Comme si de rien n’était à Valenciennes
Les cérémonies des voeux commencent leur défilé du mois de janvier. Dans ce cadre, la manifestation de la ville centre demeure un temps fort du Valenciennois d’autant plus que Laurent Degallaix, le maire de Valenciennes, est visé par une enquête judiciaire préliminaire dans le dossier de l’ancien bailleur social public Valenciennes Hainaut Habitat (Grand Salon rénové de l’Hôtel de Ville de Valenciennes).
En propos liminaire et solidaire, hier, des gilets jaunes ont menacé physiquement des journalistes présents à l’audience du TGI de Valenciennes dans le cadre de 4 comparutions immédiates… Le jour de la commémoration du 07 janvier, celle de l’attentat contre les journalistes de Charlie Hebdo, des gardiens de la paix, sans oublier les victimes sur le site de l’Hyper Cacher le 09 janvier, la haine vis à vis des journalistes véhiculée par beaucoup ne faiblit pas ! Décidément, l’histoire ne nous apprend rien du tout !!!!!
Laurent Degallaix : « 150 millions d’euros d’investissement depuis 2014 »
Au sein du Grand salon de l’Hôtel de Ville de Valenciennes comble, superbement rénové, en régie qui plus est, avec un respect très esthétique des volumes à l’image de la salle Pierre Arenberg à Wallers, le maire de Valenciennes a déroulé son discours des voeux à la population.
Les personnalités politiques et civiles étaient présentes, Valérie Létard, Béatrice Descamps, Geneviève Mannarino, mais également le Sous-Préfet de Valenciennes, le Procureur de la République de Valenciennes, le Président de la CCI Grand Hainaut, et son vice-président au commerce, le président des Boutiques de Valenciennes etc., une belle assistance incontestablement.
Refusant une liste ennuyante à la Prévert des réalisations depuis son élection au suffrage universel, il s’est contenté de souligner le contexte de cet investissement. « Avec la suppression des contrats aidés, de nouvelles compétences régaliennes de l’Etat sans compensation budgétaire, etc., nous avons continué notre dynamique d’investissement. Nous avons investi 150 millions d’euros depuis 2014 même avec des événements imprévus comme l’incendie de la piscine, et nous ne nous arrêtons pas avec 52 millions d’euros en 2019 », déclare le premier magistrat de la ville de Valenciennes.
Bien sûr, comme dans chaque commune de France, l’année 2019 sera celle des achèvements de programmes, privés et publics, les plus divers. En l’occurrence, le menu sera de choix sur la ville de Valenciennes avec en avril 2019, l’ouverture (enfin) du Royal Hainaut Spa & Resort Hotel, en octobre du nouveau Centre aquatique de Valenciennes d’une grande qualité annoncée, du bon achèvement du Passage de l’Arsenal, de l’émergence du marché alimentaire de l’Hippodrome, sans oublier la rénovation lourde du Phénix, voire le nouvel avenir de la Caserne Vincent, logements, commerces, et ‘(enfin) un cinéma de centre-ville, une véritable canonnade de rubans à découper. Pourtant, tout cela est balayé d’un revers de main face à la menace judiciaire à l’endroit de Laurent Degallaix.
La menace de l’inéligibilité
En 14 minutes 30, la pétulance de Laurent Degallaix était au rendez-vous à l’occasion de cette cérémonie des voeux. Certains mauvais esprits diront qu’il soliloquait pour se rassurer, mais Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt ; l’avenir politique de Laurent Degallaix est entre les mains du Procureur de la République de Lille dès que cette enquête préliminaire sera achevée par la police judiciaire.
L’enquête préliminaire dépaysé à Lille se mène dans la sérénité. Elle a conduit à une garde à vue de Laurent Degallaix, maire de Valenciennes, et Jean-Marcel Grandame, vice-président de Valenciennes Métropole en charge de la politique du logement.
Le noeud juridique serait celui du conflit d’intérêt à la fois à l’encontre de Laurent Degallaix, compte tenu de ses relations professionnelles passées avec la Caisse d’Epargne, actionnaire du repreneur de Valenciennes Hainaut Habitat, et pour Jean-Marcel Grandame, via sa double casquette de Vice-Président de Valenciennes Métropole et de sa participation au Conseil d’administration du bailleur social.
Au pénal, c’est une « prise illégale d’intérêt », si les deux élus sont condamnés au terme de cette procédure judiciaire, la sanction absolue tant redoutée serait une peine d’inéligibilité comme celle de Bernard Brouillet dans le dossier du SIAV. Ce point de droit a été abordé dans une conférence en juin 2017 par des professionnels de Valenciennes, le résumé de ce colloque est édifiant, et notamment le paragraphe relatif aux propos de l’ancien Procureur de la République de Valenciennes : https://www.va-infos.fr/2017/06/19/linformation-penale-elue-exemplaire/
… et les conséquences politiques pour les municipales à Valenciennes
1) Si le Procureur de la République de Lille classe sans suite cette enquête préliminaire dans un délai raisonnable avant les municipales, pas de procès public avec le son associé toujours dévastateur pour l’élu(e) quel que soit la décision de justice, car le citoyen a déjà sa propre opinion ici et ailleurs. Cette hypothèse serait tout bénéfice pour Laurent Degallaix. Il serait renforcé dans sa candidature.
Par ricochet, Didier Legrand, élu de l’opposition municipale de Valenciennes, auteur du signalement déclenchant cette procédure judiciaire, serait en grande difficulté politique. En effet, la conséquence d’une absence de poursuite du maire de Valenciennes est limpide, un retour de boomerang mortel politiquement serait une réponse du berger à la bergère. A 64 ans, la carrière politique de Didier Legrand serait achevée.
2) Si Laurent Degallaix est mis en examen, même présumé innocent, il lui serait impossible de constituer une liste politique. Ses ennemi(e)s de l’intérieur présents à cette cérémonie des voeux 2019, plus nombreux que dans l’opposition municipale, se font déjà une joie sans mélange de cette difficulté judiciaire.
3) L’hypothèse insoluble serait, pour le locataire du fauteuil majoral de la commune de Valenciennes, une absence de décision de justice, aucune avancée par rapport à ce 08 janvier 2019 avant les municipales créant de fait un empêchement moral dans l’élaboration d’une liste, ce serait très très compliqué.
4) Enfin, la tenue d’un procès public avant les municipales est toujours possible, même si le temps de justice paraît un peu court.
Vivement que ce dossier soit derrière les Valenciennois, que l’on parle de politique, de programme, d’avis divergents, de projets pour les administrés, toute la noblesse de l’art, car la Politique est belle quand elle ne traîne pas un boulet d’Affaires…
Daniel Carlier