.

Commentaire très édifiant : Refus = proposition d’une tierce personne, donc de la CAVM ou de la ville de Valenciennes. Ensuite, projet = base d’un dossier construit sans concertation préalable, ce qui démonte beaucoup le coté tout est ouvert, même si de concert « rien n’est arrêté, rien n’est décidé », disent les deux maires concernés avant les municipales de mars 2020.

Délocalisation

Plusieurs points exaspèrent les membres de cette nouvelle association dont le trésorier, Patrick Tardivel. « Nous avons contacté le Président de Valenciennes Métropole.  Dans nos premiers échanges avec Laurent Degallaix, il indiquait avec force que nous ne serions pas déménagés. Ensuite, les services dédiés de la CAVM nous disent le contraire. Laurent Degallaix nous a donc parlé de délocalisation dès cet instant, tout en précisant que rien n’est arrêté », explique Nathalie Vasseur.

Ensuite, dans l’article très complet sur l’Observateur du Valenciennois, le maire de Valenciennes précise que le projet « laisse largement la place à des jardins ouvriers sur 5 hectares ». Sauf que « nous avons 6,41 au cadastre ci-dessous. Va-t-on nous réduire notre surface de jardin ? J’ai aujourd’hui 400 M2 », précise Cédric Vasseur. D’ailleurs, le CCAS de la ville de Valenciennes, tout comme la Maison de Quartier du centre (près de Notre-Dame) bénéficient de ces jardins ouvriers pour ces animations.

Cadastre,3 parcelles à ajouter

La mort et la taxe

Ensuite, si les jardins sont délocalisés sur le « Champ de Tir », puisque ces terrains sont acquis par la ville de Marly en 2007. La question se pose « ces terrains avec de la glaise sont-ils aussi fertiles que les nôtres actuellement », se demande Cédric Vasseur. Dans le cas contraire, c’est la mort des jardins ouvriers qui se déliteront rapidement.

Bien sûr, le prix de l’occupation sera-t-il le même ? « Nous payons 12 € à l’année ! Nous allons payer plus cher sur des nouveaux espaces appartenant à Valenciennes Métropole, une sélection par l’argent va-t-elle intervenir ? »

Comment déménager ? Là également une question limpide  » qui va assurer le coût du dérangement ? Il paraît que nous allons avoir de nouveaux chalets, combien cela nous coûtera en loyer (ou cotisation, redevance) ? »

Voilà une kyrielle de questions que l’immense majorité des jardiniers se posent. Cela méritait peut-être un débat en amont ? « J’ai préféré éviter un débat public, car c’était le meilleur moyen de faire avorter le projet », avait souligné Fabien Thiémé lors de ce vote communautaire. C’est sans doute la phrase qui fait le plus mal. « Fabien Thiémé a ouvert (très rapidement) des cahiers de doléances, et il ne cherche même pas à échanger en amont sur ce projet ! C’est sa vision de la démocratie participative… partielle », assène Nathalie Vasseur.

Le timing

Là également, le maire de Valenciennes annonce une ouverture en 2023 du golf de 18 trous, et la zone d’expansion de crue « à l’horizon 2027/2028. Donc, les inondations sont moins importantes que les golfeurs », s’étonne Nathalie Vasseur !

« Nous ne sommes pas contre les golfeurs, mais contre la méthode », Cédric Vasseur

Pour sa part, Cédric Vasseur tend la main : « Je propose à Fabien Thiémé et à Laurent Degallaix de nous rencontrer afin de mettre tous les sujets sur la table. Nous ne sommes pas contre les golfeurs, mais contre la méthode ». La secrétaire ajoute « compte tenu de la non concertation préalable avec la population concernée, nous pensons qu’il y a une absence de considération totale ».

D’ailleurs, il invite les jardiniers (pacifiquement) à assister au prochain Conseil municipal de Marly le jeudi 28 mars prochain, à 19H.

Analysons d’autres déclarations du Président de Valenciennes Métropole dans l’article diffusé vendredi dernier par L’observateur du Valenciennois.

« Je suis plus proche de l’ouvrier que du golfeur »…

De manière factuelle, la parole publique a toujours un sens profond. En effet, durant le Conseil communautaire de Valenciennes Métropole, le maire de Valenciennes s’est exprimé sur cette extension du golf, sur Marly, devenu d’intérêt communautaire. Ces propos furent en principal sur le déroulement des travaux du golf « cela commencera par la construction de neuf trous supplémentaires sur Marly. Une fois réalisé, les membres du club iront jouer sur ces neuf nouveaux trous pendant que nous rénovons les neuf anciens ainsi que le Club House ». La mention des « jardins ouvriers » n’est pas reprise non plus dans la délibération de Valenciennes Métropole délibération ci-jointe : (compil).

Par contre, le maire de Marly a évoqué un projet plus global, et parlé des jardins ouvriers maintenus durant son intervention communautaire etc., c’est un autre fait public.

« On a d’abord eu à juger si ce site était d’intérêt communautaire ».

Sur le volet financier, la ville de Marly a très très peu de marge de manoeuvre, sa capacité d’auto-financement est très réduite. Ce type de projet est impossible financièrement pour cette commune. Jean-Noel Verfaillie a d’ailleurs déclaré durant le dernier ROB « le budget de Marly se décide à Valenciennes Métropole ». Pour être complet, le budget de Marly souffre encore des stigmates de la gestion de Philippe Duée avant 2008. En clair, il devient d’intérêt communautaire de fait puisque la ville de Valenciennes est le demandeur, et la ville concernée n’a pas un euro pour le réaliser, donc seule Valenciennes Métropole à hauteur de 19 millions d’euros va financer ce projet…

A ce titre, le projet structurant concernant la création d’une voie urbaine sur l’ancien site de la voie ferrée (derrière le Stade du Hainaut) est financé intégralement par Valenciennes Métropole ; la cérémonie de la 1ère pierre est d’ailleurs prévue en mai prochain. A noter la concomitance de ce projet de voie urbaine sur Marly, très pertinente, et l’annonce avant les municipales de l’extension du Golf de Valenciennes sur Marly.

Le bonus-malus politique de l’extension du Golf !

Comme tout choix d’investissement, en l’occurence massif avec près de 19 millions d’euros, cela constitue également un acte politique, chaque projet d’un élu de la République a un sens politique.

D’un coté, le président de Valenciennes Métropole, Laurent Degallaix, maire de Valenciennes, obtient le passage d’un golf de 9 trous sur Valenciennes à son extension en 18 trous sur Marly. C’était une revendication historique de ce club sportif local. Le maire de Valenciennes, à travers les deniers communautaires, répond à une doléance d’électeurs, mais également à un besoin d’attractivité touristique indéniable d’un golf quasi de centre-ville. Politiquement, ce choix n’aura quasi aucune incidence durant la campagne municipale sur la ville de Valenciennes, car cela ne génère aucun frais pour la ville-centre tout en lui profitant !

Par contre, pour le maire de Marly, cela prend une tout autre tournure, la mise en danger, selon l’association, des 230 jardins ouvriers environ de Marly constitue un boulet politique pour la prochaine campagne municipale. Tout l’arc politique de la gauche, de la plus modérée au courant le plus à dur est vent debout contre cette extension du Golf sur Marly, pourtant soutenue par le Groupe PCF de Valenciennes Métropole via son parole Joel Gaillet, élu communiste à Quievrechain.

Pour l’opposition du centre droit, Jean-Noel Verfaillie, le seul élu communautaire a émettre un bémol remarqué durant la séance plénière de Valenciennes Métropole sur l’opportunité du moment, mais en votant le dit projet…, Laurent Degallaix lui sert sur un plateau d’argent une thématique polémique infinie. N’oublions pas que le maire de Valenciennes faisait du porte à porte avec Jean-Noel Verfaillie pour des élections récentes, attirant le courroux de Fabien Thiémé !

Rappelons également que le résultat du vote des élections municipales s’est joué à moins de 100 voix aux municipales en 2014 entre Fabien Thiémé et Jean-Noël Verfaillie. Nul doute qu’en cas de courte défaite, il sera assez facile de pointer du doigt la cause…, ce Golf communautaire ! Pas besoin d’être devin, vu le succès de la pétition lancée par l’association, qu’un très grand nombre de jardiniers, pour ne pas dire la totalité, et leurs familles, ne voteront pas Fabien Thiémé aux municipales, un 18 trous dont le coût électoral semble bien élevé… !

En résumé politique, c’est une opération tout bonus pour le maire de Valenciennes, et a contrario, c’est un projet 100% malus pour le maire de Marly.

Pour contacter cette nouvelle association : assojardinsouvriers@gmail.com

Voici également la lettre ouverte aux élus de Valenciennes Métropole éditée par le Collectif contre l’extension du Golf de Marly, un autre mouvement totalement distinct de l’association sujet d’un entretien bientôt dans nos colonnes.

Daniel Carlier

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